A l’heure où le relais point

Le vélodrome régional de Bourges a accueilli une nouvelle édition des 3 et 6 heures de cyclisme sur piste. Une épreuve organisée par… l’AC Bas-Berry Issoudun.

par Nicolas Tavarès

Arsène Hervouet (en tête) file vers la victoire dans les 3 heures

Il y a quelques années de cela, Roger Hervouet, président de l’AC Bas-Berry Issoudun, avait jeté un pavé dans la mare cycliste. Râleur comme pas un et ne partageant pas les vues du projet sportif d’alors, il avait menacé de faire scission avec le comité de l’Indre auquel son club appartenait. A l’époque, le dirigeant envisageait rien moins que de s’exiler dans le Cher où l’herbe lui semblait plus verte…

Les temps ont changé, le bonhomme s’est apaisé. Il faut dire que le comité du Cher a sévèrement pris la foudre ces derniers mois, plongeant la petite reine du Haut Berry dans une désespérance dramatique. Roger l’avoue, l’œil toujours aussi malicieux : « J’ai bien fait de ne pas y aller ! » Choix judicieux, donc, qui n’empêche pourtant pas l’ACBB d’être un peu comme chez elle à Bourges, en tout cas du côté du vélodrome du CREPS, anneau régional, où les Issoldunois organisaient, ce samedi, les 3 et 6 heures.

Une belle épreuve à la fois promotionnelle et ludique pour laquelle on vient parfois de loin pour courir par équipes de trois, en relais libres. On vient donc de la Région Centre, mais aussi d’Ile-de-France, de l’Occitanie ou même de Bretagne qui a envoyé un ambassadeur de choix : Patrice Huby, tout récent champion du monde masters de course aux points. Dans le flot des participants, on repérait aussi l’internationale junior Victoire Berteau, Marc Sarreau, le sprinter de Groupama-FDJ ou Jean-François Guiborel, coordinateur du vélodrome de Saint-Quentin et ancien six-dayman professionnel.

« Tout à faire pour le public »

Roger Hervouet apporte la touche finale au podium des 3 heures

Il y a quinze jours de cela, ce dernier croisait déjà la route des Issoldunois dans les 6 heures de Roubaix. Avec les deux vieux copains qui composent son équipe, il ne voulait pas manquer l’épreuve de Bourges. Sélectionné pour les Jeux Olympiques de Montréal en 1976, champion du monde militaire, à 65 ans, la « Guibole » n’en finit plus de tourner. « J’ai 65 ans, si mon corps ne part pas totalement en vrac, c’est parce que je suis encore sur la piste. On est venu pour la bonne ambiance, mais attention, je vais me faire mal à la gueule » promettait-il en préparant sa machine de course.

Lui qui a fait ses débuts de pistard à 15 ans dans le chaudron de Gand, se désespère de voir le public revenir dans les vélodromes. Celui du CREPS de Bourges ne viendra pas le contredire. Pendant que les minots disputent les 3h ce samedi matin, les gradins demeurent désespérément vides. « Sur la piste, tout est à refaire au niveau public. Même à Saint-Quentin, qui n’est qu’à vingt bornes de Paris, on a l’impression que c’est le bout du monde. Le 16 novembre, nous organisons le Gala des Stars qui rassemblera pistards et routiers. On y fêtera la fin de carrière de Samuel Dumoulin. On va inviter du monde, il y aura un banquet. Ce sera vraiment une ambiance 6 jours. Si ça ne prend pas là, je ne sais pas quoi faire… »

A Issoudun, avant de penser déclencher l’hystérie collective des spectateurs, on a préféré prendre le problème à l’envers. Tout commence dès les premiers pas dans le club. Lorsqu’il prend une licence à l’ACBB, le jeune coureur doit savoir qu’il entre en religion pistarde. Le vélodrome Mérillac attend les tours de roue l’été. L’hiver, un pont aérien s’organise pour conduire jeunes et moins jeunes vers le vélodrome du CREPS. « Les gars y viennent les mardis et jeudis, parfois même le dimanche matin » dévoile Roger Hervouet. « Deux à trois fois dans l’année, nous organisons aussi des épreuves. Les 3 et 6h aujourd’hui, mais aussi la formule idéale : un omnium toutes catégories le 21 décembre à la mémoire de mon vieux Gilou ».

Un hommage à Gilou

Serge Guillaneuf, président de l’UCC et pistard par défaut et pour le plaisir

Gilou, c’est le regretté Gilles Malard, président de l’UC Châteauroux qui, avec Christian Fenioux, faisait de la piste un sacerdoce. « Plein de choses nous séparaient mais sur le tard, on est devenu copains tous les deux » se souvient Roger Hervouet, ému. Le Trophée Fenioux-Souvenir Malard coulait donc de source. La plupart des engagés des 3 et 6 heures y reviendront. Serge Guillaneuf aussi, sans doute.

Lui est le président de l’UC Châteauroux. Dirigeant mais aussi pistard par défaut : « C’est Eric Hervouet qui m’a fait connaître la piste il y a quatre ans. Pendant deux hivers, je venais régulièrement. Moins maintenant à cause du travail, mais j’adore ça. Il y a une véritable ambiance, tout le monde se connaît. Et puis je suis aussi là pour soutenir Roger et Eric qui sont de vrais passionnés de la piste. Ils la respirent littéralement. » Au terme des 3 heures, Serge Guillaneuf se félicitait de n’avoir perdu que 60 tours sur le trio Hervouet (Arsène)-Boutron-Salerno, vainqueur avec 605 tours soit 121km à tourner en rond. Eux comme bien d’autres attendent déjà la suite avec impatience.

Eric Hervouet, fils de, est remonté en selle depuis quelques temps. Sur l’anneau, il a trouvé une seconde jeunesse. Il voit en grand pour l’avenir. C’est lui qui menait la troupe à Roubaix il y a quinze jours pour une troisième place finale : « Si on voulait, pendant l’hiver, on pourrait disputer une vingtaine d’épreuves, presque une par week-end. Avec les dirigeants de Roubaix et Saint-Quentin, on réfléchit à monter une sorte de tournée des vélodromes pendant l’hiver. C’est juste pour le plaisir de la compétition, il n’y a rien à gagner. »

Rien à gagner si ce n’est se tirer la bourre pendant six heures pour l’honneur de l’équipe.

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