Zik sur courant alternatif

Coloration vintage pour le festival Zik à Tesseau et sa programmation rock

par Nicolas Tavarès

Les Négresses Vertes en pleine tournée anniversaire de l’album Mlah (Photo Luc Manago)

La 15e édition du festival de Saint-Lactencin marque résolument le virage rock pris par les organisateurs il y a maintenant deux ans.

Ce n’est pas que Saint-Lactencin fasse une allergie au reggae, « mais aujourd’hui, tout le monde propose son groupe de reggae dans son festival » note fort justement Sabrina Courcelles. Alors il y a deux ans, Zik à Tesseau a décidé de donner un brusque coup de volant. C’est alors tout le visage de la programmation du festival qui s’est transformé. Pour se convaincre qu’il s’agissait de la seule option, les organisateurs ont lorgné vers les affluences de l’édition 2017 et les têtes d’affiche du moment – les Tambours du Bronx ou Electro Deluxe. Ils ont alors compris qu’ils avaient fait le bon choix.

C’est donc désormais fortement teinté de rock, mais totalement ouvert à un mélange de sonorités latino ou cumbia si un jour l’occasion se présente, que Zik à Tesseau vient boucler la saison. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les 7 et 8 septembre prochains, ceux qui avaient 20 ans au cœur des années 80 vont vivre leur « Retour vers le futur » à eux. Pigalle et François Hadji-Lazaro d’un côté, les Négresses Vertes de l’autre et, coincés entre les deux, La Jarry, les Wilson 5, Jumbo System et les Yeux D’la Tête. Quinquas élevés au son du courant alternatif, accrochez-vous au déambulateur, vos arpions vont remuer sec !

En pensant à l’année d’après

François Hadji-Lazaro de retour avec son groupe Pigalle (Photo Terrasson)

C’est ce que souhaitent les bénévoles des « Assos de Saint-Lac », l’entité qui préside aux destinées du festival et qui s’appuie en fait sur le bouillonnant réseau associatif de Saint-Lactencin comme le détaille Sabrina Courcelles : « Sur la commune, il y a une dizaine d’associations qui ont décidé de se regrouper pour Zik à Tesseau. Il y a Familles Rurales, le club de foot, celui de gym, les Ateliers des Bergeries ou le club photo Apipap… Des pôles ont été créés. En tout, cela représente 90 bénévoles qui savent tous ce qu’ils ont à faire dans le domaine de l’intendance et des infrastructures. Avec Dominique Caquot, chargée de communication de la Communauté de Communes Val de l’Indre-Brenne, nous gérons tout le reste », raconte une Sabrina Courcelles détendue à l’heure d’aborder la 15e édition du festival. « Il y a dix ans de cela, je ne dis pas que je n’aurais pas été stressée, mais aujourd’hui, l’organisation est parfaitement rodée. » Sabrina en convient toutefois, constituer l’affiche demeure une gageure.

« Nous sommes en contrat PACT (ndlr, Projet Artistique et Culturel de Territoire) avec la Région qui implique que je doive présenter mes spectacles en octobre de l’année d’avant. Ma difficulté, c’est d’être dans l’actu du festival 2018 et de penser également à l’année d’après ! » Pour autant, Sabrina Courcelles s’en accommode plutôt bien et c’est avec une petite fierté qu’elle cite Alpha Blondy, Pierpoljak, Sinsemilia, ou les Tambours du Bronx parmi les grosses têtes d’affiche venues à Saint-Lactencin. Avec Pigalle et les Négresses Vertes, Zik à Tesseau 2018 devrait prendre une autre dimension même si le rêve absolu de la programmatrice serait de voir un jour Tryo monter sur la scène saintlactencinoise. « On court après depuis longtemps, malheureusement ils ne sont jamais disponibles… » Mais ce serait presque vouloir décolorer le festival pour un retour vers des rives pas si éloignées du reggae…

Zik à Tesseau
7 et 8 septembre à Saint-Lactencin

30 ans de Négresses Vertes


Un jour de 2001, sans bruit, le micro des Négresses Vertes s’est tu… Elles faisaient pourtant un sacré barouf les bêtes colorées. Poussées comme une fleur de bitume parisien sur les restes du punk, les Négresses s’épanouirent au cœur des années 80 et d’une
scène alternative qui se partageait les faveurs d’une jeunesse revendicatrice avec la Mano Negra, les Satellites ou les VRP (entre autres). Il y eut « Mlah » (tout va bien, en Arabe) en 1988 avec une mouche prénommée Zobi et un été qui arrivèrent tout droit dans les esgourdes. Deux ans plus tard, Helno cisela quelques jolis textes pour « Famille Nombreuse » que la smala – Mathias Canavese, Mellino et Iza, Paul O ou Gaby – saupoudra d’un joyeux bordel de sonorités orientales, manouches et rock. Mais la vie d’un groupe
n’est jamais un fleuve tranquille. Le 22 janvier 1993 la voix d’Helno se noya à tout jamais dans cette saloperie d’héroïne… L’histoire continua pourtant. Différente. Massive Attack ou Fat Boy Slim remixèrent « Face à la Mer » et « Famille heureuse » avant la sortie de « Trabendo » désigné meilleur album «nouvelles tendances», signe de temps plus électros. Arriva 2001 et une trop longue parenthèse jusqu’en 2017 et le moment de se dire que les Négresses restaient encore vertes pour fêter les 30 ans de «Mlah». Ainsi naquit une tournée sortie du même moule et à plus de 80 dates. Du lourd en somme.

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