Le festival qui veut changer le regard sur le handicap renoue le fil de son histoire

par Nicolas Tavarès

Lorsqu’il s’agit de mobiliser les énergies autour de l’inclusion des personnes en situation de handicap, l’Indre sait tenir son rang. Marc Fleuret, président du Conseil départemental, ne dit rien d’autre lorsqu’il évoque «un vrai dynamisme sur l’événementiel à destination du handicap.» Certes, un festival ne règlera jamais à lui seul tous les problèmes du quotidien, mais multiplier les événements (lire par ailleurs) finira par faire changer le regard porté sur le handicap. Si le président du Département s’exprime sur le sujet, c’est qu’avant d’entrer en politique, alors directeur technique fédéral du judo handisport, c’est lui qui a lancé Handi’Férence.

Retour en 2005 : «Fabien Blanchet, judoka handisport à Déols, devait présenter un projet dans le cadre de ses études. Il a pensé à une manifestation dans laquelle il y aurait de l’inclusion inversée, c’est-à-dire où l’on mettrait les valides en situation de handicap sur différentes disciplines sportives pour effacer les différences. Pour la première édition, nous avions 50 participants.» Treize ans plus tard, ils étaient plus de 1000 à vivre l’événement de l’intérieur sur les terrains du complexe sportif Marcel- Lemoine de Déols ! Dans l’intervalle, scolaires, collégiens et enseignants avaient été sensibilisés à la démarche des organisateurs qui, dans le même temps, battaient le rappel des centres spécialisés de l’Indre et des départements limitrophes.

Plus de 1000 participants

Stoppés dans leur élan par le COVID, les bénévoles d’Handi’Férence vont renouer le fil de leur histoire le jeudi 1er juin. Avec une équipe renouvelée et la ferme intention de retrouver la fréquentation d’avant pandémie. Nouvelle présidente d’Handi’Férence, Andy Chambon a la lourde tâche de succéder à Marc Fleuret, toujours membre du conseil d’administration. «Ça me paraissait compliqué de prendre sa suite tant il était investi. Mais je connaissais bien l’équipe qui se mettait en place et c’est grâce à elle que j’ai accepté de relever ce défi» commente la jeune femme, bénévole de la toute première heure.

«J’ai rejoint l’aventure dès le début car le concept me plaisait et je voulais me sentir utile à une cause importante : changer le regard sur le handicap et intégrer les valides.» Lydie Lefèvre, trésorière de l’association, se souvient quant à elle de sa découverte d’Handi’Férence : «C’était en 2014. J’étais venue pour l’action humaine. Pour moi c’était presque une évidence. J’ai essayé Handi’Férence, je l’ai adopté !» Fabien Tricoche, président du club d’escalade Raid en Indre, est arrivé un peu par hasard lui : «Nous venions de recevoir notre bloc d’escalade installé dans le gymnase Lemoine. C’était en 2014. Le noyau dur d’Handi’Férence cherchait des activités sportives pour compléter les ateliers proposés pour le festival. Je suis devenu bénévole et aujourd’hui, je suis membre du conseil d’administration…»

Des sourires révélateurs

D’Andy à Lydie, de Marc à Fabien, tous s’accordent sur l’intense moment de partage qu’est devenu Handi’Férence. «À leurs sourires, on voit que les participants en situation de handicap s’éclatent. Pour les bénévoles c’est fort en émotions» admet Fabien. «Mon souhait, c’est que le festival procure un moment de plaisir. Que chacun des participants prenne également conscience de ses capacités et gagne en confiance» ajoute Andy Chambon avant d’envisager l’avenir d’Handi’Férence : «Dans un premier temps, il faut réussir à remobiliser tous les bénévoles. Trois ans de coupure, c’est très long. Mon objectif, c’est de favoriser l’accès au sport et à la culture pour tous mais aussi que personne n’ait plus un regard apeuré face à une personne différente.»

Le soutien du plus grand nombre peut contribuer à la chose. En la matière, accompagné par les collectivités locales, Handi’Férence verrait d’un bon oeil l’arrivée de mécènes. Sous sa casquette de trésorière, Lydie Lefèvre explique : «Handi’Férence, c’est 100% bénévole et il faut remercier tous ceux qui ont permis de faire ce festival, 100% sans structure si ce n’est l’ensemble des équipements sportifs mis à disposition par la ville de Déols.» Cette année, après les Bodin’s ou le comédien belge Pascal Duquesne (Le 8e jour), c’est Marie- Amélie Le Fur, triple championne paralympique et présidente de la Fédération Française Handisport qui sera la marraine d’Handi’Férence, preuve que le festival jouit d’une belle réputation à l’échelon national.

Handi’férence
Jeudi 1^er juin à Déols