Zao Wu-Ki citoyen d’honneur

C’est une exposition de portée internationale qui se prépare à Issoudun

Le musée de l’Hospice Saint-Roch met l’art contemporain à la portée de tous. Avec la présentation de la collection Zao Wu-Ki, Issoudun entre même dans une dimension internationale.

P4La renommée du musée de l’Hospice Saint-Roch n’est plus à faire. Dans le milieu de l’art contemporain, les collections régulièrement présentées permettaient déjà à Issoudun de s’inscrire parmi les places fortes hexagonales. Le 17 juin, l’inauguration de l’exposition de la donation Zao Wu-Ki, une collection personnelle de l’artiste chinois réunissant 90 œuvres d’une cinquantaine d’artistes reconnus, offrira au musée issoldunois une portée internationale.

Sophie Cazé, conservatrice du patrimoine, revient sur les étapes qui ont mené à l’événement : « Lors d’une exposition d’encres de Chine et d’aquarelles de la période 1954-2007 de Zao, en 2008, nous nous étions lié d’amitié avec Françoise Marquet-Zao, l’épouse de Zao Wu-Ki, qui est originaire de Martizay. Après la mort de l’artiste, en 2013, nous savions qu’un acte de donation d’une partie de sa collection se ferait. Cette donation est arrivée en septembre 2015. Il s’agissait non seulement d’un geste généreux, mais surtout exceptionnel. Je n’imaginais pas que Françoise nous aurait donné la collection. D’ailleurs, je ne savais même pas ce qu’elle représentait. »

Luxs contrôlés pour protection maximale

Pour Anne Grésy-Aveline, assistante de conservation au Musée de l’Hospice Saint-Roch, la préparation de l’exposition Zao Wu-Ki s’est accompagnée de quelques contraintes techniques. La plus notable sera visuelle : « Nous présentons les oeuvres avec une lumière artificielle contrôlée. Certaines, sur papier, imposent de ne pas dépasser un certain nombre de luxs. L’exposition est d’ailleurs limitée dans le temps du fait de la fragilité des oeuvres. » Mais le musée issoldunois a également dû s’adapter à la diversité de la donation Zao. Son éclectisme, sa fréquentation de l’école américaine dans les années 50, ont conduit Sophie Cazé et Anne Grésy-Aveline à suivre une thématique pour une visite particulière. « Nous présentons des toiles inconnues de Zao, détaille Sophie Cazé. Nous montrons également les échanges qu’il a fait avec d’autres artistes. Nous incluons aussi des images de son lieu de vie avec des reproductions de sa maison, de son atelier. »

Fruit d’échanges, de rencontres, la collection de Zao porte sur une période charnière de sa vie : les années 50-60. L’artiste, installé à Paris depuis 1948, fréquente les peintres américains, croise la route de Bram van Velde ou Pierre Alechinsky. « Zao a alors débuté une collection particulière qui met en lumière l’influence des gens qu’il a côtoyés », souligne Sophie Cazé qui se perd en P5qualificatifs face à la richesse des oeuvres présentées. « On y trouve un dessin d’Artaud, un miracle. Des pièces rares aussi. La plupart étant des œuvres inconnues, pas même répertoriées. » Immanquablement, les toiles, sculptures, dessins présentés au musée Saint-Roch ont déjà focalisé les regards de la presse spécialisée qui s’était largement faite écho de la donation et s’intéresse désormais à l’exposition en elle-même.

Une exposition pour tous les publics

Le grand public va suivre. Celui, adepte d’art contemporain et qui connaissait la qualité des expositions issoldunoises, va converger vers le musée Saint-Roch. Le public estival, d’un tout autre genre, trouvera lui aussi son compte. Pour ceux, enfin, qui se montraient hermétiques, le temps fera son office. La collection Zao Wu-Ki sera présentée jusqu’à la fin de l’année. Suffisant pour se poser dans les allées de l’exposition et profiter entre autres d’une encre sur papier de Picasso, d’un crayonné d’Artaud (ci-contre), d’une toile de Dubuffet, d’un dessin à la plume de Giacometti, d’aquarelles de Jenkins ou Klee, d’un collage de Meurice ou d’une gouache et mine de plomb de Tobey…

Pour laisser une trace

Un catalogue d’exposition est généralement édité sous la forme d’un livre luxueux sur papier glacé. C’est ce que Sophie Cazé a souhaité pour mettre en lumière l’exceptionnelle collection Zao Wu-Ki. « C’est la trace qui restera une fois l’exposition terminée. Pour réaliser le catalogue de la donation, nous avons travaillé avec énormément de catalogues d’artistes » commente la conservatrice du patrimoine. L’ouvrage comprendra des textes de Jean-Paul Desroches, spécialiste des arts asiatiques, Gilles Chazal, directeur honoraire du petit-Palais, Sophie Cazé, Eric Lefebvre, directeur du musée Cernuschi, Françoise Marquet-Zao et Yann Hendgen. « Il est composé de textes généraux sur Zao, notamment sur le taoïsme et sur les objets chinois. Chacun des 56 artistes réunis dans la donation a également sa notice. » Edité chez Flammarion, l’ouvrage comprendra 296 pages et sera disponible au musée, mais également en librairie au prix public de 49€.

« Zao Wu-Ki Collectionneur »
Musée de l’Hospice Saint-Roch
du 18 juin au 30 décembre
Entrée gratuite, de 10h à 18h

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