Un peu d’Indre en bouteilles

Du lait de chèvre, de l’orange ou de l’hibiscus pour emblème

par Nicolas Tavarès

Et si l’Indre tenait enfin son ou ses apéritifs emblématiques. Les cocktails à l’hibiscus, le vin d’orange ou la boisson au lait de chèvre sont sur les rangs pour faire de beaux ambassadeurs.

Le Genepi des Alpes, le Pineau des Charentes, le Floc de Gascogne, le Patxaran des Pyrénées… Quasiment pas un coin de France qui n’ait sa spécialité à boire, généralement alcoolisée. Le Centre, et l’Indre en particulier, font pourtant exception à la règle. Il s’en trouvera toujours un pour vous sortir sa «poire» maison, mais à l’échelle commerciale, notre département n’a pas encore réussi à se positionner sur le marché. Depuis 2015, toutefois, ils sont quatre (dont un duo) – liste non exhaustive – à tenter de développer un produit aussi qualitatif qu’original. Dans un coin de leur tête, ils ont l’envie d’en faire un produit emblématique. De décrocher le jackpot, aussi, quelque part. À force d’abnégation, de recette secrète patiemment développée, de savoir-faire remis au goût du jour et de toutes les précautions qui s’imposent lorsque l’on s’aventure dans le monde des spécialités spiritueuses (à consommer évidemment avec modération), Ophélie Bergua (MillOrange), Jean-Christophe Michelet (Le Monde des Délices), Alexandre Rizzotto et Nicolas Guilloteau (La Capricieuse) commencent à se faire leur place.

À 46 ans, l’Ardentais Jean-Christophe Michelet se présente comme confiturier (le meilleur au monde en 2019 selon l’Organisation mondiale de la gastronomie), siropier et liquoriste. Voilà 4 ans qu’il a entamé sa nouvelle vie après avoir évolué dans le commerce international. Gelées ou sirops savamment élaborés lui ont ouvert les portes des épiceries fines et des restaurants étoilés, mais c’est bien l’utilisation qu’il fait de la fleur d’hibiscus sabdariffa originale, entre autres, qui l’a propulsé dans une autre dimension. «J’ai l’habitude de travailler des produits peu connus comme l’hibiscus mais aussi le lotus. J’aime aussi travailler les rhums, le gin ou la vodka avec une ambition : les adoucir. Car je n’aime pas les alcools qui brûlent. En fait je travaille les  alcools qui m’inspirent : un rhum haïtien 15 ans d’âge ou un 30 ans d’âge sud-américain par exemple.» Pour découvrir ses cocktails dans l’Indre ? Une seule adresse : la Malle ô Bidules. «Parce que Virginie Pierry (photo), la propriétaire, sait prendre les bons risques. C’est le seul endroit pour les amoureux des bons produits. Avant de les vendre, Virginie les a goûté!» L’enthousiasme n’est pas feint.

D’enthousiasme pour cette bonne adresse, il en est également question chez le Castelroussin Nicolas Guilloteau qui a multiplié les points de vente pour sa Capricieuse, une liqueur à base de lait de chèvre qu’il porte avec son compère Alexandre. «Nous fêtons ses trois ans le 11 juin. Les acteurs locaux nous ont apporté leur soutien et les consommateurs ont suivi les évolutions de nos produits. Les premières versions étaient plus rustiques que ce qu’elles sont aujourd’hui ! Nous avons quelque chose d’atypique qui nous permet de jouer la différence et de travailler sur les secteurs traditionnels : les cavistes et les épiceries fines comme la Malle ô Bidules et surtout les fromageries.» Prudents et patients, Nicolas et Alexandre franchissent actuellement une nouvelle étape : celle de l’export ! «Nous avons participé au salon ProWein à Düsseldorf (Allemagne) en mars. Nous avions déjà une commercialisation nationale, mais aujourd’hui nous aimerions voir nos marques présentes en Europe et pourquoi pas plus loin. Après trois ans, nous avons produit 50 000 bouteilles !»

Ophélie Bergua n’en est pas encore là. En mai 2018, la jeune femme originaire de Paulnay reprenait l’activité de l’Orangère, un apéritif à base de vin et d’orange. «Je m’occupe de la conception, de l’élaboration du produit et de sa vente. C’est un produit à maturation lente. Brut, c’est extra, mais je vais peut-être associer de nouvelles saveurs à l’orange : pêche, passion ou vanille. L’Orangère est un apéritif plus que centenaire (1895) qui était fait au château d’Azay-le-Ferron par Mme Hersent avec les orangers du jardin, pour ses convives. La production a été reprise à petite échelle à Bossay-sur-Claise pendant une dizaine d’années.»

Si Ophélie est aussi précise sur l’histoire de son apéritif, c’est parce qu’avant de devenir sa propre patronne, elle était «conseillère pour l’office de tourisme d’Azay-le-Ferron. Une restructuration de poste m’a fait perdre mon emploi. Dans la foulée, on m’a proposé de reprendre l’Orangère…» Depuis mai 2018, la société d’Ophélie est en plein développement. «J’ai une production annuelle de 3 à 4 000 bouteilles et des points de vente dans les sites de passages touristiques, ce réseau où le visiteur va trouver des produits régionaux de qualité. J’ai envie que l’Orangère devienne un apéritif connu localement.» «Pour ma part je suis ravi que d’autres alcools soient créés dans l’Indre, ponctue Nicolas Guilloteau. C’est une dynamique positive même si nous communiquons trop peu. Mais nous sommes tous débordés !»

Facebook : Le Monde des Délices
www.lemondedesdelices.com

Facebook : MillOrange
Sites : www.millorange.fr

Facebook : La Capricieuse
www.liqueurlacapricieuse.com

Rechercher
X