Saint-Roch se refait une toilette

Même en fermeture annuelle, il y a de la vie dans le musée issoldunois

par Nicolas Tavarès

En janvier, le musée de l’Hospice Saint-Roch ferme ses portes au public. Mais derrière le rideau baissé, la fourmilière s’active pour préparer la nouvelle saison. Visite en coulisses.

En ce matin du début janvier, le jour n’est pas encore totalement levé sur Issoudun, mais à l’intérieur du musée de l’Hospice Saint-Roch, on s’affaire autour de la centaine d’œuvres de l’exposition « Le dessin élargi » de Bernard Moninot. Itinérance oblige, après trois mois passés sur les murs issoldunois, l’exposition va prendre la direction de la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence. C’est l’artiste lui-même qui veille au démontage des œuvres. Bernard Moninot avait passé une semaine à les installer à l’automne, il lui faudra trois jours pour faire place nette. Pour l’heure, le voilà visseuse et carnet de notes en main pour protéger sculptures et toiles dans des coffres en bois spécialement conçus par ses soins. «Les accrochages des œuvres se font en amont, sur plans, en fonction des musées. L’important est toujours de penser à la relation entre les œuvres afin qu’elles riment entre elles, explique l’artiste. Je suis sensible à la musicalité des accrochages. Il faut les penser en termes de déambulation.»

À l’heure de fermer l’une des caisses, un détail attire l’œil de Bernard Moninot sur « Point de rosée » (photo). Il prend un peu de recul, observe les différentes pièces qu’il a délicatement attachées dans la caisse et lance : «Je pourrais presque l’exposer ainsi, présentée dans sa caisse de transport, tant elle inspire le voyage…»

Lustrage et cirage

Mais le temps presse. Le musée Saint-Roch est fermé au public pendant un mois et ce laps de temps est dévolu au grand nettoyage annuel. Tout y passe des sols au plafond, des salles de collections permanentes à l’apothicairerie. Pour Murielle, préposée entre autres au lustrage des parquets et tomettes, le timing est serré. «Pendant une semaine, je fais un travail très spécifique en utilisant un polish ou une cire qui imposent que personne ne passe dessus pendant trois jours.»

Voilà pour la théorie car dans la pratique, janvier voit passer tant d’intervenants différents que Murielle est souvent obligée de se faire entendre pour qu’on respecte son travail. Car en parallèle, partout dans le musée, ça repeint, ça rebouche, ça dépoussière ou ça déménage. C’est un peu la réputation du lieu qui se joue là. La réouverture est prévue pour le 2 février. «Nos collections permanentes devront être accessibles au grand public. Puis le 11 février, nous ouvrirons le reste des salles avec le vernissage de l’une de nos expositions temporaires, « Peintures, obsolescence déprogrammée, licences libres »» détaille Anne Grésy-Aveline, assistante de conservation chargée de la médiation et de la communication du musée d’art contemporain.

Pour elle, l’évidence s’impose : «Le mois de janvier est une période particulièrement intense. Personne n’est en vacances. Durant ce laps de temps, nous pouvons être amenés à faire venir du mobilier, à transférer des œuvres vers notre réserve en lien avec les services municipaux. Nous sommes également confrontés, selon les collectionneurs, aux délais de livraison des expositions.» La responsabilité en incombe à Estelle Bille, nouvelle régisseuse du musée (lire par ailleurs). Tandis que Bernard Moninot donne les derniers coups de visseuse à ses caisses en partance pour la Provence, dans les bureaux, Patrice Moreau, le conservateur, et toute l’équipe du musée apportent la dernière touche à la saison 2022. Plus de 21 000 visiteurs (moyenne annuelle) sont attendus dans les allées de Saint-Roch, haut lieu de l’art contemporain désormais propre comme un sou neuf. 

Musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun
Ouverture le 2 février
Expos temporaires le 11 février

Estelle Bille, régisseuse du musée


Depuis novembre, Estelle Bille est la nouvelle régisseuse du musée de l’Hospice Saint-Roch. Titulaire d’une licence d’histoire de l’art et d’un master en muséologie, la Bordelaise a complété son bagage d’une spécialité « régie des œuvres et conservation préventive ». À 27 ans, après être passée par l’Espace Fondation EDF, rue Récamier à Paris, la voilà désormais issoldunoise, et très occupée car le poste de régisseuse est «pluridisciplinaire. D’un côté il y a la gestion des collections – en prendre soin, assurer le mouvement des œuvres -, de l’autre la partie expositions. Il s’agit alors d’en assurer le montage/démontage, la maintenance. Il y a toujours une très grosse préparation lors de la venue de prêts.» Un travail qui s’effectue à la fois avec Isabelle Delestre pour la partie administrative, le conservateur, l’artiste invité ou le commissaire d’exposition. «Et une fois celle-ci lancée, nous travaillons déjà sur les prochaines à venir.»

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