Une certaine idée de la culture

Sabrina Courcelles met en musique le territoire du Val de l’Indre-Brenne

par Nicolas Tavarès

« Zik à Tesseau » était le dernier festival de la saison estivale. Sabrina Courcelles, son organisatrice, est maintenant tournée vers la suite de la programmation culturelle de la « Com com » Val de l’Indre-Brenne.

Dans un passé récent, « Zik à Tesseau » aurait fermé la saison des festivals dans l’Indre. En deux soirées, le chapiteau de Saint-Lactencin aurait accueilli plus de 2000 fidèles. Seulement voilà, nous ne sommes plus dans une période normale et si « Zik à Tesseau » se tient le 4 septembre, ce n’est que pour un seul soir. Gauvain Sers en est la tête d’affiche, très loin des canons habituels d’un festival résolument rock. Sabrina Courcelles pourra malgré tout se satisfaire d’avoir mené le rendez-vous à son terme après une année d’interruption. Pour la responsable du service culturel et vie associative de la Communauté de communes Val de l’Indre-Brenne, « Zik à Tesseau » est un peu un bébé qu’elle câline depuis 17 éditions. «La paternité en revient à Jean-Paul Thibault, alors maire de Villedieu et président de la Communauté de communes. Il m’avait demandé d’organiser un festival pour les jeunes et m’avait dirigé vers les terrains communaux de Saint-Lactencin. Le tissu associatif de la commune était important, une trentaine de bénévoles sont très vite arrivés.»

Metteuse en scène de la saison culturelle, Sabrina Courcelles est originaire de Romorantin. Passée par des études d’arts appliqués et stylisme de mode, elle abandonne très vite toutes velléités de carrière dans un milieu où cela aurait été «humainement impossible. Les gens n’y ont aucun scrupule pour percer !» C’est dit. La voilà donc qui suit son conjoint à Châteauroux. «J’évoluais dans le monde de l’animation : colonies de vacances et centres de loisirs. J’ai travaillé à Châteauroux, Le Poinçonnet et Orléans où j’étais formatrice BAFA.» En 1998, lors d’un stage à Villedieu, elle découvre une annonce : «La Communauté de communes cherchait un animateur pour préparer des manifestations fêtant le passage à l’an 2000. Jean-Paul Thibault m’a embauchée. J’avais en charge deux volets : l’animation jeunesse et la culture.» Ses premières armes dans l’organisation, Sabrina les fait à l’occasion des passages simultanés des compagnies du Hasard de Nicolas Peskine et des Oiseaux fous de Raymond Peyramaure. L’épreuve du feu face à des artistes pointilleux. Mais elle relève le challenge haut la main. «À partir de là, j’ai été chargée de développer la saison culturelle.»

La confiance des élus

« Les Cafés du Rock », « La Passerelle », rendez-vous initiés par Christophe Vandaele, maire de Vendoeuvres, qui font la tournée des petits bistrots de villages, « Zik à Tesseau », « Buz’en Scènes », « Jazz au Pays », la soirée de l’humour à Neuillay-les-Bois, des spectacles pour les scolaires et depuis peu un projet mené en collaboration avec Équinoxe, la Scène nationale de Châteauroux. Dans le bureau qu’elle partage avec Dominique Caquot, chargée de communication de la « Com com », les dossiers s’empilent et la quadra gère son quotidien avec énergie et bonne humeur. Sa façon de travailler a convaincu depuis longtemps les élus. «Ils me font confiance. J’ai proposé beaucoup de choses, beaucoup ont été acceptées» explique-t-elle en toute modestie avant de saluer l’accompagnement constant de Dominique Perrot, maire de Sougé et vice-président de la Communauté de communes en charge de la culture.

Puis elle précise : «Je fais toujours des propositions de programmation en fonction de la population des communes sur lesquelles je vais aller travailler.» Cela nécessite une parfaite connaissance d’un territoire essentiellement rural. «Pour une tête d’affiche, j’essaye généralement de trouver un artiste qui touchera plusieurs générations car nous recevons surtout un public familial.» Mais la patte Courcelles, c’est d’abord une certaine idée de l’accueil. « Zik à Tesseau » en fait l’expérience à chaque nouvelle édition : «On forme un duo avec Dominique (Caquot) ; on a plutôt une bonne réputation. Nous aimons simplement que les artistes soient détendus quand ils viennent chez nous. Je ne sais pas si c’est une recette, en tout cas pour nous c’est naturel.»

Elle rêve de Ben Harper

L’autre touche personnelle de Sabrina, c’est son goût prononcé pour la musique festive, en tout cas très remuante. Inspiration puisée dans les pas d’un papa guitariste qui eut sa petite notoriété dans les années 80-90 avec les groupes Nicotine ou Matt Masson. Un soir, il faisait un boeuf avec la Mano Negra. Un autre, il apparaissait en première partie d’une bande d’olibrius qui ne s’appelait pas encore les Négresses Vertes. Bizarrement, Sabrina n’a jamais joué d’un instrument de musique, mais elle est littéralement cernée par la musique : ses trois enfants ont renoué avec la fibre artistique du grand-père, l’aîné évoluant avec le combo The Black Tomate dont Carré Barré vous a parlé en avril dernier.

Sabrina est donc branchée sur courant alternatif. Rien de surprenant à voir passer Sinsémilia, les Négresses Vertes, Trust – «1961 entrées, notre record d’affluence !» (voir la vidéo) -, Sergent Garcia, les Fatals Picards ou les Tambours du Bronx dans ses programmations. Elle verrait bien Manu Chao monter sur la scène de Saint-Lactencin. Mais son rêve absolu, c’est avoir Ben Harper !

«J’ai déjà appelé son équipe. Ils m’ont demandé quel était mon budget. Quand je leur ai dit, ils m’ont expliqué que Ben Harper était trop cher pour nous !» Il en faudrait bien plus pour qu’elle renonce. «Les subventions diminuent, le coût de la vie augmente, mais j’aime négocier avec les artistes. Ça n’est pas toujours drôle, mais je le fais parce que j’ai envie d’une programmation qui vaille le coup.» Et toute l’année ce sont les habitants de la « Com com » du Val de l’Indre-Brenne qui en profitent le mieux.

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