Les Comptoirs Sonores entrent au musée !

En quatre éditions, la Tournée Générale s’est fondue dans le paysage culturel castelroussin. Six soirées, six sites différents, des groupes émergents ou déjà confirmés de la scène indie-pop et un final en apothéose dans la cour du Musée Bertrand. Du grand art.

par Nicolas Tavarès


La petite histoire de la Tournée Générale retiendra que c’est sur un larsen et une panne de rétroprojecteur que Bérenger Trompesance a lancé la 4e édition de son festival original le 26 janvier dernier. Comme si le président des Comptoirs Sonores se baladait continuellement avec le grain de sable qui veut invariablement tenter de gripper la machine ou lui titiller les nerfs ! La grande histoire du festival itinérant castelroussin, elle, retiendra surtout que son édition 2018 fait entrer la Tournée Générale dans une nouvelle ère : celle de la maturité. « Ça a été une construction de longue haleine » a d’abord reconnu l’organisateur face à une assistance garnie qui avait bien du mal à se faire une place dans le Bruit qui Tourne, le bar-disquaire de la rue Grande, désormais centre névralgique de l’association. Face à Bérenger, donc, des médias en rangs serrés (un signe qui ne trompe pas), nombre d’acteurs de la vie associative et culturelle locale, des habitués ou pas, et Gil Avérous, maire de Châteauroux, dont la présence valait adoubement.

« Ce soir, c’est la consécration de six mois de travail avec une remise en question constante dans nos choix de la part des étudiantes… » a insisté l’organisateur. Légèrement à l’écart, Elisabeth, Lise et Camille, les fameuses étudiantes en licence professionnelle de communication et commercialisation des produits culturels à l’IUT d’Issoudun, sourient. A en croire Bérenger, rarement élèves se sont investies à ce point dans le projet. « Peut-être parce qu’il nous a toujours conseillées, qu’il nous a constamment poussées à être force de proposition » lâche en chœur les trois jeunes femmes. « Grâce à cela, nous avons pu toucher à tout dans le montage du projet. D’ailleurs parmi la douzaine de projets que l’on pouvait choisir à l’IUT, la Tournée Générale était le seul qui organisait quelque chose au final. C’était concret. En fait, le plus difficile pour nous a été de s’intégrer au territoire car nous sommes étudiantes à Issoudun mais originaires de Nantes (Elisabeth), Chartres (Lise) et Clermont-Ferrand (Camille). Les deux dernières semaines précédant la présentation de la Tournée Générale ont été menées à fond. On a pu appliquer tout ce que nous avions appris depuis septembre ! » Petit bémol pour le trio, la soirée de présentation du festival coïncidait avec la fin de leur projet d’études. Le lendemain, les trois jeunes femmes rejoignaient leurs affectations de stage en entreprise. « Et du coup, nous ne serons pas là pour profiter des concerts. Nous avons juste pu programmer les Limougeauds de Carré Court qui jouait pour la présentation du festival. »

Le rêve de monter en puissance

Elisabeth, Lise et Camille, les étudiantes de l’IUT d’Issoudun

Voilà pour le travail de l’ombre. Passons maintenant à ce que le grand public pourra découvrir les vendredis et samedis du 23 mars au 7 avril. C’est la marque de fabrique des Comptoirs Sonores : « Nous avons essayé d’élargir les horizons en proposant une programmation tournée vers le local, mais du local « régional ». C’est la 4e Tournée Générale et c’est un moment charnière. On rêve maintenant que la 5e monte en puissance. » Le collectif électro Les Beaux Jours sera donc chargé d’allumer la mèche lors des premières soirées et la Tournée Générale entamera ensuite sa balade in the city. D’abord le Bruit qui Tourne (23, 24 mars) puis le Bar du Théâtre (31 mars) et le Café des Halles (6 avril), sans oublier la Médiathèque ou le comité départemental d’éducation à la santé. Le jour de la présentation de la manifestation, Bérenger restait en revanche énigmatique quant au site de la soirée finale, le 7 avril.

La bonne et grande surprise est tombée en ce début de semaine de février : le général Bertrand et le musée qui lui est dédié, rue Grande, ouvriront leurs portes aux musiques actuelles. « Nos espaces culturels peuvent accueillir des publics totalement différents » confie Sébastien Rahon, directeur de la Culture à Châteauroux Métropole, qui s’est laissé convaincre par Bérenger Trompesance. « A l’origine, il devait y avoir un concert sur la place Sainte-Hélène. Malheureusement, elle est en travaux. Bérenger m’a alors dit « Et si on organisait ça au Musée Bertrand ! » Je lui ai répondu qu’on ne pouvait pas faire n’importe quoi, mais après réflexion avec Michèle Naturel, directrice des musées de Châteauroux, l’idée d’amener des musiques actuelles au Musée Bertrand a été validée. Depuis le début, nous suivons les Comptoirs Sonores et nous avons vraiment plaisir à travailler avec eux sur tous leurs projets. Faire venir des adolescents au musée est une énorme difficulté, alors si un concert de musique amplifiée dans la cour du Musée Bertrand peut leur donner l’envie d’y revenir pour visiter les collections… » Deux groupes étaient initialement annoncés pour ce final surprise, « du coup comme on a un lieu de ouf, on va peut-être essayer d’avoir un groupe supplémentaire ! » s’enthousiasmait Bérenger à l’annonce de la nouvelle.

