Le patrimoine sauvé au grattage

Châtillon et Levroux sont les heureux élus de la Mission Bern dans l’Indre

par Nicolas Tavarès

En septembre le patrimoine français va profiter d’un loto et de tickets à gratter pour s’embellir. Châtillon et Levroux sont prêts à décrocher le jackpot de la Mission Bern.

Si la mission « Patrimoine en Péril » n’est qu’une histoire de bonne étoile, alors Châtillon-sur-Indre et Levroux ont déjà gagné au loto. L’opération menée par Stéphane Bern vise à rendre son lustre d’antan à des centaines de monuments sur tout le territoire français en s’attachant à accompagner 18 projets emblématiques et surtout 269 projets choisis sur dossier. Parmi ces derniers, la porte de Champagne à Levroux ou le château de Châtillon (ci-contre). « La carte de France des urgences a été dessinée avec l’aide des services du ministère de la Culture » expliquait récemment Stéphane Bern, missionné par le président de la République. Dans l’Indre, Caroline Fried, adjointe au maire de Levroux en charge de la culture et du tourisme, et Arnaud de Montigny, président de l’association Patrimoine et Histoire en Châtillonnais, ont saisi l’opportunité qui s’offrait à eux de remettre en valeur des monuments emblématiques de leurs cités respectives. C’est en partie de l’engouement du grand public pour les tickets à gratter de la Française des Jeux (lire par ailleurs) que dépendra maintenant l’avancée des projets.

À ce stade, Arnaud De Montigny est peu disert : « Nous ignorons si Châtillon pourra effectivement bénéficier du Loto puisque nous ne sommes que présélectionnés et que des décisions ne pourraient intervenir que l’an prochain, au mieux. » À Levroux, Caroline Fried (ci-contre) a déjà eu la joie de recevoir une équipe de France 2, venue courant juillet au pied de la porte Champagne « pour préparer un clip de 3 à 4 minutes qui sera présenté par Stéphane Bern en 2019 ». Un signe que le dossier levrousain est sur les bons rails même si les « candidats » doivent encore transmettre des pièces en cette rentrée de septembre. Quoi qu’il en soit, Levroux s’organise. Et en équipe. Marie-Pierre Cloux, directrice générale des services de la ville, est venue en renfort de Caroline tandis que Laurence Fraissignes, déléguée départementale de la Fondation du Patrimoine, ou Alexandre Martin, du Conseil d’architecture en urbanisme et environnement, étaient approchés pour apporter leur expertise et évaluer des travaux de restauration.

Un dossier de co-financement

La porte de Champagne est bien campée sur ses fondations. Elle formait avec deux autres (ndlr, la porte de l’Étang et la porte du Cimetière – source Gaëtan Boué)  la ligne de défense de Levroux au XVe siècle lorsqu’elle ouvrait le chemin vers Déols et la Champagne berrichonne. « Aujourd’hui, les travaux de toiture sont nécessaires. Tout comme une reprise de crépis bien spécifique. La dernière avait été faite dans les années 40. Seuls des artisans spécialisés peuvent effectuer ce travail puisque la porte dépend des bâtiments de France. » Un travail d’orfèvre qui justifiait que la porte de Champagne soit présentée à la mission Bern.

« Il est important de mettre en avant le Patrimoine, en tout cas ça a toujours été le cheval de bataille du maire et c’est aussi dans mon ADN » insiste Caroline Fried. Et d’expliquer « qu’il n’était toutefois pas question de mettre tous nos œufs dans le même panier. Nous travaillons donc sur le montage d’un dossier en co-financement basé sur les aides de la Région, de la Drac, du Département et du mécénat d’entreprise. Nous allons également lancer une souscription publique. Nous avons décidé que la rénovation de la porte de Champagne avancerait. Loto du Patrimoine ou non ! » Marie-Pierre Cloux souligne d’ailleurs que la Drac assurera déjà 40% du financement, « il fallait donc prendre le train en marche. » La mise en circulation de tickets à gratter ou de cases à cocher risque fort d’inciter un grand nombre de passagers à y grimper aussi…

Une chance au tirage…

D’abord surnommé « Loto Bern », c’est finalement sous l’appellation « Mission Patrimoine » que la Française des Jeux apportera son aide à la fondation du patrimoine. « 15 à 20 millions d’euros provenant des prélèvements publics sur les mises des jeux seront affectés à un fonds spécifique » expliquait Stéphane Pallez, pédégère de la Française des Jeux, lors de la présentation de la mission « Patrimoine en péril » à l’Élysée en mai dernier. Concrètement, à partir du 3 septembre et pour une durée de 4 à 6 mois, un jeu de grattage sera disponible dans 30 800 points de vente (mise 15€, gain maximum 1,5 M€). Le 14 septembre, veille des Journées européennes du Patrimoine, un super tirage du Loto aura ensuite lieu avec un jackpot exceptionnel de 13M€. Et Stéphane Pallez de rappeler : « La Loterie Royale, à l’origine de la Loterie Nationale et de la FDJ, a été créée par François 1er pour financer le patrimoine français. » Stéphane Bern n’a fait que reprendre une vieille recette…

 

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