Radio Killed the Video Stars

C’est à l’Apollo que Balistiq a choisi de célébrer les radios libres

par Nicolas Tavarès

En 2018, la radio associative Balistiq fête son dixième anniversaire. Le 27 octobre, c’est au cinéma l’Apollo que l’antenne castelroussine a choisi de célébrer les radios libres.

Dix ans déjà que l’antenne de Balistiq est ouverte sur le 103fm. Dix ans que Sylvain Arnulf, Marion Cuisat, Dimitri Guyon et Nicolas Lavenu ont porté la radio associative castelroussine sur les fonds baptismaux. Ses fondateurs ont emprunté, depuis, des chemins de traverse ou pris du recul. En 2018, pour ceux qui ont repris le flambeau, l’heure est aux festivités. Diffusion d’un florilège des premières émissions pendant 24h en août dernier, concert avec les Shaolin Temple Defenders (le 12 octobre au 9 Cube), Quizz avec le Bruit qui Tourne, et puis, ce samedi 27 octobre, un rendez-vous particulier, une sorte de «Tribute» aux radios libres à l’Apollo de Châteauroux. Éric Defaix, qui attaque son deuxième mandat de président de l’association Yes We Can Can qui gère Balistiq, le promet : « Le meilleur est à venir car cette journée à l’Apollo est le fruit d’un travail collectif. Le partenariat avec la Bouinotte nous a permis de retrouver des pionniers des radios libres des années 80 comme Laurent Garofalo (Reflex) ou Jean-Marc Bayard (Atomic) qui participeront à la table ronde sur l’histoire des radios libres dans l’Indre. »

Un temps d’échange qui suivra l’écoute de la fiction radiophonique « Interférences » et sera suivi de la diffusion du documentaire « Carbone 14, Le film » (lire par ailleurs), d’une conférence sur la multiplication des web-radios par l’universitaire Pascal Ricaud (Maître de Conférences en sciences de l’information à l’Université de Tours) et de la projection de « Good Morning England », basé sur l’histoire de Radio Caroline. Autant de références à une époque que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. Celle où l’on parlait de radios pirates avant de parler de radios associatives ou commerciales et dont les «vétérans» de la bande FM se souviennent avec nostalgie. À l’image d’Éric Defaix.

Lorsqu’il s’est installé au micro de « London Calling », l’émission qui explore l’actualité du rock indépendant, il n’en était pas à son coup d’essai. « De 1981 à 1984, j’animais une émission dédiée à la musique new wave sur Radio en Marche à Guéret. C’était les années lycée. Puis quand j’étais étudiant à Bordeaux, j’ai fait deux ou trois apparitions sur l’antenne de la Vie au Grand Hertz (la VAGH) où l’on pouvait écouter toutes les nouveautés punk hard-core US ! Notre musique était radicale et violente, parfois jusqu’à l’inaudible. J’ai repris goût au micro en 2009 avec Balistiq. » Aujourd’hui, l’esprit libertaire des années 80 flotte au-dessus de Balistiq. « Ce qui constitue l’identité de la radio, c’est la diversité de sa trentaine d’animateurs et de chroniqueurs et le kaléidoscope de goûts et de couleurs que chacun défend à l’antenne… J’appelle donc les citoyens de Châteauroux de tous âges et toutes origines à rejoindre notre projet : celui d’une expression créative, libre, plurielle, bienveillante et sans haine. Et ce d’autant que nous venons d’obtenir un financement exceptionnel du Fonds de soutien à l’expression radiophonique qui va nous permettre de renouveler l’intégralité du réseau informatique de la radio pour plus de confort d’écoute et une plus grande interactivité sur les réseaux sociaux. »

Éric Defaix évoque également l’avenir plus éloigné et le possible passage à la radio numérique terrestre. « Dans quelle mesure ? » La réponse reste en suspens. Elle pourrait être au cœur des échanges de la journée à l’Apollo !

10 ans de Balistiq
«La Radio : un média pas comme les autres»
samedi 27 octobre
L’Apollo Châteauroux
(voir agenda)

Un ovni nommé Carbone 14

Notre société moderne, secouée de pudibonderies mal venues, permettrait-elle aujourd’hui les excentricités des animateurs de Carbone 14, « la radio qui vous « enc… » par les oreilles » comme l’annonçait le slogan d’alors. Montée en décembre 1981 par Dominique Fenu, un publicitaire, Carbone 14 vola en éclats moins de deux ans plus tard. Non sans avoir lancé un certain Jean-Yves Lambert devenu Lafesse ou Phil Barney, bientôt vedette du Top50. Il y eut aussi David Grossexe, Robert Lehaineux ou Super Nana, des noms qui résonnaient aux oreilles des Parisiens branchés sur le 97.2fm. « Mais même à Guéret, où je me trouvais à l’époque, on en entendait parler. Sans même l’écouter ! » sourit Éric Defaix. De cette aventure délirante et souvent trash où tout semblait permis, il reste quelques enregistrements disponibles sur le net et surtout un film réalisé en 1982 par Jean-François Gallotte (David Grossexe) et Joëlle Malberg. La légende prétend que l’équipe vola la caméra et les bobines nécessaires à ce tournage épique. Surtout, « Carbone 14, le film » eut droit à sa sélection à Cannes dans la catégorie « Perspectives du cinéma français ». Tombée sous le coup de ce qui deviendra plus tard le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, Carbone 14 vit son matériel saisit et sa fréquence réaffectée à « Fréquence Gaie » en août 1983…

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