Écoutez la guitare qui sonne le soir…

Au Festival d’Issoudun, 36e du nom, c’est «jamais sans les luthiers»

Par Nicolas Tavarès

Le Festival Guitare Issoudun, c’est avant tout une histoire de copains et c’est pour cela que ça fonctionne. À la fin du mois, il vivra sa 36e édition et comme tous les ans, la gratte sera chez elle sous les lambris du Centre des congrès. Un FGI grand cru, c’est celui qui réservera parfois des surprises (la visite impromptue de Francis Cabrel en 2022) et son lot d’anecdotes que l’on resservira quelques années plus tard, un brin de nostalgie dans la voix. Ainsi va la marche du FGI depuis sa création en 1989 du côté du Centre Culturel Albert-Camus. En déménageant au Centre des Congrès en 2005, le festival s’est un peu plus enraciné dans la ville, faisant d’Issoudun la capitale de la guitare le temps d’un week-end.

Pour en arriver là, les organisateurs ont su trouver les bons ingrédients. Des têtes d’affiche pour commencer – cette année Fred Chapellier -, une programmation qui rassemble le plus grand nombre, des temps d’échanges autour d’une passion commune pour l’instrument, et surtout, il faut s’assurer la présence de ceux qui sont le ciment du festival : les luthiers.

À Issoudun, ils font salon et la crème de la crème s’y presse. Le rassemblement des « facteurs » de guitares participe à la réputation du FGI pour le plus grand plaisir de Jean-Philippe Perret et Fabien Vermeersch, le duo en charge de l’organisation du salon. «Il existe depuis le tout début, rappelle Jean-Philippe. Franck Cheval a été l’un des premiers luthiers à y participer. Marcel Dadi, à qui il avait fabriqué une guitare, Princesse, l’avait fait venir.» Dadi, la figure tutélaire du FGI, disparu accidentellement dans l’explosion du vol TWA 800 en 1996, mais dont le souvenir continue de flotter avec bienveillance au-dessus du rendez-vous.

Trente cinq ans plus tard, Cheval est toujours fidèle à Issoudun ; on lui réserve une place de choix pas loin de Maurice Dupont, une autre référence dans le monde de la lutherie et dont certaines créations ont terminé entre les mains d’Éric Clapton ou Andy Summers, le guitariste de The Police. À juste titre, Jean-Philippe Perret considère que le salon est «une véritable vitrine du festival. Chaque année, nous avons toujours plus de demandes d’exposants, mais seulement une cinquantaine de places. Alors nous essayons de faire tourner.» En respectant une constante : mettre en lumière un luthier de talent à chaque nouvelle édition. Cette année, les projecteurs vont ainsi se braquer sur Fred Pons.

La 7 cordes Ouessant dorée de M

Celui-ci s’est forgé depuis longtemps une solide réputation qu’un certain Mathieu Chedid, M en personne, n’a fait que renforcer en jouant sur une sept cordes Ouessant dorée façonnée dans l’atelier KoPo Guitare, près de Rennes. Jean-Philippe Perret en est persuadé : «Sans les luthiers, il n’y aurait pas d’ambiance. Le grand public se prend à rêver lorsqu’il passe devant leurs stands. On vient écouter sonner les guitares qu’ils ont façonnées. Une scène est dressée au milieu du salon. On attend aussi des ventes de guitares de collection ou qu’un luthier présente des guitares d’exception comme la Chapline en nacre de Franck Cheval.»

Le travail d’un luthier s’apparente à de la haute-couture ; il est en tout cas plus abouti que ce que pourrait proposer les Gibson et autres Fender que l’on ne présente plus. Jean-Philippe Perret : «Lorsque l’on fait appel à un luthier, on a une idée très précise de ce que l’on veut, du son que l’on souhaite en fonction du bois. Un luthier pousse le détail beaucoup plus loin.» Au moins jusqu’à Issoudun, c’est une certitude.

Festival Guitare Issoudun
31 octobre au 2 novembre
(voir également dans l’agenda)

Zoom : Sur la voix de mariage


Charlie pour le mystère (homme ou femme ?) et le « Jazz Hot » du film « Victor, Victoria » ; voilà les références qui ont accompagné la création de Charlie & the Jazzpot, duo formé l’automne dernier par Marie Mas et Christian Daguet. Les deux s’accordent autour d’un jazz blanchi sous le harnais, «fait de standards, un peu swing tirant vers la bossa.» Marie : «Il y a une vingtaine d’années, j’ai voulu monter un groupe de jazz, mais j’ai dû partir pour raisons professionnelles. J’ai animé pendant longtemps des mariages avec un répertoire confessionnel. À Toulouse, j’ai intégré l’école Gospel Walk avant de revenir m’installer en bas-Berry où j’ai repris ma quête du Graal pour monter enfin ce groupe de jazz. On m’a conseillé de prendre contact avec Christian. Entre nous le deal était clair : comme il a déjà beaucoup de travail nous ne faisons que des cocktails de mariage, des fêtes de famille.» La chose surprend ; elle semble convenir au pianiste : «On s’en tient à ça ; nous sommes tout neufs» – qui se produit déjà avec Univers Brassens, Jazz & Autre et Jazz à l’âme en plus de ses cours à l’Espace Art & Culture de Déols. Rien ne dit toutefois que l’appel de la scène ne finira pas par retentir pour Charlie & the Jazzpot.


www.charlieandthejazzpot.com
charlieandthejazzpot@gmail.com

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