Châteauroux fait de l’humour

Premier festival « Rire en Berry » : l’aventure d’un organisateur

par Nicolas Tavarès

De la difficulté d’organiser un festival du rire par temps de pandémie… Gil Fourgeaud a dû se cramponner dans la tempête. Finalement, « Rire en Berry » va se tenir le 26 juin et c’est bien.

Deux reports, une course aux soutiens financiers qui dure, qui dure, et au bout du compte, une manifestation qui subit une cure d’amincissement pour que le spectacle continue, ou tout du moins, qu’il commence ! On ne peut pas dire que tout a été simple pour Gil Fourgeaud, organisateur du premier festival « Rire en Berry » à Châteauroux. Mais il en faut plus pour faire battre en retraite ce Valencéen jamais à court d’arguments. Le projet lui tenait à coeur depuis trop longtemps pour qu’il renonce face à l’adversité. Le moral en a pâti, il ne s’en cache pas, mais à chaque fois, le président du festival a trouvé les ressources pour rebondir. «La situation m’a fait trembler. Pourtant, juste le fait de savoir que le festival allait se tenir parce qu’on a su s’adapter, ça me procure beaucoup moins de stress.»

S’adapter pour surmonter les derniers obstacles : le couvre-feu qui balayait toute possibilité d’organisation au-delà de 23 heures ; la jauge réduite dans l’Espace des Halles qui aurait privé de recettes l’organisation. Le montage du projet a imposé de faire et défaire le budget. Pas certain que Gil Fourgeaud s’en tire sans y laisser quelques plumes : «Jusqu’au dernier moment, je sais que l’on sera en quête de partenaires financiers, mais ce n’est pas grave. Moi ce que je veux, c’est que les artistes ne repartent pas sans rien et pour cela je compte beaucoup sur le chapeau qui leur sera intégralement reversé.» Le chapeau, vieille tradition du monde du spectacle souvent aléatoire, mais qui sera le véritable fil rouge de « Rire en Berry ».

«Je suis en contact depuis très longtemps avec les artistes : ceux qui devaient passer sur la Scène des Halles en soirée, mais aussi les autres, qui étaient programmés l’après-midi en plein air. Nous avons été au bord de l’annulation puis j’ai eu Maxime Sendré (photo ci-contre), l’un de ces artistes, qui m’a dit : « Moi, je veux venir, tu me défraies, simplement, et on fait ça au chapeau à la fin du show. » Il faut comprendre que tout le monde, artistes ou techniciens, a besoin de revoir le public. Peut-être qu’ils ont aussi envie de me faire plaisir, un peu. Mais tous sont prêts à se donner à fond. Moi, je les défraie, je les héberge, je les nourris mais le plus important c’est qu’ils soient récompensés pour le travail produit.»

Quatre étoiles pour les artistes

L’organisateur répète la chose comme une antienne et met en avant ces coups de main tombés du ciel comme celui de l’hôtel Best Western qui a offert trois chambres pour les artistes – «Quand Barbara Grassi, l’une d’entre eux, a appris qu’elle allait dormir dans un quatre étoiles, elle a halluciné» – ou encore le régisseur du festival qui disposera d’un matériel de sonorisation gracieusement prêté par son employeur. Il y a aussi le soutien de la Région Centre-Val de Loire qui va installer son car podium au milieu de la place de la République pour qu’un maximum de spectateurs profitent du spectacle au coeur de la cité.

Gil Fourgeaud, l’organisateur de Rire en Berry

Barbara Grassi puis Paul Minereau, Maxime Sendré, Jems Prieur et enfin Stf (Stéphane Boucly, vice-président du festival, ndlr). Voilà pour les premiers de cordées de « Rire en Berry » entièrement gratuit. Un festival qui veut aussi servir de tremplin aux amateurs. La scène sera donc ouverte à une dizaine d’entre eux venus de toute la France. Sur le principe du Kandidator, rendez-vous bien connu du stand-up, les candidats auront 5 minutes pour faire leurs preuves devant un jury composé des artistes cités plus haut. Un applaudimètre complétera le dispositif pour servir de juge de paix. Le grand vainqueur assurera la première partie de Pierre Aucaigne, le 4 septembre pour l’inauguration de La Scène des Halles (lire par ailleurs), le nouveau café-théâtre de Châteauroux.

L’organisateur n’en fait d’ailleurs pas secret : « »Rire en Berry » sera un bel outil de communication pour le café-théâtre. Il y a une impatience pour ce genre de spectacle et je veux apporter cette culture à Châteauroux. Bien sûr, le festival reviendra l’an prochain pour une édition enfin sur trois jours. Initialement, il aurait dû se dérouler à la Pentecôte, mais fin juin, c’est une bonne idée. Ça sent les vacances. L’objectif sera de l’étendre sur toute la ville !» Touché au moral Gil Fourgeaud ? À peine…

Café-théâtre en approche


C’est donc l’autre (grand) dossier de Gil Fourgeaud : l’ouverture d’un café-théâtre. La Scène des Halles, place Monestier, est quasiment prête ; la programmation (Pierre Aucaigne, Booder, Arnaud Demanche, Merri, Shirley ou Christophe Alévêque, entre autres), déjà ouverte à la location. Bref, ce n’est plus qu’une question de temps et de pandémie qui a plusieurs fois repoussé l’arrivée de ce premier café-théâtre castelroussin. «Il me reste 15 ans avant la retraite. J’ai envie de me faire plaisir et d’apporter du bonheur aux gens, explique Gil Fourgeaud. J’ai toujours rêvé d’ouvrir un endroit comme celui-ci. Nous devions le faire en juin puis en septembre 2020, ce sera pour septembre 2021!»
La Scène des Halles
www.lascenedeshalles.com  

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