Le CNTS fait un heureux
Alain Joly, son directeur, explique comment le CNTS était l’atout maître pour Châteauroux
par Nicolas Tavarès
Imaginez : vous entretenez votre petit intérieur et un jour, quelqu’un sonne à la porte et vous annonce qu’il va s’installer chez vous dès le lendemain, mais avant de prendre possession des lieux, il vous invite à réaliser quelques menus travaux pour son propre confort. Surprenant, n’est-ce pas? Et bien pour les personnels du Centre National du Tir Sportif (CNTS), la fierté a supplanté la surprise. Celle de confier les clés du site à un locataire nommé Paris 2024. Depuis le 1er juin, le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP) est en effet chez lui à la Martinerie. Grâce à la qualité des infrastructures castelroussines de la Fédération Française de Tir, la préfecture et le département vont devenir célèbres dans le monde entier le temps des épreuves.
Alors oui, la Fédé a abandonné ses prérogatives juste après avoir «contacté les entreprises locales pour finaliser les derniers travaux de cheminement vers les stands de tir, notamment les accès pour les personnes à mobilité réduite (PMR), régler le circuit des navettes ou installer les pelouses synthétiques, énumère Alain Joly, codirecteur du CNTS avec Christophe Desfrançois. Mais ce n’était que de la cosmétique ; pendant les Jeux, Christophe, Jean- Pierre Chaulier, président de la Ligue d’Auvergne, et moi avons en charge la coordination de la gestion du site. Si un souci technique apparaît, c’est à nous d’intervenir. En revanche, c’est vrai, certains personnels du CNTS seront de l’autre côté du grillage.»
Pour Alain Joly, accueillir les Jeux à Châteauroux est «l’aboutissement d’une carrière bien remplie.» (lire ci-dessous). C’est aussi l’occasion de prouver une fois encore que l’homme est un véritable couteau suisse dans le giron fédéral. Installé à la direction du CNTS depuis juin 2023, l’homme passera la main à la fin de l’année. Parmi ses nombreux faits d’arme, il a notamment eu à gérer les hébergements des équipes de France aux Jeux de Los Angeles 1984. «On avait loué des mobil-homes pour que la délégation soit à 10 minutes à peine du site des épreuves.» Ce côté « débrouille » avait porté ses fruits : la médaille d’or pour Philippe Herbelé à la carabine 10m et celle d’argent pour Michel Bury à la carabine 50m.
Deux médailles à L.A.
Il ne vous aura pas échappé que cet épisode se déroulait il y a 40 ans. Alain Joly ne les fait pas, mais oui, il a bien 80 ans ! Lui s’en amuse, arguant que «mon père a 99 ans ! Être à l’intérieur de l’organisation des Jeux, c’est un grand honneur, mais ce n’est qu’un retour sur investissement. Au départ, le tir était un hobby, puis c’est devenu mon métier. Je rends simplement au tir ce qu’il m’a apporté.»Le côté positif de la chose, c’est que l’octogénaire en a tellement vu qu’il relativise la pression provoquée par les Jeux : «Il y a un stress latent, mais on apprend à dominer ça dans le tir. Le test event d’avril dernier s’est exceptionnellement bien passé ; nous avons rassuré tout le monde quant à l’utilisation du site. Si les Jeux sont le summum pour un sportif, en termes d’organisation technique, ça n’est pas plus important qu’un championnat national. Les Jeux, c’est 350 tireurs quand on fait des France à 1500 participants…»
Et puis surtout, Alain Joly se souvient la manière avec laquelle Châteauroux a fini par se retrouver en pole position pour les épreuves de tir sportif des JOP. «Au départ, nous avions proposé à Paris 2024 le site du CNTS, mais le tir devait se dérouler à La Courneuve d’autant qu’il y avait un grand besoin de stands en Île-de-France.»
Félicitations du jury
«Finalement, ça n’a pas pu se faire à La Courneuve. Pendant un an, nous avons travaillé avec le COJOP parce qu’il fallait régler l’accessibilité au CNTS. Le centre n’avait pas encore l’habilitation pour l’accueil des personnes à mobilité réduite. On parle là d’octobre 2023 ! Mais nous étions sereins, nous savions que nous serions dans les clous. Fin décembre 2023, nous avions coché toutes les cases pour obtenir l’habilitation. Nous avons même reçu les félicitations du jury.» Dès lors, place aux Jeux. Alain Joly et son équipe sont prêts et ils savent comment tout ceci se terminera. Au soir du 5 septembre, après la fin des épreuves des Paralympiques, le locataire Paris 2024 «rendra le site et emportera tout avec lui. La Fédération se tournera alors vers l’organisation des championnats d’Europe 2025. On attend 1 500 participants.» Mais c’est une autre histoire…
Alain Joly en bref
En juin 2023, Alain Joly a accepté de prendre la direction du CNTS. Depuis, ce Parisien de la Butte Monmartre qui fut président de l’AST Roissy, assume un intérim partagé avec Christophe Desfrançois. Du haut de ses 80 ans, l’ancien pistolier international, entraîneur de l’équipe de France puis DTN adjoint est toujours le 1er vice-président de la FFT. Il occupe le même fauteuil au sein de la Fédération internationale. À l’exception de Los Angeles 1984 (lire par ailleurs), Alain Joly n’a jamais participé aux Jeux.