La danse efface les différences

Contemporaine ou de salon, la danse peut devenir plus forte que le handicap

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Une pièce contemporaine chorégraphiée par Jérôme Piatka pour des déficients visuels. De la danse de salon en fauteuil. Au bout du chemin, la scène soit la somme de tous les possibles…

Jérôme Piatka ne s’en cache pas : « Dans ce projet, il y a évidemment la peur de ne pas être prêt. Mais surtout l’inquiétude que les jeunes se lassent. Là est la pression… » Le 1er juin prochain, lorsque les adolescents du dispositif Arc en Ciel présenteront « Les Sens de la Danse » dans le cadre du festival Handi’férence (lire ci-contre), les craintes du professeur du Centre académique de Danse (CAD) de Châteauroux seront définitivement balayées.

C’est en octobre que le projet a pris corps, initié par Piatka lui-même. « Jérôme présentait déjà des résonances dans le hall d’équinoxe avant des spectacles. Il est venu nous voir pour proposer son projet né de son expérience d’un ballet interprété avec la vue altéré par le costume. Il a tenu à développer une chorégraphie avec des personnes déficientes visuelles » se souvient Florence Leclerc, en charge de la programmation danse de la scène nationale équinoxe. Handi’férence faisait l’objectif idéal, restait à trouver les cinq jeunes danseurs en situation de handicap visuel. Le dispositif Arc en Ciel n’a pas tardé à répondre favorablement à la proposition. « Nous avions à coeur de travailler avec équinoxe », raconte Virginie Wavrant, éducatrice spécialisée et référente sur les jeunes au sein d’Arc en Ciel. « Lorsqu’on nous a expliqué ce que Jérôme voulait faire, il a fallu cibler des volontaires, des ados. Ils ont accroché très vite dès le premier rendez-vous aux vacances de la Toussaint. Il n’a pas fallu les pousser, mais simplement leur dire que ça leur ferait du bien. On essayait simplement de les amener vers la culture. » Aujourd’hui, Virginie parle même d’une identité qui s’est créée autour des Sens de la Danse. Du pur bonheur pour Jérôme Piatka.

Handi’férence comme tremplin

Le projet mené par Jérôme Piatka n’avait de sens que s’il permettait à ses danseurs de présenter au grand public le résultat de semaines de répétition. C’est donc le 1er juin, dans le cadre du Festival Handi’férence de Déols qu’il sera possible de découvrir la chorégraphie des ados du dispositif Arc en Ciel. Et plutôt deux fois qu’une puisque la restitution aura lieu au gymnase Marcel-Lemoine (14h) pour les stagiaires puis sur la scène de la salle des fêtes déoloise (18h30) pour les proches. Une troisième représentation est même programmée à la Chapelle des Rédemptoristes le… 27 janvier 2018.

Enormément de créativité

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« De par leur handicap, la création a été en constante évolution pour trouver un sens supplémentaire en fonction du handicap, nous expliquait-il l’hiver dernier. Vu les nombreuses contraintes qu’ils ont, il y a énormément de créativité. Ils m’ont donc amené des solutions. » Au cœur du studio d’équinoxe, rien ne s’est jamais perdu. Tout a été recyclé comme quand Darius, l’un des jeunes de la troupe, laissait libre-cours à ses envies. « Lorsqu’il improvisait un exercice, on le gardait » se souvient encore le chorégraphe.

Darius, même pas peur !

« Ce qui nous a permis de créer un groupe solide, c’est d’avoir d’abord libéré la parole avant de penser mouvement. J’avais besoin qu’il n’y ait pas de tabous. Et il ne fallait surtout pas tomber dans les clichés. » Darius, le jeune danseur, en était bien loin. « Je n’ai jamais pris de cours de danse. Je ne savais même pas si ça me plairait. ça n’a jamais été difficile parce que Jérôme nous proposait des exercices qui nous apaisaient. La finalité du spectacle ? Je n’ai absolument pas de pression, je fais déjà du théâtre ! »

Renforcés par des danseuses de la Compagnie Vaines Caves, dans un souci de mixité, « Les Sens de la Danse » a donné lieu à nombre d’échanges « valides et jeunes déficients visuels pouvaient s’apporter mutuellement. Nous ne sommes pas là pour faire du beau ou du bien, mais exprimer des idées. » Elles se déclineront en quatre tableaux pour Handi’férence. Et Jérôme Piatka envisage déjà de donner une suite à l’aventure. « En travaillant sur d’autres handicaps ! »

La grâce en fauteuil

13-AWARDS-ISSOUDUN-2-916Loin des canons de la danse contemporaine, Alex et Jacqueline Glijn démontrent que le handicap peut s’effacer au profit de la grâce et de la beauté. C’est le message que fait passer ce couple de Hollandais récemment vu aux Rencontres nationales de country d’Issoudun et qui présente ses shows de danse de salon dans le monde entier. « S’il y a une volonté, il y a une danse » est devenu la devise de Jacqueline et Alex, finalistes de « La Hollande a un incroyable talent ». La volonté de Jacqueline, privée de l’usage de ses jambes depuis l’âge de 25 ans, c’est de porter littéralement le duo pour en faire oublier un fauteuil devenu, dès lors, simple accessoire.

Site du projet les Sens de la Danse : www.equinoxe-lagrandescene.com/les-sens-de-la-danse.html
Vidéo du projet :


Alex et Jacqueline Glijn :

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