Nico Pires a sa place au Soleil

Grâce à son diabolo le Castelroussin mène grand train sous le chapiteau

par Nicolas Tavarès

Le diaboliste de Châteauroux est l’un des personnages centraux de « Totem », le show du Cirque du Soleil, en escale à Paris.

Un soir pluvieux d’Halloween, plaine de Bagatelle à Paris… La nuit vient de tomber et Nico Pires reçoit. En peignoir, certes, mais un peignoir estampillé Cirque du Soleil. La grande classe. Il nous attend donc à l’entrée des artistes. Dans quelques heures il sera l’un des acteurs d’une nouvelle représentation du spectacle « Totem », l’un des nombreux show du Cirque du Soleil qui sillonnent actuellement le monde. Le diaboliste castelroussin, 33 ans, a rejoint la troupe au printemps 2017. Sa première audition avec le cirque québécois remontait à 2015. «Je me disais que c’était déjà bien pour l’expérience. Ils m’ont rappelé deux ans après.» Dans l’intervalle, Nico Pires n’a pas perdu son temps : finaliste de « La France a un incroyable talent », il filera dans les bagages de la production pour participer au festival « Juste pour Rire » de Montréal après avoir finalisé la sortie d’un double DVD présentant l’art du diabolo au contact de pointures de la discipline.

Et puis le Cirque du Soleil s’est donc manifesté. «J’ai passé trois semaines à Montréal pour répéter mon rôle, puis j’ai rejoint la troupe au Japon pour travailler avec mon prédécesseur. Il a vraiment facilité mon intégration.» Nico Pires devient « Tracker », le gardien du show, «une sorte de Monsieur Loyal moderne, élégant, poli et naïf qui découvre le spectacle tout en amenant les numéros.» Dans « Totem » qui se joue à Paris jusqu’au 30 décembre, « Tracker » n’est pas un personnage anodin. Au milieu de 48 artistes (et 20 nationalités !) Nico est en scène une trentaine de minutes et pas seulement diabolo en mains. La discipline qui l’a vu grandir n’est qu’un tout petit morceau de bravoure, le final épique d’un duel ibérique. On ne vous en dit pas plus, le mieux c’est de réserver vos places et vous asseoir sous le chapiteau de 2 500 places pour découvrir la chose. Depuis le 25 octobre, « Totem » fait en tout cas salle comble. Pour le Castelroussin, le show est un tour de force car il lui a fallu découvrir de nouvelles facettes du métier : «Avant le Cirque du Soleil, je n’explorais pas la comédie. Mon rôle a un côté plus théâtral. Dans le show, le diabolo vient seulement servir mon jeu et mon personnage s’affirme grâce à lui.»

Des sportifs de haut niveau

Artistes issus du cirque traditionnel mais aussi et surtout du sport de haut niveau, les membres de la troupe du Cirque du Soleil forment une grande famille dans laquelle Nico Pires a trouvé sa place. Si le spectacle est en tournée mondiale (Japon, Russie, Belgique, Espagne, Suisse, France et bientôt Angleterre, Autriche ou Canaries), la direction met ses artistes dans un cocon. «À chaque nouveau pays, le Cirque du Soleil nous aide à trouver un appartement à proximité. La structure est véritablement unique mais avec un show par jour (ndlr, 2 le dimanche, relâche le lundi) il faut savoir trouver les ressources nécessaires.» Au cœur de la troupe des amitiés se nouent, de nouveaux projets voient le jour (lire par ailleurs). D’un naturel solitaire – «j’aime mon indépendance» -, le Castelroussin a trouvé un équilibre. «Je n’ai pas l’impression que ça m’a changé, mais évidemment, ça me fait évoluer professionnellement.» Au point d’encadrer des workshops, des ateliers diabolo, pour le personnel du Cirque. Nico convient à demi-mot que le show est aussi fait de contraintes «mais le groupe est sain, personne ne se la raconte.» Surtout, « Totem » est une constante remise en question. Dans les coulisses, toutes les représentations sont systématiquement diffusées en live et enregistrées afin que les artistes puissent se corriger ou recentrer leur jeu scénique.

Une heure vient de s’écouler dans la salle d’échauffement, un petit chapiteau annexe en fait, avec loges, salle de muscu, tapis d’évolution qui se transforme en terrain de volley après le show, coin salon et espace costumes. Il est temps de se quitter car pour revêtir les atours de « Tracker », Nico Pires doit en passer par une heure de maquillage. Ainsi va la vie sous le chapiteau du Cirque du Soleil. Le rêve éveillé de Nico Pires.

La suite ? encore au Soleil


Si Nico Pires a renoué avec sa vieille marotte de la vidéo pour présenter des focus sur ses camarades de Totem (« Crossed Paths » sur YouTube), «un projet pour rester créatif», il n’en pense pas moins à la suite de sa carrière. «Je viens de prolonger avec « Totem » jusqu’en septembre 2019. Le Cirque du Soleil, ce n’est pas quelque chose qu’on lâche comme ça (ndlr, Totem vient de dépasser les 3000 représentations…). C’est une forme de pic dans ta carrière, mais j’ai choisi de signer pour moins d’un an afin d’explorer les pistes de ma vie…» Nico ne s’interdit pas de s’inscrire sur les listes pour basculer dans un autre show. «Il existe une passerelle, mais je n’en suis pas là, je verrai ça courant 2019. Passer du côté de la production m’intéresse aussi. Je vais me décentrer du diabolo pour en sortir un peu, mais le lien est encore très fort.»

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