Little Big Nath
Visage bien connu dans l’Indre, Nathalie Gallois a travaillé dans l’ombre de Jean-Michel Jarre
par Nicolas Tavarès
Si vous avez déjà assisté à un concert du festival Darc ou à un match des demoiselles du Poinçonnet basket, elle était là. La tournée Stars 80 et ses déclinaisons ne fera pas étape dans l’Indre si ce petit bout de femme et son appareil photo ne sont pas au pied de la scène. À Luant, pour les Estivales de l’étang Duris ou le festival international pyrotechnique, son mètre soixante et sa coupe hérisson teintée d’un gris métallique se promènent entre backstage et public. Même les épreuves de tir des Jeux Olympiques et Paralympiques ont vu passer Nathalie Gallois, embauchée par la Fédération internationale de tir. Il faut dire que la Castelroussine, au-delà de ses talents d’informaticienne et de photographe, sait manier l’art de la débrouille. Nathalie ne le dira pas mais les Jeux à Châteauroux auront été son Graal.
«Je rêvais de les faire, mais pour moi c’était inaccessible. Quand j’ai eu mon accréditation autour du cou, la première chose que j’ai faite, c’est d’aller devant les anneaux olympiques pour me faire prendre en photo. Pendant les Jeux j’ai retrouvé la même excitation, la même euphorie que pour la tournée de Jean-Michel Jarre en 1993 !» Pour mieux comprendre pourquoi Jarre s’invite dans le récit, mieux vaut reprendre le fil de l’histoire de Nathalie depuis sa naissance en 1973. Aînée de trois enfants, elle admet «avoir été une teigne pour (mes) frangins !» À 11 ans, ses parents l’envoient de l’autre côté de la Manche pour parfaire son anglais. Il en résultera certaines facilités pour les langues étrangères : «Je parle anglais, italien, espagnol ; en fac je me suis amusée avec le hollandais et le japonais. J’ai même appris le Valyrien, la langue inventée pour Game of Thrones.»
Cinq langues et le Valyrien
En 1993, Deug de langues en poche, on lui propose un poste de traductrice au Conseil européen à Bruxelles. «J’ai refusé et c’est là que ça a dérapé» s’amuse-t-elle aujourd’hui. Car depuis depuis le début des années 80, Nathalie est avant tout fan absolue de Jean- Michel Jarre qu’elle verra pour la première fois en concert à La Défense en 1990. En 1993, donc, le Pape de la musique électronique lance « Europe en Concert », une tournée qui débute au Mont-Saint-Michel. Nathalie a convaincu ses parents d’aller en vacances dans la baie pour être au plus près de son idole. «Avec un ami hollandais, JaXx, on croise Jean-Michel tous les jours, on discute avec les techniciens. À la fin du concert, comme ils s’arrêtent là, les techniciens nous offrent leurs accréditations. On n’y fait pas attention tout de suite, mais elles sont valables pour toute la tournée. L’idée folle est née là.»
JaXx et Nathalie décident de suivre la tournée. Versailles, Lausanne, Bruxelles et Tours suivront : «On assistait aux répétitions, on sympathisait avec les musiciens. Mais à Bruxelles, l’assistante de Jean-Michel Jarre nous demande ce qu’on fait là et menace de nous retirer les accréditations. Comme on ne faisait pas de mal, on a pu continuer. Et j’ai demandé l’autorisation de filmer le concert pour les fans. Jean-Michel demande à voir le résultat, il valide. Pour nous remercier, il nous offre des places pour le dernier concert de la tournée à Tours.»
Nathalie ne le sait pas encore, mais elle vient d’embarquer dans une aventure qui va durer 10 ans. Francis Rimbert, le clavier de Jarre, devenu ami de la Castelroussine lui apprend ainsi qu’un concert aura bientôt lieu à Hong Kong (1994). Nathalie veut filmer les coulisses de l’évènement. Quelques fans se cotisent pour l’envoyer là-bas et sur place, un mécène, fan de Jarre, prend le séjour à sa charge. Pour les billets de concert, Nathalie se souvient : «Jean-Claude Camus était le nouveau producteur de Jean-Michel, je l’ai appelé pour lui expliquer ma démarche. Il me répond que quelqu’un nous attendra à Hong Kong. On a récupéré des pass tout accès, j’ai même pu monter sur scène derrière le clavier circulaire de Jarre.»
Égypte, Grèce et Danemark
Nathalie Gallois a gagné la confiance de ce dernier qui l’intègre à son équipe et la surnomme Big Nath. Invité de Michel Drucker pour Studio Gabriel, l’artiste l’appellera pour la présenter en direct à la France entière. «En 1995, on devient les rois du monde. Je suis l’intermédiaire entre Jarre et ses fans. Internet arrive et il me demande de lui créer son premier site.»Le concert de l’An 2000 en Égypte, la Grèce, le Danemark, autant de concerts qui donnent le tournis à Nathalie. Puis le rythme va peu à peu ralentir. «J’ai suivi Jean-Michel Jarre comme ça jusqu’en 2004 puis il a bien fallu trouver un boulot à temps complet. Nous sommes restés en contact depuis.» Le 8 septembre dernier, la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques transformait le Stade de France en dancefloor.
C’est à Jean-Michel Jarre, 76 ans, que Paris 2024 a confié l’ouverture du set des 24 DJ’s. «Les jeunes ont découvert qui il était. Il a fait une belle prestation. Il venait de faire le concert de Bratislava, un truc à la Jarre quoi !»Fin septembre, Nathalie Gallois a retrouvé les concerts, ceux de Mylène Farmer cette fois. «Mon challenge, c’est d’avoir ma photo avec elle. Franchement, je ne regrette rien de mon parcours : interprète à Bruxelles, je me serai emmerdée. Mais ce qui me fait peur aujourd’hui, c’est qu’après les concerts de Mylène Farmer, on va retomber dans la routine. Derrière les Jeux, ça va être hyper violent !»