Claire ou la vie au grand air

Elle s’est installée dans l’Indre pour cultiver des plantes médicinales

par Nicolas Tavarès

Claire Courreau, trentenaire yvelinoise, est venue en Boischaut Sud pour produire et transformer des plantes médicinales et aromatiques. Visite au pays de Claire des Prés.

Les coups de coeur, ça ne s’explique pas. Prenez Claire Courreau, ingénieure agronome de 31 ans originaire de Maisons-Laffitte (Yvelines). Il y a deux ans, elle ne savait rien de l’Indre ou si peu. Que dire du Boischaut Sud ? Certes, ses parents venaient de prendre leur retraite près d’Argenton-sur-Creuse et elle sentait qu’il était temps pour elle de s’engager dans une nouvelle voie professionnelle. Mais le Berry, c’était loin. «En 2017, l’idée de me lancer dans une nouvelle activité, quelque chose où je ne serai plus salariée, est née. J’ai toujours été intéressée par la botanique, l’utilisation des plantes. J’ai eu envie de monter un vrai projet agricole, suivre mon produit de bout en bout.»

Ce sera donc la production de plantes aromatiques et médicinales. Pour lancer son affaire, Claire va chercher sa terre promise par le biais des petites annonces, «avec un premier critère : disposer d’un terrain d’un hectare. Je cherchais dans l’Indre ou la Haute- Vienne. Au fil des visites, j’ai eu ce coup de coeur pour une maison aux Lurets, à Fougerolles : 8 000 m2 de terrain dont 1 000 seront plantés. Il a évidemment fallu tout faire : désherber une prairie enfrichée, effectuer les démarches administratives, déménager, construire un séchoir et prendre des cours.»

La terre promise à Fougerolles

Car le projet mûrement réfléchi ne tolère pas l’à-peu près. À une étude de marché auprès de particuliers pour envisager sa gamme et les prix associés, Claire a ajouté des formations. L’une auprès de la Maison familiale rurale de Chauvigny pour appréhender production et transformation des plantes ; l’autre avec l’Association pour le renouveau de l’herboristerie. Ou comment balayer d’un revers de main le cliché de la bobo parisienne qui viendrait goûter au revival rural ! «Je n’avais pas ce rêve il y a dix ans, confesse-t-elle. Mais travailler avec la nature, faire mes produits, être indépendante, était devenu une évidence.»

Dans sa prairie, on ne trouve pas moins de 25 plantes différentes. «Principalement des vivaces comme les Méditerranéennes, les menthes, le fenouil. Il y a également quelques plantes originales (lire ci-dessous) qui s’adaptent très bien au Boischaut.» Une récente opportunité lui a fait reprendre « Le safran de Rochefolle » synonyme, déjà, de développement. Aujourd’hui, sa gamme s’étend aux pâtes, biscuits aromatisés aux plantes, tisanes. La suite ? «En 2019, j’ai récolté 24 kg de plantes sèches. Avec le mondage (séparer les feuilles des tiges, ndlr) c’était déjà beaucoup de temps. Je complète ça avec des jus de pomme et des biscuits au safran. Mais je n’aurai une récolte représentative que l’an prochain. C’est à ce moment-là que je trouverai mon rythme de croisière.»

Pour patienter, Claire Courreau se fait VRP de Claire des Prés. Elle multiplie les contacts, court les marchés et boutiques bios et vrac du département. Elle s’est également mise en quête de restaurateurs de la région qui pourraient utiliser son safran. Un an après, l’Yvelinoise est désormais adoptée.

Claire des Prés
Facebook : Claire des Prés
Site : Claire-des-pres.com

Des plants du Conservatoire national…

S’il n’est pas le seul des fournisseurs de Claire Courreau, le Conservatoire national des plantes à parfum, médicinales et aromatiques (CNPMAI) installé à Milly-la- Forêt, est en tout cas le plus original. Une sorte d’institution en la matière qui s’appuie sur le statut d’association loi 1901 à but non lucratif. Son objet ? : gérer, valoriser et conserver les ressources génétiques des plantes à parfum, médicinales et aromatiques afin, notamment, de participer à la sauvegarde de notre patrimoine naturel. C’est au CNPMAI que Claire a redécouvert l’agastache anisée, la périlla (du basilic japonais), la livèche (céleri vivace) ou «la monarde, pour des tisanes, que je vais sans doute bientôt commander. Le centre, pépiniériste bio, dispose d’une gamme très large de plantes originales.»Des plantes qui semblent désormais s’épanouir à l’air du Boischaut Sud.

Rechercher
X