La fine équipe débarque

La ferme-théâtre de Bellevue présente son nouveau spectacle

par Nicolas Tavarès

La nouvelle production de la ferme-théâtre de Bellevue se joue en juin. Avec « La fine équipe », Jean-Christian Fraiscinet rend, à sa manière, un hommage au maquis de Gâtines.

Imaginez « Un pont trop loin », le film de Richard Attenborough qui serait revisité à la sauce « Grande vadrouille » et saupoudré de l’esprit du Splendid, celui qui planait sur « Papy fait de la résistance ». Le cocktail serait détonant. Le redoutable mélange existe pourtant et se nomme « La fine équipe ». C’est la nouvelle production en plein air de la Ferme-Théâtre de Bellevue à qui l’on souhaite la même vie que feue « La Bête à cornes », 11 ans de succès «et arrêtée en pleine gloire par la pandémie !» plaisante Jean-Christian Fraiscinet. « La Fine équipe » s’annonce pour huit représentations du 3 au 12 juin avec une soixantaine de comédiens professionnels et de bénévoles en scène.

Jean-Christian Fraiscinet pendant le tournage du teaser

Le teaser réalisé en juin 2020 et l’affiche du spectacle ne laissent aucune place au doute : la fine équipe en question ne débarque pas pour engendrer la monotonie. Jean-Christian Fraiscinet et la troupe de Villentrois ont laissé leur projet maturer trois ans. «Le scénario définitif a été écrit dans l’avion qui nous menait en Thaïlande pour le tournage du film des Bodin’s. Le texte, lui, avait été écrit lors du premier confinement. Les répétitions ont commencé cet hiver. Nous n’avons jamais connu des conditions de répétition aussi étalées dans le temps» ironise Jean-Christian.

« La fine équipe » se déroule en juillet 1944. C’est l’histoire de Maurice, fermier à Bellevue, de quelques amis qui forment avec lui la base arrière – mais très à l’arrière – de la résistance en assurant la logistique du maquis de Gâtines. Tout ce petit monde a pour mission de faire sauter un pont pour ralentir la progression des troupes allemandes. S’ajoute à cela la lente procession des populations de l’ouest du pays qui fuient les combats après le débarquement. Une famille bourgeoise va se retrouver coincée à Bellevue pour un choc des cultures. Voilà pour les premières bases d’un spectacle burlesque très attendu.

Burlesque, mais documenté comme l’explique Jean-Christian Fraiscinet, scénariste et metteur en scène du spectacle : «Il est fait pour rire, avec un peu d’émotion et de mélo. C’est une fiction, mais le maquis de Gâtine a bien existé, lui. Mon grand-père maternel m’en a beaucoup parlé. C’est presque comme un hommage. Il y a eu jusqu’à 3 000 personnes dans cette forêt. Il y avait des petites pistes d’atterrissage, des parachutages d’Anglais mais aussi des exactions dans les fermes alentours. Il faut donc faire très attention à ce que l’on dit.» Pour coller plus ou moins à la réalité, Jean-Christian a lu les ouvrages de Gilles Groussin, spécialiste de la résistance dans l’Indre «et à chaque fois que nous avons joué à Caen avec les Bodin’s, je suis toujours allé au Mémorial. Je suis aussi retourné dans la forêt de Gâtines…»

En dépit des inquiétudes qui perdurent quant à la situation sanitaire, le metteur en scène veut croire que les huit représentations se tiendront. «Ne pas réussir à faire manger les spectateurs avant le spectacle comme c’est la tradition ici, c’est en fait la seule chose que l’on craigne. Pour le reste, on sait que les gens ont hâte qu’on présente un nouveau spectacle. Le teaser a fait du bruit. Nous créons « La fine équipe » pour la faire évoluer d’année en année. En 2022, il devrait y avoir plus de représentations.» Et toujours dans une franche rigolade.

« La Fine équipe »
les 3, 4, 5, 6, 9, 10, 11 et 12 juin
Ferme-Théâtre de Bellevue
Formule dîner-spectacle
Réservations, tél.: 02 54 05 10 83
www.cameleonproduction.fr

Christèle Chappat, la femme aux 250 costumes

Comédienne – elle tient le rôle de Julie dans « Les Bodin’s grandeur nature » et dans les productions de la ferme-théâtre de Bellevue -, Christèle Chappat a une marotte: les costumes. C’est donc elle qui gère ce dossier essentiel au sein de la troupe avec l’aide bienvenue de couturières bénévoles. Christèle a chez elle plus de 250 pièces «du style XVIIIe, Premier Empire, années 20, 40 et 50. J’ai fait du stock depuis longtemps. Il faut être très organisé : j’ai tout numéroté.» Pour « La Fine équipe », Christèle a réalisé un travail de fourmi : «Avec « La Bête à cornes » il y avait une trentaine de costumes. On a doublé les effectifs pour le nouveau spectacle. En 1944, époque où se déroule l’action, les hommes étaient un peu plus petits. Il a fallu trouver des casquettes, des bérets en tour de tête 54, des bretelles à boutons aussi. Je lance un appel, j’en cherche toujours!» Pour trouver les costumes qui colleront le mieux aux époques, Christèle a ses petits secrets qu’elle dévoile volontiers : «Un monsieur de Poulaines, M. Roger, a fait beaucoup de dons. L’an dernier, une dame en avait également fait. Je vais aussi assez régulièrement à la Croix-Rouge de Valençay où il est possible d’acheter des vieux vêtements pour 1 euro.» Christèle justifie humblement sa passion des costumes : «Ça me plait. À ma manière, j’ai pu préserver les biens de plusieurs générations.»

Rechercher
X