La flamme indrienne
Para athlètes, arbitres ou bénévoles : le département sera bien représenté
par Nicolas Tavarès
Para-athlétisme : Alice Métais, 400 mètres
La porte des Jeux Paralympiques ne s’ouvre pas aisément. Alice Métais, l’athlète de la Berrichonne, déficiente visuelle, connaissait son objectif : 58’’02 soit les minima pour s’aligner sur le 400m de Paris 2024. C’est aux championnats de France à Albi, le 14 juillet qu’elle devait frapper fort. «Ce sera dur, mais c’est réalisable» commentait Viviane Dorsile, son entraîneure, à la fin du printemps. Le 14 juin au HOP de Paris, Alice réalisait son meilleur temps sur la distance (1’00’’60) ; une performance synonyme de minima B pour les Jeux. «Je reviens du HOP avec mon record personnel, mais je ne suis pas 100% satisfaite car je peux faire mieux.» En terminant 3e des France sans réaliser les minima, l’athlète blancoise se retrouvait dans une situation compliquée. Le 17 juillet, la Fédération française handisport dévoilait sa sélection : Alice ne figurait pas parmi les 11 noms. Elle était toutefois mise en réserve, première remplaçante en cas de forfait. Un véritable coup de massue pour elle, mais un très mince espoir d’arracher le ticket de la dernière chance courant août, la Fédération lui demandant de continuer à s’entraîner. Insupportable.
Cyclisme : Camille Meunier, arbitre
Pareille à l’athlète qui participe à ses premiers Jeux Olympiques, l’Issoldunoise Camille Meunier va toucher le Graal en août. La Fédération française de cyclisme a désigné la jeune femme (25 ans) licenciée à l’AC Bas-Berry pour officier sur les épreuves sur piste à Saint-Quentin-en- Yvelines. Contrôle des vélos, dans le virage, compte-tour à la cloche ou soutien de l’arbitre UCI pour le comptage des points, la professeure des écoles à Vierzon ne se soucie guère de la mission qu’on lui donnera : «J’aime bien être au contrôle des vélos parce qu’on rencontre beaucoup de monde, mais on ne voit rien des courses. Assister l’arbitre UCI pour noter les tours gagnés-perdus, c’est passionnant aussi. Là on est au coeur de la course, mais il n’y a aucun répit.» Après les Jeux, Camille Meunier tentera l’examen arbitre UCI pour passer sur la route.
VTT : Patrick Augay, bénévole
Longtemps organisateur de la Transberrichonne VTT, le Castelroussin Patrick Augay sera en charge de la sécurité des spectateurs et médias sur les épreuves de VTT à Élancourt, rôle qu’il avait tenu lors des championnats du monde aux Gets en 2022. L’an dernier, Patrick a participé au Test Event, round d’observation pour les bénévoles. C’est là qu’il a appris que Paris 2024 comptait sur lui. Les 28 juillet (femmes) et le 29 (hommes), ce passionné de VTT sera à pied d’oeuvre sur la butte yvelinoise.
Para-athlétisme : Manon Genest, saut en longueur
En année olympique ou paralympique, un athlète a deux équations à régler. La première : assurer les minima pour participer à la fête. La seconde : atteindre son pic de forme le jour J. La Castelroussine Manon Genest a poinçonné son ticket pour Paris 2024 en octobre dernier, s’épargnant un stress malvenu. Le concours de la longueur l’amènera dans la lumière le 1er septembre au Stade de France. C’est peu dire que la sociétaire de La Berrichonne attend l’événement avec impatience. Son «match retour» comme elle le qualifie souvent, elle qui ne s’est jamais satisfaite de sa 4e place aux Jeux Paralympiques de Tokyo (2021). Depuis, tout a changé dans la vie de Manon Genest.
En 2023, elle signait sa meilleure marque aux Mondiaux de Paris avec un saut à 4m76 qui lui valait le bronze. Il y a également eu ce «très frustrant» résultat des Mondiaux à Kobe (Japon) au printemps dernier avec la 4e place du concours (4m35). Mais tout ceci n’est rien en comparaison de l’arrivée de la petite Juliette. Depuis, la ligne directrice de Manon est on ne peut plus claire : «Jamais sans ma fille.» La relation mère-fille est fusionnelle, «j’ai besoin d’elle pour me ressourcer», et la para athlète met un point d’honneur à ne participer aux compétitions internationales et aux regroupements avec les Bleus qu’à la seule condition de pouvoir amener sa fille avec elle. En septembre prochain, c’est donc à deux qu’elles iront chercher «la plus belle des médailles pour l’offrir à Juliette» promet la sauteuse en longueur. Certes, la Chinoise Wen Xiaoyan a poussé le curseur très loin (5m45). Mais Manon Genest a trop d’arguments à faire valoir pour passer outre les velléités d’une recordwoman du monde.
Tir : Jean-Yves Michel, Anne Avignon, Guillaume Forestier, arbitres
Le 27 mai dernier, à l’occasion du passage de la flamme olympique, un trio d’arbitres indriens est sorti de l’ombre le temps d’un relais collectif. L’occasion de découvrir les visages de Jean-Yves Michel, Anne Avignon (Club de tir de la Martinerie) et Guillaume Forestier (Buzançais) qui auront l’honneur d’officier sur les épreuves castelroussines. Anne sera cheffe de pas de tir à 10 et 50m ; Jean-Yves sera sur le stand finale pour toutes les compétitions ISSF ; Guillaume, quant à lui, aura un rôle de «National Technic Officer à 10 et 25 m, en clair arbitre de stand !» Récompensé pour son investissement dans l’arbitrage, le trio a passé les dernières semaines le séparant du début des concours à «réviser le règlement, gérer le stress, se préparer physiquement et mentalement.» « À se préparer aussi à faire toutes les communications en anglais» détaille Guillaume Forestier, fonctionnaire territorial dans le civil. Avec Anne Avignon, cadre dans un grand groupe hôtelier, et Jean-Yves Michel, gestionnaire technique pour le Ministère des Armées, ils entendent «vivre l’instant présent, savourer, mais surtout faire le job.» En mai dernier, après avoir porté la flamme, les trois arbitres indriens convenaient d’être entrés de plain-pied dans les Jeux.
En bref et en chiffres
- Histoire. C’est le neurologue anglais Ludwig Guttmann qui a inspiré les Jeux Paralympiques. En 1948, il organisa un tournoi de tir à l’arc pour les vétérans de la Deuxième guerre mondiale, tous en fauteuil, dont il avait la charge dans sa
clinique. - Juge. Patrice Roger, juge licencié à l’EA Issoudun, sera officiel aux Jeux Olympiques et Paralympiques sur les épreuves d’athlétisme au Stade de France.
- Sélection. Devenu entraîneur à la fin de sa carrière cycliste en 2016, l’Issoldunois Kévin Sireau, un temps responsable du pôle Sprint de Hyères où il avait été pensionnaire, est devenu, en janvier dernier, le sélectionneur des pistards de l’Inde.
- Champion oublié. Cavalier émérite, Bernard Chevallier fut l’un des meilleurs spécialistes de concours complet (dressage, saut d’obstacle, cross). En 1948, il remporta la médaille d’or aux Jeux de Londres. Natif de Chartres (Eure-et-Loir), il apporta aux Euréliens leur premier trophée olympique. Le militaire acheva sa carrière au grade de général et c’est à Orsennes qu’il prit sa retraite et où il s’est éteint en 1997. Le champion olympique avait 85 ans.