Le jardin secret de Jean Gaurin

Quand passion sous-marine se conjugue avec cause humanitaire

par Nicolas Tavarès

Après sa carrière de rugbyman, Jean Gaurin s’est tourné vers la plongée, qu’il pratique en défendant une noble cause.

Jean Gaurin, éleveur et producteur de porcs à Lourdoueix-Saint-Michel, a un jardin secret dont il fait rarement état : la plongée sous-marine qu’il a découverte sur le tard. Longtemps pilier à l’US La Châtre rugby, ce quinqua débonnaire a raccroché les crampons à 46 ans. Il en a aujourd’hui 10 de plus. «En 2007, j’étais en vacances en Thaïlande et j’ai fait un baptême de plongée. Pendant 25 minutes, j’ai nagé au milieu des raies manta. J’étais à la recherche d’un sport physique, mais moins violent pour le corps que le rugby, je me suis dit : ce sera ça ! Le moniteur m’a prévenu que la plongée, ce n’était pas seulement nager avec des raies manta, mais ça me plaisait.» Rentré en France il passera ses premiers niveaux de plongeur avec le Club subaquatique de Châteauroux.

On accélère le temps. La Châtre, 2014 : «Lors d’une réunion d’anciens joueurs du club de rugby, je rencontre Louis Rebboh qui avait été prof de sports et 3e ligne à La Châtre. Je portais un tee-shirt de plongée, il m’a parlé de l’association qu’il présidait : Plongeurs du Monde. Il a évoqué les missions, l’enseignement de la plongée à des gamins défavorisés. Et voilà comment ça a commencé. J’ai adhéré et je suis parti pour ma première mission quasiment aussitôt.» Le temps de se mettre à niveau, Jean Gaurin passe son Dive Master (un diplôme affilié PADI, organisation internationale) qui lui permet à son tour d’enseigner à l’étranger et le voilà dans le grand bain, encadrant de l’association à raison d’une à deux missions chaque année. Par passion pour l’Asie du sud-est, il est devenu un pilier (évidemment) des séjours à Nha Trang au Vietnam, un site où Plongeurs du Monde intervient depuis six ans. À cinq reprises il s’est ainsi retrouvé au milieu des habitants du village de Ninh Van, la plupart pêcheurs sans moyens.

Une étincelle dans leurs yeux

«Ils n’ont rien. Leur masque de plongée, c’est une vitre et une chambre à air autour ! Nous leur amenons les bouteilles et nous leur laissons le matériel secondaire que nous achetons sur place. Chaque mission s’appuie sur un minimum de trois encadrants. Nous formons les jeunes afin de leur laisser un diplôme Dive Master. Le salaire moyen d’un pêcheur là-bas, c’est 100 € par mois. Avec le diplôme, ils vont pouvoir enseigner à leur tour et gagner trois cents euros de plus ! Le plus marquant ? C’est lorsque tu leur remets le diplôme et qu’ils comprennent que ça va leur changer la vie. Il y a une étincelle dans leurs yeux…»

Une même étincelle apparaît dans le regard de Jean Gaurin qui souligne «que pour qu’elle se déroule, une mission doit d’abord être entièrement financée (ndlr, en moyenne 5 000 €). Il faut donc aller à la pêche aux financements et les mécènes, tu ne les trouves pas en vendant des jambons ! Mais on en trouve dans l’Indre et c’est rassurant. Il suffit juste de savoir discuter.» Le 12 février, Jean va partir pour le Vietnam. En mai ce sera sans doute les Philippines «pour une mission et aussi une semaine de plongée avec mon amie, juste pour nous. Une mission à la Dominique me plairait également. Le pays redémarre après le passage d’un cyclone.» La plongée, un jardin secret. Oui, mais grand, immensément grand.

Plongeurs du Monde
www.plongeursdumonde.com

Plongeurs du Monde, nés après Phuket…

Plongeurs du Monde est une association à but humanitaire créée par Louis Rebboh (à droite au côté de Jean Gaurin) au lendemain du tsunami meurtrier de Phuket (décembre 2004). La structure a pour mission la formation de jeunes aux techniques de plongée (300 à ce jour) et intervient au Sri Lanka, à Oman, à la Dominique, au Vietnam, aux Philippines, au Maroc, en Tanzanie, à Madagascar et aux Comores. Plongeurs du Monde, c’est aujourd’hui plus de 100 encadrants en mission tout au long de l’année.

Impliqué avec Fleurs de Siam

Une vingtaine de séjours en Thaïlande, cinq au Vietnam. C’est peu de dire que Jean Gaurin est tombé amoureux de ces lointaines contrées d’Asie du sud-est séparées par le Laos. Mais s’il y a souvent fait du tourisme, Jean en a surtout fait le terreau de son engagement humanitaire. Avec Plongeurs du Monde, donc, mais aussi avec Fleurs de Siam, association castraise présidée par Mireille Bernardet, qui oeuvre au financement d’écoles pour des orphelins au nord-est de la Thaïlande. «Je m’investis dans Fleurs de Siam depuis 13 ans, j’en suis le vice-président. Nous nous rendons régulièrement en Thaïlande afin de suivre l’avancée de nos projets.»

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