Le Théâtre s’invite à la fête

Bérenger Trompesance, un organisateur enthousiaste.

Un enthousiasme partagé par les hôtes de la Tournée Générale. A commencer par Didier Chagnon, patron du Théâtre et petit nouveau dans la boucle : « Tous les mois, j’organise un concert dans mon établissement. A chaque fois des choses différentes : théâtre d’impro, salsa, rock, blues. Quand Bérenger est venu me parler de la Tournée Générale j’ai été tout de suite intéressé parce que ça m’ouvrait d’autres perspectives. Et puis ça m’a fait plaisir qu’il vienne, ça montre que le Théâtre existe ! Ce bar a 110 ans et on est entrain de l’aider à retrouver ses lettres de noblesse lui qui avait une image un peu vieillotte. J’ai écouté ce que la programmation m’amenait. Ça commencera par une ambiance tranquille (Tango Juliett) puis un artiste rock (Refuge) et pour finir et un truc déjanté (The Michels). Ça, ça me plait bien ! »

Même impatience du côté du Café des Halles pour Florian Souedet. Partenaire de la première heure du temps où il tenait le Globo, Florian « suit ce rendez-vous qui me tient à cœur. J’aime le dynamisme de l’association des Comptoirs Sonores, leur concept et leur motivation à vouloir faire bouger les choses à Châteauroux. Et puis il y a leur choix musicaux éclectiques. Ça me donne la volonté de les accompagner dans leur démarche. » Pour l’occasion, Bérenger et les étudiantes de l’IUT lui proposeront Lä Mä un groupe jazz rock. « Malgré la programmation de Bérenger, j’essaye de casser l’image jazzy des Halles. Pour la saison estivale, nous programmerons d’ailleurs de la variété, du rock et même du reggae grâce aux Jeudis des Halles, une fois par mois. Le public n’a ni l’envie ni le besoin d’écouter toujours les mêmes groupes. Il se lasse vite. C’est donc à nous d’aller chercher autre chose ; ce que font très bien les Comptoirs Sonores. »

Et le premier édile castelroussin, lui, qu’en pense-t-il ? Depuis quelques mois, Gil Avérous a vu la rue Grande et le vieux centre-ville se transformer peu à peu en place forte des animations nocturnes. « Nous suivons les Comptoirs Sonores depuis le début et un festival itinérant de musiques actuelles, nous n’avions pas ça. Surtout, Châteauroux Métropole ne pourrait pas le faire. Les Comptoirs Sonores, malgré le Bruit qui Tourne, ne restent pas dans leur lieu et c’est cet esprit qui nous plait. Pour Châteauroux, ça vaut de l’or… »

N’en jetez plus, la coupe est pleine. En quatre éditions, la Tournée Générale s’est imposée dans la cité. Le groupe I am Stramgram s’y est révélé alors que les Comptoirs du Hip Hop ont vu passer Lomepal il y a deux ans… Cette année, les plus perspicaces se rappelleront que Refuge (le 31 mars) fut finaliste de la Nouvelle Star 2013 avant de verser vers un univers musical beaucoup plus personnel. « Musicalement, nous ne sommes peut-être pas ouvert à tout les styles, mais la Tournée Générale est ouverte à tout le monde » martèle Bérenger Trompesance Et c’est ainsi que les Comptoirs Sonores vont entrer au musée.

Toute la prog’

Les Princes du Rock

Vendredi 23 mars : Le Bruit qui Tourne – 99 rue Grande
21h / Kid Among Giants (électro-pop – Tours) + Les Beaux Jours (électro part 1 – Châteauroux)

Samedi 24 mars : Le Bruit qui Tourne
19h / Das Geld (Noise électro – Rennes) + Why Mud (Hypnotic Rock – Boulogne)

Vendredi 30 mars : Médiathèque Equinoxe, place Renaud-Barrault
21h / Ciné-concert de Manfredd & Sny (Châteauroux)
Le Bruit qui Tourne
21h / Les Beaux Jours (Part 2)

Samedi 31 mars : Comité départemental d’éducation à la santé – 73 rue Grande
16h / Goûter-concert pour les enfants avec Refuge
Bar le Théâtre : 5 rue de la Gare
21h Tango Juliett (Indie-Pop – Toulouse) + Refuge (Pop – Paris) + The Michels (Electro Folk – Rennes)

Vendredi 6 avril : Café des Halles – 10/11 place Monestier
21h / Lä Mä (Jazz Rock – Tours)
Le Bruit qui Tourne
21h / Les Beaux Jours (Part 3)

Samedi 7 avril – Musée Bertrand – rue Grande
21h / Les Princes du Rock (Rock – Méobecq) + Albinos Congo (Garagegaze – Nantes) + Guest.

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