Le Cirque Le Roux en Goguettes

Châteauroux est passé au Darc. Depuis mercredi 9 août– en fait depuis le dimanche précédant et l’arrivée des stagiaires du stage-festival international -, le cœur de la préfecture de l’Indre ne bat plus que pour ce rendez-vous qui occupe le devant de la scène depuis 42 éditions.

La ville a donc pavoisé. Et comme Châteauroux est plutôt calme en cette période estivale, le magazine Carré Barré s’est dit qu’il pourrait lui aussi se laisser prendre par la fièvre.

Attention ! Ne vous méprenez pas. La rédaction a sa fierté et n’ira pas titiller les centaines de stagiaires qui se défoncent sur les parquets de Belle-Isle. Question rythme dans la peau, chez Carré Barré on est plutôt manche à balai et pieds carrés. Bref, pour tenter de vous donner la température de Darc, nous avons pensé que braquer le projecteur sur les concerts déclinés place Voltaire, à Darc au Pays, Darc au Quartier ou même dans les coulisses du off au Before Darc, pouvait être plus palpitant que nos vains efforts à appliquer les préceptes du corps enseignants artistiques…

Alors le festivalier nonchalant est arrivé. Dûment autorisé par Eric Bellet et son équipe, il s’est acheté un joli carnet à spirales qu’il va maintenant transformer en journal de bord dix jours durant. Des notes visuelles ou sonores ; instantanés souvent subjectifs. Un jour au pied de la scène des dinosaures que sont les UB40, le lendemain du côté de Thenay pour découvrir Ni Queue Ni Tête, un autre jour place Monestier pour iFunk ou encore dans le Quartier Saint-Jacques pour un tour de Balluche de la Saugrenue. En clair, pour voir Darc sous toutes ses coutures, là où le vent le portera. Nous vous convions à la visite !

Les Goguettes @Agence Combawa

Les Goguettes @Agence Combawa

Lundi 14 août (Place Voltaire – Les Goguettes & Le Cirque Le Roux – La température monte enfin)

Il faut de tout pour faire un monde. La programmation d’un festival n’y échappe pas. A Darc il y a aussi de la place pour la chanson humoristique et le cirque décalé. La preuve lundi soir avec Les Goguettes, un trio à quatre qui débarbouille l’actualité politique en posant ses textes parodiques sur des airs connus. Puis un peu plus tard avec les fiers à bras du Cirque Le Roux.

Le public en est resté bouche bée à la fois emporté par les saillies des Goguettes qui connaissent bien leur sud Berry sur le bout de leurs doigts – à Châteauroux, quand tu adresses un clin d’œil à la Berri, c’est déjà la moitié du chemin de fait – et parce que l’un de leurs membres connaît particulièrement la petite commune de Mâron.

Emporté, aussi, par la dextérité des acrobates du Cirque Le Roux. Du grand art, déconcertant en pareil endroit, que certains avaient découvert à travers le petit écran et un passage remarqué au « Plus grand cabaret du monde » de Patrick Sébastien. De là à penser qu’Eric Bellet programmera le tourneur de serviettes à Darc l’année prochaine, il y a un pas culturel que le festivalier nonchalant n’osera pas franchir…

Ifunk @Agence Combawa

Ifunk @Agence Combawa

Vendredi 11 et samedi 12 août (iFunk @Christophe Arrouy, les Verres à Pied & The Flawers – Place Monestier – Beau temps pour un mois de novembre)

Depuis cinq éditions, à l’initiative de Christophe Dutaut qui a désormais entraîné avec lui les commerçants de la place Monestier (Le Café des Halles, l’Imprévu et l’Entrecôte), et sous le haut parrainage de Eric Bellet, le Before Darc vient donner la tonalité à son grand frère de la place Voltaire.

Il en sort des prestations mémorables mais aussi, comme ce fut le cas cette année, un constat évident : de la météo dépend la réussite du Before. Si le Off est parvenu à passer entre les plus grosses gouttes, la fraîcheur du moment a sensiblement réfréné les ardeurs du public. Ça joue évidemment sur le moral des troupes et sur l’épaisseur de vêtements qu’il convient de porter pour profiter du spectacle.

Les Verres à Pied @Agence Combawa

Les Verres à Pied @Agence Combawa

Malgré tout, les terrasses de la place Monestier se sont finalement remplies et Carré Barré a promené son appareil aux concerts de iFunk, les Verres à Pied et The Flawers, ces derniers se chargeant de tirer un bouquet final à la sauce irlandaise. Magistral ! L’édition 2017 a vécu et s’est même achevée sur une promesse de Christophe Dutaut : que le Before dure encore longtemps. Le festivalier nonchalant prend date et retourne place Voltaire où l’attend un joli rendez-vous ce dimanche soir…

 

Brian Travers (UB40) @Agence Combawa

Brian Travers (UB40) @Agence Combawa

Jeudi 10 août (The Sunvizors & UB40 – Place Voltaire – Temps pluvieux et tant pis pour les dinosaures)

Lors de la présentation de Darc 2017, Eric Bellet savait qu’il allait encore ravir les « croulants » (et j’en fais partie)en annonçant la venue de UB40. Le big boss du festival avait réalisé le même effet il y a quelques éditions en annonçant Boy Georges. Mais UB40 c’était encore une autre histoire. Certains pensaient d’ailleurs que la bande de Birmingham avait depuis longtemps déposé les armes. L’usure du temps ou les aléas qui accompagnent une carrière internationale dans le show bizz poussant sans doute les frères Campbell à se ranger des voitures.

