Déjà 10 ans par Toutatis

Une décennie de Librairix à Châteauroux, ça se fête évidemment avec des bulles.

par Nicolas Tavarès

À force de mettre l’antépénultième lettre de l’alphabet à toutes les sauces depuis qu’il fait commerce de planches et de phylactères, Denis Moreau aurait pu devenir le roi du X dans le Berry. Mais nous sommes dans le monde de la Bande Dessinée et les Denix, Arcanix et autre Galerix (liste non exhaustive des déclinaisons possibles autour du concept Librairix), sont avant tout l’hommage appuyé d’un fan de neuvième art à René Gosciny et Albert Uderzo, les pères d’Astérix et Obélix. Denis Moreau (photo ci-contre) est un passeur de bulles grand public. Et c’est à Bourges que l’on trouve trace du Librairix originel (lire ci-dessous). Mais présentement, c’est sa version castelroussine, dont on fêtera les 10 ans les 11 et 12 octobre prochains, qui nous intéresse.

C’est en effet rue Grande que Franck, Solenn et Clarisse recevront une dizaine d’auteurs en dédicaces pour les aider à souffler les bougies du gâteau d’anniversaire. En se remémorant la courte histoire du lieu, ils n’oublieront pas que Librairix s’est d’abord appelée Arcanix et avait pignon sur rue depuis le trottoir d’en face. Élodie Bonnafoux, qui tenait la Librairie Arcanes, et Denis Moreau échangèrent sur l’idée d’une librairie spécialisée BD. Le projet donnera naissance à Arcanix en 2014, mais l’association fera long feu. Rien de tel que l’écriture d’un scénario dystopique pour rejouer le fil de l’intrigue. À l’époque, il se serait présenté en trois tomes, tous parus dans le courant de l’année 2020. Le premier, en avril, baptisé « D’un nom à l’autre » ; où comment Arcanix devient Librairix. Le tome 2, en mai, intitulé « Déménagement » aurait conduit le lecteur dans un nouvel univers, un lieu chargé d’histoire, un temps resté vacant suite au départ d’Arcanes pour la rue de la gare, toujours à Châteauroux.

Un lieu chargé d’histoire

Le troisième, en novembre, sobrement titré « Rêve de Gosse » aurait raconté ces quelques mois de négociations menant à l’installation de Librairix au numéro d’en face. «Pour Librairix, s’installer à la place de la librairie Arcanes a constitué un grand tournant, explique aujourd’hui Denis. C’est un lieu historique à Châteauroux avec une belle surface de vente (110m2), mais surtout nous nous installions dans la librairie où je venais quand j’étais gosse, là où j’ai grandi et développé ma passion pour la bande dessinée !» En un an dans ses nouveaux locaux, Librairix doublera son chiffre d’affaires. Pourtant, la concurrence fait désormais rage dans la cité. «Il y a 10 ans, il n’y avait pas de librairie BD à Châteauroux. Aujourd’hui, il y a la Fnac, Arcanes a son propre espace, il y a Paradis du Manga et en périphérie, il y a aussi Cultura, énumère Denis. Ce qui nous sauve c’est la loi du prix fixe. Et nous avons l’essence du libraire indépendant.» Comprenez le conseil du spécialiste, ce petit truc en plus que n’a pas le net.

Une équipe complémentaire

Chez Librairix, ils sont trois pour vous servir : Franck, généraliste et comics ; Solenn, littérature jeunesse ; Clarisse, manga (photo). «C’est compliqué de trouver une bonne équipe comme celle-ci. Ils sont complémentaires et donnent son identité à la librairie» estime encore le boss. Solenn et Franck se sont croisés il y a quelques années dans la grande distribution ; les deux parlent de la convivialité qui transpire des murs de Librairix. Clarisse, elle, n’était pas destinée au métier de libraire. «J’étais cliente et élève en école de mangaka à Toulouse. Franck a parlé de moi à Denis, ils m’ont proposé d’intégrer l’équipe pour devenir la spécialiste manga. Je n’ai pas hésité.» Elle anime le genre force newsletters, ateliers et club manga en rêvant d’accueillir un jour un véritable mangaka japonais !

Solenn a pour mission de «redynamiser le rayon jeunesse, un genre qui se développe tellement». Franck, quant à lui, est un peu l’électron libre qui se démène pour attirer des auteurs en dédicaces ; un exercice «compliqué, mais indispensable car c’est de la communication positive.» Les trois participent en tout cas au succès de la librairie BD et challengent même régulièrement la grande soeur berruyère en termes de vente d’albums. Dans le courant du mois, Librairix Châteauroux va même entrer dans l’histoire. L’équipe a pour habitude de participer à des concours de vitrines. Récompensée pour « Le Château des Étoiles » et « Les Schtroumpfs », elle vient d’être à nouveau distinguée pour une série à succès portée par l’un des éditeurs (belge) les plus célèbre dans le milieu. La récompense ? Librairix figurera dans l’une des pages du nouvel album à paraître. «Grâce aux vitrines, Librairix a une aura dans le milieu. Là, c’est une consécration !» L’année des 10 ans, c’est tout simplement magnifix!

Librairix
74, rue Grande à Châteauroux
Tél.: 09 83 21 31 81
FB : Librairix Châteauroux

Et maintenant l’édition !

Originaire de Châteauroux, c’est à Bourges que Denis Moreau a débuté l’aventure Librairix qu’il a repris en 2006. À la librairie BD généraliste ouverte en 1979, et son espace jeunesse s’est ajoutée une boutique manga en 2021. Coincée entre les deux cellules, rue Coursarlon, il resterait bien une place pour «la galerix puisque ça n’existe pas à Bourges sur la thématique de la BD.» Mais le dossier est pour l’instant à l’arrêt. Denis Moreau a donc tenté un nouveau pari : créer une maison d’édition. En 2023 il proposait « Adieu Paris » de Fred Langout. À la fin de l’année, « Repiquage », toujours de Langout, précèdera « Mon papa est hôtesse de l’air » de Yann D’Abbadie illustré par Frank Margerin.

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