Châteauroux retrouve la mémoire

Retours vers le Futur : rencontres cinématographiques du 3e type

Par Nicolas Tavarès

Retours vers le futur 4 – du 17 au 23 mars 2010 from Ciclic on Vimeo.

Sans thématique revendiquée, le 12e festival Retours vers le Futur va placer l’Apollo au cœur de la mémoire visuelle castelroussine. Attention : événement.

Ce jour-là, Camille Girard, le programmateur de l’Apollo, s’installe confortablement dans le salon à l’étage du cinéma. Il égrène la liste des événements qui composeront le festival « Retours vers le Futur », douzième du nom (21-27 mars) et elle est longue. Très longue. Dense au point de marquer une véritable montée en puissance de ces rencontres cinématographiques dédiées à la mémoire et appelées « dans les trois ans à devenir un événement incontournable. 2018 sera une édition de transition, sans thématique précise, mais déjà dans une autre dimension. » Pas de thématique, donc, mais Camille Girard n’en démord pas : « La question de la mémoire et des archives est déjà une matière importante. La programmation de cette édition a donc été faite en fonction des opportunités et des coups de cœur… » La première de ces opportunités, c’est la venue de Jean-François Zygel en septembre dernier à Nohant. Camille Girard approche le pianiste improvisateur, compositeur, homme de télé (« Zygel Académie » sur France 2) et de radio (« la preuve par Z » sur Inter) « et nous avons parlé cinéma, tout simplement. C’est un vrai connaisseur du cinéma muet en particulier. » Comme il est un grand spécialiste de l’accompagnement musical, l’idée chemine tranquillement pour faire de sa présence le principal temps fort de « Retours vers le Futur » (24 mars). Et pas à l’Apollo mais bien sur la scène d’Équinoxe. « Il va présenter une création ; une improvisation sur des images d’archives de Châteauroux dans lesquelles se glisseront des portraits de Depardieu, Rollinat ou Christine Angot. Il se pourrait même qu’il s’amuse à croquer musicalement des gens présents dans la salle. Je ne m’attendais vraiment pas à ce que Jean-François Zygel nous fasse du sur-mesure ! »

Jean-François Zygel sera sur la scène d’Equinoxe pour une improvisation musciale…

Passer de l’Apollo à Équinoxe. S’arrêter au Café Équinoxe. Revenir dans la salle créée au début du XXsiècle par Maurice Brimbal. « Retours vers le Futur » s’imposera comme un véritable fil d’Ariane entre les lieux. « Parce que nous souhaitons proposer quelque chose de transversal, de pluridisciplinaire. Le cinéma, aujourd’hui, on le retrouve au théâtre, dans la musique. Nous voulions mélanger tout ça dans le festival. » La Compagnie Athra (le 21 mars), une journée spéciale « Peau d’âne » avec une avant-première de « Peau d’âme » de et en présence de Pierre Oscar Lévy (le 22), un portrait de Jean Douchet, « le pape de la cinéphilie française qui a passé son temps à transmettre le cinéma » (le 23). Déjà journée phare de la semaine, le samedi 24 mars évoquera également Maria Callas par le biais d’un documentaire de Tom Volf. Quant au dimanche, il s’ouvrira au jeune public avec l’incontournable « Fantasia » de Disney « pour un clin d’œil à l’académie de danse de Châteauroux. » Des clins d’oeil, l’Apollo en offrira une semaine durant. « Nous souhaitons toucher un maximum de public peu habitué à fréquenter le lieu. L’Apollo peut apparaître intimidant. » Un festival mettant en lumière la mémoire d’une ville, de sa région et surtout accessible à tous, voilà le meilleur moyen pour désacraliser l’endroit…

Retours vers le Futur
du 21 au 27 mars
Cinéma Apollo, Café Équinoxe, Équinoxe La Grande Scène
(retrouvez les temps forts
dans notre agenda)

Le Cabaret Noir du Café Equinoxe
ou l’hommage rendu à Maurice Brimbal

Dans une édition éclectique à souhait avec d’innombrables temps forts, le Café Équinoxe sortira du lot le samedi 24 mars. Car l’auteur-réalisateur Pascal Guilly et l’historien de la musique Jean-Yves Patte, acteurs du festival, n’ont pas oublié que Maurice Brimbal (l’homme barbu, debout au fond, sur la photo, ndlr) était non seulement le créateur de l’Apollo, mais aussi du « Pierrot Noir », un cabaret qui anima les nuits du Châteauroux de la Belle Époque d’abord de 1897 à 1901 puis de 1905 à 1911. « Le Pierrot Noir était un lieu subversif et sulfureux fréquenté, notamment, par le poète Rollinat » souligne Camille Girard. Alors pour saluer « Retours vers le Futur » à leur manière, les membres de l’association qui anime le Café Équinoxe le transformeront en Cabaret le temps d’une soirée avec l’ambition affichée de faire entrer les spectateurs dans une autre dimension. Celle d’un inestimable et étonnant patrimoine local que Jean-François Zygel aura mis en lumière quelques minutes plus tôt sur la grande scène d’Équinoxe.

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