Alors promettre UB40, mythique groupe des années 80 et sa flopée de tubes reggae ska, sur la place Voltaire c’était réveiller la jeunesse enfouie d’un paquet de quinquas et autres sexagénaires. Mais avec des dinosaures de la sorte, nul n’est jamais à l’abri et tant qu’on ne les verrait pas sur scène, UB40 resterait une chimère. La balance (cette séance réalisée en milieu d’après-midi qui sert tout autant de répétition que de réglage de la sono) faite dans l’après-midi avait heureusement rassuré Châteauroux. A 22h31 précises, le rêve devenait réalité.

Si on vous donne l’heure exacte à laquelle Brian Travers a joué les premières notes de Food for Thought, c’est parce qu’en sa qualité de vedette internationale UB40 répond à des critères bien particuliers à commencer par la présentation d’un show tiré au cordeau et donc parfaitement millimétré. Difficile d’y trouver à redire, même si les esthètes se souviendront que la voix originelle de UB40, Ali Campbell, a quitté le groupe en 2008 pour partir en dissidence, remplacé par son frère Duncan. L’âge aidant, ça passe discrètement à l’oreille… Et puis sur les neuf membres du groupe présents sur scène, il doit bien en rester cinq ou six de la formation initiale lancée en 1978. Les petits jeunes en renfort permettent sans doute aux dinosaures de tenir la distance une heure trente durant.

Personne ne s’en est plein. Parce que quand on joue devant toi un hit sur lequel tu te trémoussais dans les boums dans les années 80, tu te rappelles tellement la petite copine de l’époque que tu ne prêtes pas attention aux détails. Brian Travers assure toujours au saxo, mais qu’est-ce qu’il est cabot le bougre avec ses petites œillades convenues ou son index porté à l’oreille pour être certain de rester dans le ton (à moins que ce ne soit pour réajuster son équipement auditif). Duncan Campbell, lui, va chalouper juste ce qu’il faut. L’arthrose guette peut-être ses articulations. Robin Campbell assure, quant à lui, le lien direct avec le public. Bon le problème avec l’accent de Birmingham, c’est qu’on ne comprend pas grand-chose, mais on lui répond poliment.

Au bout du compte, la place Voltaire savoure, toutes générations confondues même si les quinquas et sexagénaires cités plus haut se contentent de dodeliner de la tête plutôt que de sauter dans tous les sens. C’est que le vieux public de fan à aussi l’âge de ses artères. A ce sujet, il convient d’apporter une précision : non la fratrie Campbell et ses potes les plus anciens ne frisent pas allègrement avec les 70 ans. Enlevez-leur dix bonnes années ! Comme quoi, on vous le concède, le reggae ça ne conserve pas forcément… Mais c’est bien dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes et UB40 l’a prouvé jeudi soir.

Et puisqu’il faut bien s’entretenir pour assurer dans la durée, à minuit pile poil, rappel compris, le saxophone de Brian a retrouvé son écrin, les UB40 ont ensuite rejoint leur tour bus direction Fraisans, dans le Jura, pour le No Logo Festival où ils se produisent ce vendredi soir. Une date de plus dans une tournée qui s’achèvera à Anvers en janvier prochain. Allez, dodo les papys !

Prochain épisode : la course entre le Before Darc et la Place Voltaire

Léon Newars @Agence Combawa

Léon Newars @Agence Combawa

Mercredi 9 août.
(Léon Newars & Doolin’ – Place Voltaire – Météo irlandaise mais sympa pour un mois de novembre)

Résolution numéro 1 : souffler à l’oreille d’Eric Bellet de se caler une bonne fois pour toute avec dame météo. Darc c’est en août et en août, même à Châteauroux, on respecte le public : il fait beau, il fait chaud !

Résolution numéro 2 : marteler à l’oreille d’Eric Bellet d’éviter la faute de goût en lâchant une violente averse à 5 minutes des premiers accords de Léon Newars !

Le public castelroussin aurait donc pu être refroidi d’entrée, mais heureusement, Léon Newars (l’anagramme de Nouvelle-Orléans, là où le groupe puise son inspiration) n’est pas du genre à s’en laisser conter. Du coup, les p’tits gars qui avaient déjà fait leurs premières armes « darciennes » sur Darc au Pays l’an dernier, ont distillé leur « southern pop » (du blues revisité parce que le chanteur n’a pas les cordes vocales suffisamment « emboucanées » par les alcools forts et le tabac) qui ne paie pas de mine. Ça claque bien à l’oreille, c’est entraînant pour les spectateurs, surtout ceux qui ont été invités à monter en scène pour se trémousser et ça lance parfaitement les débats. Un bon set, quoiqu’un peu long. Mais ça c’est à cause de la météo, pas de Léon !

Doolin @Agence Combawa

Doolin @Agence Combawa

La météo on y revient pour une résolution numéro 3 : dire chapeau bas à Eric Bellet pour avoir associé un ciel de Cork (ou de Dublin, ou de Limerick, rayez la mention inutile) au concert des Doolin’. Méfiez-vous de la géographie en matière musicale. On peut parfaitement être originaire de Toulouse, avoir accompagné Lio ou Jean-Pierre Mader (Wilfried, le chanteur accordéoniste) et se la donner comme le premier des Chieftains ou des Dubliners venu. Doolin’, c’est de la bombe celtique saupoudrée de quelques notes qui vous entrainent à travers le monde. Les Toulousains flirtent parfois allègrement avec la world music. C’est bon, c’est tonique et la place Voltaire a apprécié comme il se doit. Si la foule n’avait pas été gagnée par la fraîcheur du moment, la fête aurait été complète.

Prochain épisode : dans les valises de UB40 pour une soirée vintage

Rechercher
X