Le jeu, c’est pas de la rigolade

Les 3 et 4 juin, les 24h du jeu de Châteauroux visent un record : accueillir 1000 joueurs

par Nicolas Tavarès

On a beau appeler ça jeux de société et les plus grands rendez-vous du genre dans l’Hexagone peuvent bien être affublés de petits noms sympathiques – Le PEL (Paris est Ludique), Chaud Les Jeux (Cholet), le FLIP (Festival Ludique International de Parthenay), T’as de Beaux Jeux (Grisolles) ou les Balichonades (Bayonne) – le jeu c’est du sérieux ! L’ambition d’Amélie Pourcelot et Corentin Gille, deux des neuf coordinateurs des 24h du jeu de Châteauroux (3 & 4 juin), est d’accueillir un jour le millier de participants. Ne riez pas, le record ne tient qu’à un fil avec 873 joueurs validés en 2019. «Je rêverais qu’on vienne me dire qu’on manque de passeports» imagine Corentin en montrant le précieux sésame, un bout de carton pas plus gros qu’une carte de visite et pourtant si essentiel au bon déroulement de la manifestation. C’est en effet sur lui que chaque nouvelle heure passée sera tamponnée. Et au bout de l’épreuve, des lots pour les plus courageux.

Un festival voyageur

En 15 éditions, les 24h du jeu de Châteauroux ont en tout cas acquis leurs lettres de noblesse et bénéficient d’une petite notoriété dans le paysage des festivals ludiques, peu ou prou 430 répertoriés en France. Tous ne peuvent pas se targuer de mobiliser des bénévoles jusqu’à Strasbourg, Nice ou Besançon ; Châteauroux si. Pour en arriver là, les organisateurs auront su faire preuve d’abnégation et d’un goût prononcé pour le voyage.

Car avant de s’installer durablement salle Barbillat-Touraine, au coeur de Belle-Isle, ils ont visité le Café Équinoxe (édition 1), Déols (édition 2), le hall d’entrée d’une cantine scolaire à Touvent en raison de la tempête Erika (édition 9) ou le centre de loisirs de la Valla (édition 11). Rien ne dit que la balade soit terminée d’autant que «nous commençons à être à l’étroit à cause du public et des éditeurs de plus en plus nombreux.» Il sera toujours temps d’envisager un nouveau pied-à-terre. Pour l’heure, l’armée orange se prépare. Les bases sont posées : «Ici, nous n’avons pas de Monopoly® ou de Cluedo®, on a plus original dans la ludothèque que nous proposons aux joueurs qui se regroupent parfois pour faire leur choix.»

Jouer est chronophage

Corentin apporte alors une précision : «Il est très rare de venir en simple spectateur, sans jouer. Tu finis toujours par t’asseoir à une table et c’est tellement chronophage le jeu que sans t’en rendre compte, quand la cloche sonne (toutes les heures, permettant ainsi de comptabiliser le parcours des joueurs, ndlr), tu te dis « Ça fait déjà une heure que je joue ? »Plus tard, si tu es encore là vers 5 ou 6 heures du matin tu ne vas quand même pas partir si près du but !»

«Avec les 24h, je suis convaincue qu’on peut faire passer un bon moment à n’importe qui» certifie Amélie. La gratuité est un atout pour le comité d’organisation qui compte sur les adhésions (1€) mais surtout sur sa buvette et la petite restauration proposée pour mettre du beurre dans les épinards. «C’est la seule chose que l’on interdit aux participants : venir avec ses propres victuailles. La buvette, sa restauration faite maison, c’est notre unique source de revenus.» L’an dernier, un public de fidèles avaient accompagné le retour de la manifestation après deux ans d’interruption. Cette année, ce sont les curieux que les 24h du jeu souhaitent attirer. Leur atout ? «Des jeux de société modernes accessibles à tous de 6 à 99 ans, des jeux d’ambiance ou d’autres dont la partie va durer 3 heures.» Puisqu’on vous dit que c’est sérieux le jeu.

24h du jeu de Châteauroux
www.24hdujeu.fr
FB : Les 24h du Jeu de Châteauroux

Au révélateur de la Protozone


Certains profitent des 24h pour présenter leur propre jeu de société qu’ils rêvent de voir un jour édité. C’est dans la Protozone, espace spécialement réservé dans la salle Barbillat-Touraine, que tout se passe. Là, les candidats sélectionnés après que leur « bébé » soit passé entre les mains de relecteurs, font face à un jury qui va trancher sur l’intérêt du jeu. «La bonne recette, ce sont d’abord des règles bien écrites, puis des mécaniques de jeu et une thématique originale» estime Amélie, membre du comité de relecture qui aura passé en revue 34 règles du jeu avant de n’en retenir qu’une dizaine. Le jury désignera parmi les jeux sélectionnés celui qui sera primé. Grâce à son partenariat avec le Festival International des Jeux (FIJ, vidéo) de Cannes, l’heureux élu bénéficiera d’un pass pour présenter sa création au ProtoLab du FIJ 2024. 

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