À la vitesse d’un Prévot au galop

À 21 ans, le Castelroussin Renan Prévot est un comédien pressé

par Nicolas Tavarès

Un rôle marquant au cinéma au côté de Virginie Efira ; des premiers pas sur scène avec Julie Gayet et Patrick Catalifo ; des projets à foison. La voie du Castelroussin Renan Prévot semble toute tracée.

Renan Prévot a un énorme problème qui en rendrait pourtant jaloux plus d’un : à 21 ans, le Castelroussin en paraît aisément six de moins. Ce qui l’a sans doute privé de quelques rôles. « On m’a déjà souvent dit que malgré mon visage, je faisais trop mâture. » Qu’on se rassure, Renan ne s’en formalise guère. Il n’est inscrit à aucun cours et table sur une sorte de destin artistique pour l’aider à avancer dans la carrière. Un choix assumé et renforcé par les conseils du comédien Patrick Catalifo avec lequel il joue « Autour de Rabbit Hole » sur la scène des Célestins à Lyon. « Il m’a fait comprendre que les cours n’étaient pas indispensables. » Et pourtant, sur son CV de jeune apprenti comédien apparaissent quelques figurations : « Seuls » (David Moreau), « Rouges étaient les Lilas » (Jean-Pierre Mocky), mais surtout un rôle particulièrement marquant d’ado rebelle à l’affiche de « Pris de court » avec Virginie Efira.

S’il n’y avait pas ses longs cheveux virant au blond – « les restes d’une teinture » – et une ressemblance plus prononcée avec le célèbre héros de bande dessinée, il aurait été le Gaston Lagaffe de Pierre-Martin François-Laval. Le rôle a finalement échu à Théo Fernandez. « C’est dommage, j’ai toujours était fan de Franquin. Le scénario était drôle, il y avait de l’audace. » Au bout du compte, cela lui aura épargné un accident industriel, et tandis que le public désertait les salles, Renan Prévot, lui, s’offrait une montée des marches au festival de Cannes. « C’était pour le film « Un couteau dans le coeur » de Yann Gonzalez avec Vanessa Paradis (ndlr, que Renan présentera à l’Apollo le 15 juillet à 18h45). On m’a prévenu le matin que j’allais les monter, mais je n’étais que dans la huitième voiture de l’équipe du tournage, du coup, on n’a pas eu droit aux photographes et je n’en ai aucune trace… » L’apparition dans le film de Yann Gonzalez ramène toutefois à ses choix de carrière. Si son agent chez Adequat, Laurence Coudert, lui fait courir les castings, Renan Prévot leur préfère les rencontres qui jalonnent son quotidien depuis qu’il est monté à Paris il y a trois ans.

Rencontre avec le diable

« La vie parisienne m’a permis de m’affirmer dans ma culture. Je traînais à la cinémathèque, j’y ai rencontré Jean- Christophe Bouvet (ndlr, le diable dans « Sous le soleil de Satan » avec Depardieu), quelqu’un de fascinant qui, avec d’autres, m’a fait comprendre que j’avais un physique. Il m’a emmené dans des dîners mondains, m’a présenté Rosette, l’actrice fétiche d’Eric Rohmer. Grâce à Bouvet, j’ai également fait la connaissance d’un photographe, Bernard Faucon, qui m’a emmené avec lui à Cuba et Shanghai. Maintenant que j’ai décroché ma licence en cinéma et avant de m’attaquer au master, je fais les castings le matin et l’après-midi, je m’occupe de la galerie de Patrick Gutknecht où Bernard expose. » Une manière d’ajouter une corde à son arc. Cinéma, théâtre, photographie, le monde de l’art en général et bientôt, qui sait, le chant puisque Renan va prendre des cours à la rentrée.

De fil en aiguille, il est aussi devenu un « Gillien », du nom des membres de la bande dont le réalisateur Guy Gilles, décédé en 1996, fut un pygmalion. Yann Gonzalez est de ceux-là. Gaël Lépingle également, qui a proposé à Renan un projet cinématographique lors du festival du film de La Rochelle. « C’est monté. Cela s’appelle « Seuls les pirates », j’y joue Léo, le neveu du héros, directeur d’un théâtre. C’est un projet choral. Le film est en compétition au FID de Marseille. » Le jour de notre rencontre, le père de Renan, Gérald, s’est discrètement invité à l’entretien. Fier du fiston, il l’est forcément, mais tout en retenue : « Ma fierté, c’est qu’il s’est donné les moyens de faire ce dont il avait envie. » « Mon premier rêve, enfant, c’était de faire du cinéma. Le deuxième, c’était de jouer pour Mocky. Ça, c’est déjà fait, sourit Renan. Mes autres rêves, c’est de jouer avec Depardieu et de tourner dans un film de Claude Lelouch ou Jean Becker. » À la façon dont il brûle les étapes, ce n’est déjà plus qu’une question de mois et d’opportunités…

Il fallait essayer le théâtre

C’est sur les conseils de son agent que Renan Prévot s’est essayé au théâtre. « Ça a bouleversé nos habitudes » confesse-t-il après avoir déjà joué 22 représentations de « Autour de Rabbit Hole » aux Célestins à Lyon. À la rentrée, le comédien retrouvera Julie Gayet, Nanou Garcia et Patrick Catalifo avec lesquels il partage l’affiche sur une mise en scène de Claudia Stavisky. « Nous reprenons à Lyon avant de jouer cinq ou six dates en tournée puis aux Bouffes Parisiens en janvier, février. Lors d’une représentation, Isabelle Huppert est venue me féliciter pour ma prestation. Elle m’a dit qu’elle croyait en mon avenir ! »

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