La rentrée de l’Apollo en contre-plongée

Jour de rentrée au cinéma art et essai castelroussin qui a dévoilé la programmation du début de saison. Un long et agréable plan-séquence pour le presque centenaire.

par Nicolas Tavarès

Le 11 septembre 2020, l’Apollo de Châteauroux soufflera ses cent bougies. N’allez pourtant pas penser que l’institution cinématographique castelroussine porte le poids des ans sur ses bobines. On en est bien loin et toute l’équipe qui fait vivre l’endroit esquisse déjà des sourires à l’évocation des surprises qui salueront l’événement. Mais il sera bien assez temps pour en parler l’année prochaine.

Car ce qui occupe les esprits en ce mardi 17 septembre estival, c’est la rentrée des classes studieuses de l’Apollo. Au lendemain de la projection en avant-première de «Alice et le maire» de Nicolas Pariser, le calme est retombé dans la salle, sobrement éclairée pour accueillir les médias. «C’est un moment rare de se retrouver ici car tout au long de l’année, les matinées de l’Apollo sont consacrées aux projections pour les scolaires» rappelle Camille Girard, programmateur de la maison de l’image. C’est lui qui va dérouler le fil rouge après un préambule de Jérôme Montchal, nouveau directeur d’Equinoxe-L’Apollo qui résume ainsi les temps forts à venir : «L’Apollo va proposer une saison très équilibrée. Exigeante pour le jeune public. Patrimoniale, en faisant la part belle aux réalisateurs reconnus mais également aux découvertes. Et ce qui fait son sel : la venue de comédiens, de réalisateurs ou de spécialistes qui donneront un supplément d’âme à la programmation.»

L’Apollo version 2019-2020 se veut donc au contact direct de l’actualité et en lien avec des thématiques contemporaines. Il en ira ainsi avec «Ouaga Girls», le 3 octobre, pour ouvrir la parenthèse en partenariat avec la Délégation départementale aux Droits des femmes et de l’égalité. Actrices de la société civile, qu’elles soient transporteuse, agricultrice, sapeur-pompier ou vétérinaire, interviendront au terme de la projection du film burkinabé de Theresa Traoré Dahlberg évoquant des femmes apprenties mécaniciennes.

«A quoi sert l’architecture ?» Vaste sujet qui servira de base à un autre débat co organisé le 18 octobre avec Ludovic Biaunier, architecte castelroussin, en présence de Paul Chemetov, lui aussi architecte à qui l’on doit, notamment, le Ministère des finances à Bercy. L’échange s’accompagnera de la projection de «L’arbre, le maire et la médiathèque» d’Eric Rohmer. Camille Girard promet du «plus classique» en octobre, toujours (le 23), pour la venue de Diego Governatori qui viendra présenter «Quelle Folie», son film racontant le parcours d’Aurélien, autiste Asperger, «un film curieux et exceptionnel qui méritait que son réalisateur soit là pour en parler…»

« New York 1997 » verse au répertoire

Julie Bonnet-Roger, Jérôme Montchal, Maud Belsoeur, Jean-Marc Champeau, Agnès Rabaté, Camille Girard, Eric Defaix et Emmanuelle Marcelot (de g. à d.)

L’Apollo aura proposé un mois d’octobre particulièrement dense, on le voit, ce d’autant plus que le 10, le cinéma lancera la Nuit du Polar avec «New York 1997» de John Carpenter, «un film culte qui fait désormais partie du répertoire». Le jeune public sera également associé à l’événement puisque pour la première fois, un chapitre du jeu-enquête – «L’après-midi Polar» – lui sera ouvert. Agnès Rabaté, chargée de l’action culturelle : «Nous allons proposer «Une vie de chat» d’Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli qui sera suivi d’une enquête dans tout le cinéma ; nous travaillons également sur une ouverture aux scolaires… »

Densité du début de saison, disions-nous plus haut. Octobre n’était qu’une mise en bouche car s’ajouteront les «Carte Blanche», nouvelle passerelle entre la scène nationale d’Equinoxe et l’Apollo ; entre le cinéma et le théâtre. Au générique, par ordre d’apparition à l’écran : le metteur en scène Hugues Duchêne qui présentera «Je m’en vais, mais l’Etat demeure» à Equinoxe le 24 novembre. Il interviendra toutefois le 5 du même mois pour la projection de «Le Président» réalisé par Yves Jeuland. Un film en prise directe avec l’un des thèmes favoris de Duchêne : la vie politique française. Le 11 novembre, sitôt sorti de scène où il aura joué «La vie de Galilée», Philippe Torreton aura carte blanche pour présenter «Trois jours et une vie» de Nicolas Boukhrief. La série automnale s’achèvera avec Laurence Cordier, metteuse en scène de «Ni les chiens qui boitent, ni les femmes qui pleurent», une coproduction Equinoxe proposée les 8 et 9 janvier prochains et inspirée des textes de l’artiste mexicaine Frida Kahlo. C’est justement le biopic «Frida» que Laurence Cordier a choisi pour son rendez-vous avec le public de l’Apollo, le 30 novembre.

Les cinéphiles pourraient s’estimer à bout de souffle, c’est sans compter sur décembre qui s’annonce déjà avec, en particulier, une soirée spéciale pour public averti, en tout cas attentif aux comics en tout genre. Double rasade de sourire carnassier et vengeur avec «L’homme qui rit» de Paul Leni, daté de 1928 et tiré de l’œuvre de Victor Hugo. Todd Phillips y a puisé son inspiration pour commettre un «Joker» très attendu et déconcertant. Cela valait bien que l’Apollo lui consacre une soirée spéciale dont la date n’est pas encore connue. «C’est un rendez-vous qui sera totalement dans l’idée que nous avons de faire des croisements entre l’actualité et le répertoire, insiste Emmanuelle Marcelot, chargé de l’action culturelle. «L’homme qui rit» est l’image de référence du méchant de Batman.»

 Pour être complet sur cette présentation de rentrée à l’Apollo, évoquons la programmation jeune public : «Elle reprend trois grands axes : la promotion et l’accompagnement des films jeune public, la découverte cinématographie au travers d’ateliers de pratique et un travail partenarial», commente Agnès Rabaté. Et d’insister sur «Le voyage du Prince» de Jean-François Laguionie ou «La fameuse invasion des ours en Sicile» de Lorenzo Mattotti, films tête d’affiche de la saison. Autant de rendez-vous à retrouver directement sur le site de l’Apollo (ici). Et maintenant, silence ! Ça tourne.

Marie Dupont et Rocky Horror Picture Show en mars


En termes de chiffres, la saison dernière l’Apollo c’était 1400 séances dont 120 séances médiatisées, comprenez sortant du lot. De quoi en faire un évident «lieu d’ébullition toute l’année» admet Camille Girard. La fréquentation pourrait du reste s’en ressentir fortement au vu de la suite de la saison. Sans en dire trop – la programmation est encore à l’état de story-board -, Camille Girard a toutefois levé une partie du voile sur le prochain «Retours vers le Futur» (25 au 31 mars 2020). Sa thématique, bien dans l’air du temps – «Masculin-Féminin, question de genres» – s’ouvrira avec la mystérieuse Marie Dupont que l’on vous invite fortement à suivre sur Facebook (ici). Très attendu, également, le célèbre «Rocky Horror Picture Show», spectacle déjanté qui occupe tout autant la scène que l’écran et qui se joue au Studio Galande à Paris depuis 1980. Préparez eau et riz, révisez le Time Warp, l’Apollo va être littéralement retourné. C’est tout simplement cultissime…

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