À qui le plus gros clocher d’Ovalie?

Racc-La Châtre : encore un derby indrien, mais sans la ferveur d’antan

Par Nicolas Tavarès

A l’aller, les Castelroussins (en rouge) avaient subi la loi des Tangos de la Vallée Noire (photo Véronique Wanschura)

Il n’y a pas si longtemps, un derby rugbystique garantissait quelques échanges cordiaux dans les regroupements. La mode est passée même si le 18 février, les Castrais viendront rappeler aux Castelroussins qu’ils sont les seuls à les avoir battus cette saison, à l’heure où ces lignes sont écrites.

Une pincée de « chambrage », quelques amabilités viriles lâchées dans la mêlée et la perspective d’être le champion du monde du canton en cas de victoire et jusqu’aux prochaines retrouvailles. Ces ingrédients ont régulièrement pimenté les derbies de la planète ovalie. L’Indre n’y a pas échappé, offrant souvent des Racc-Issoudun et retour pour le moins chaleureux. Avec l’US La Châtre, c’est un peu autre chose. Historiquement, les confrontations entre Châteauroux et le club de la Vallée Noire ont été moins nombreuses. Surtout, « l’effectif du Racc s’est rajeuni et s’appuie sur plusieurs joueurs étrangers de par leur nationalité et donc également étrangers à la notion de derby » avance Dominique Héritier, l’entraîneur castrais.

Dominique Héritier, coach de l’US La Châtre victorieuse du derby à l’aller (Photo Serge Vialle)

Sauf que dans un championnat archi dominé par Châteauroux, les hommes du président Alain Bonnin ont eu la bonne idée (l’outrecuidance ?) de remporter le match aller sur leur pelouse. La seule défaite du Racc jusque-là. Il fallait l’oser, le XV castrais l’a fait. « Disons que nous avons été bons et que le Racc l’a été un peu moins. On rejoue dix fois ce match, on le perd dix fois. Peut-être qu’ils sont arrivés un peu trop la fleur au fusil », sourit Héritier. L’exploit lui permettra en tout cas de venir aux Chevaliers sans aucune pression le 18 février prochain pour le match retour. « Dans l’optique du maintien, nous avons de toute façon des matchs autrement plus important que ce derby. Et puis nous avons déjà gagné à l’aller ! » L’enjeu tout berrichon n’aura donc aucune prise sur l’entraîneur.

Deux présidents chambreurs

Julien Brocvielle (barbu au cheveux longs), capitaine du Racc

Ce ne sera peut-être pas la même bière pour son président ou son homologue du Racc, Alain Grollaud, dont l’amour propre a été piqué à l’automne dernier. « Ils n’ont quasiment jamais connu d’autres clubs que ceux qu’ils dirigent et comme ils sont pas mal chambreurs tous les deux, alors oui, la notion de derby représente forcément quelques chose pour eux » lâche Dominique Héritier sur un ton humoristique. Mais justement, qu’en pense-t-on du côté de Châteauroux ? « C’est vrai que cette défaite à l’aller nous a un peu piqué », reconnaît sans dramatiser Julien Brocvielle, le capitaine du Racc. « On est des compétiteurs, c’est normal. Mais après tout, c’était un match à l’extérieur. Et puis la notion de derby n’existe plus vraiment à part peut-être chez nos juniors qui ont pu avoir des différends ensemble depuis les rangs cadets. Mais contre La Châtre, ça n’a rien à voir avec un Racc-Issoudun où là, on se réserve toujours quelques petits plaisirs… » Il n’y aurait donc rien de particulier à attendre de ce derby retour du 18 février. Si on ne peut même plus compter sur les bonnes vieilles querelles de clocher !

Racc vs US La Châtre
Dimanche 18 février, 15h
Stade des Chevaliers à Châteauroux

« Aujourd’hui, les joueurs se font la bise ! »


Joueur puis président du Racc, aujourd’hui entraîneur de Buzançais, Raynald Ferry a disputé bien des derbies indriens, entre autres contre Issoudun ou La Châtre. Témoignage. « J’ai bien connu ces derbies départementaux que l’on prenait tous comme un championnat du monde. C’était ridicule, mais drôle. Le Racc, car c’est le club de la préfecture, a toujours été la cible à dézinguer, et c’est normal. Ça a toujours été plus agressif avec Issoudun qu’avec La Châtre. Aujourd’hui, on « s’emmerde » un peu. Un bon derby ? C’était ce qu’il se passait en amont dans la semaine. Et cette tension du dimanche matin avant la rencontre. Le score a généralement été pourri, mais sur le terrain, c’était engagé et c’était bien. Cette agressivité, voire cette méchanceté, qui débordait notamment avec Issoudun, n’existe plus. Les joueurs s’apprécient. Ils se font même la bise. C’est une catastrophe ! Je vais passer pour un « vieux con », mais à mon époque, on allait beaucoup moins vite alors nous avions plus d’appétence à aller vers des petits « ateliers » en marge des rencontres. Aujourd’hui, les gars n’ont plus le temps de penser à se « chagner ». »

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