Raffa, fidélité animale
Il est un habitué de « Papiers d’Actu », le salon du dessin de presse et de la caricature
par Nicolas Tavarès
Cette année, il va y avoir du sport dans les allées de Papiers d’Actu. À quelques mois des Jeux Olympiques, le salon du dessin de presse et de la caricature du Poinçonnet ne pouvait y échapper. « Soyons sport ! », tel sera le thème du rendez-vous des 18 et 19 novembre. Mais la devise olympique – Citius, Altius, Fortius – aurait tout autant collé à l’événement car en onze éditions, « Papiers d’Actu » n’a eu de cesse d’aller plus vite, plus haut, plus fort. «Il fait maintenant partie des salons emblématiques, vante Clémence Rochoux, responsable culture et communication du Poinçonnet. Dans la semaine qui précèdera le salon, 22 établissements scolaires de tout le département recevront un dessinateur. En tout, cela représentera une soixantaine d’interventions et de sensibilisations à la liberté d’expression. Les scolaires font partie de l’ADN de « Papiers d’Actu »».
Les scolaires dans l’ADN du salon
Du côté de Saint-Just-le-Martel, référence en matière de salon du dessin de presse et de la caricature, on doit se dire que le filleul a bien grandi et qu’il a retenu les conseils. Plus de 2 000 visiteurs ont en effet déambulé dans les allées de l’Asphodèle l’année dernière et la thématique sportive risque fort d’attirer un public encore plus nombreux. Quel que soit le nombre de visiteurs, 35 dessinateurs les attendront dans la salle de spectacle poinçonnoise. Tout sauf un hasard car il règne une ambiance particulière à Papiers d’Actu, ce salon où un dessinateur vient comme on rend visite à un cousin de province. «Il y a effectivement un côté familial, convient Clémence Rochoux. Nous sommes dans une atmosphère de partage. Depuis la première édition, ce sont les bénévoles qui hébergent les dessinateurs. Cela crée un vrai lien.»
Xavier Raffa, lui, n’a pas la chance de découvrir les bonheurs du gîte et du couvert chez l’habitant. Et pour cause, il est le régional de l’étape (rejoint cette année par Franck Lemort et Patrick Soulat, dessinateurs pour le Berry Républicain et La Nouvelle République, ndlr). Dans la vie de tous les jours, il est même le policier municipal du Poinçonnet. Accessoirement, Raffa a son rond de serviette au salon depuis la première édition. En dix ans, le dessinateur n’en a manqué qu’une seule : «Celle qui a suivi le Covid. J’avais choisi de laisser ma place à des caricaturistes qui vivaient de ça. Moi je ne suis qu’un amateur.»
Amateur, certes, mais éclairé. Jusqu’à décrocher le Grand Prix de la caricature l’année dernière pour son Florent Pagny revisité en bête à cornes de Patagonie (ci-contre). À 53 ans, l’homme à la marinière, sa tenue de scène arborée en souvenir de son tout premier salon, s’est spécialisé dans le « forming », anglicisme qui traduit la transformation par le dessin de l’homme en animal. «J’aime les animaux pour commencer, et puis c’est un genre que les autres ne font pas. Personnellement, j’ai toujours été un fan de Morchoisne et Ricor. Ils m’ont inspiré» se justifie le dessinateur poinçonnois.
L’homme aux stylos
« Papiers d’Actu » lui a mis le pied à l’étrier, depuis il s’est créé son propre univers en ne travaillant qu’au stylo Bic. «De simples stylos à bille que l’on trouve dans les supermarchés. J’en ai de toutes les couleurs dans ma trousse, sauf du noir.» Ainsi, le trait de Raffa sort-il du lot : «C’est ma signature en termes de couleurs». Ses premières transformations sont venues de la passion de la comédienne Sandrine Kiberlain pour les lévriers afghans. L’actrice Mireille Darc est venue après, elle que l’on surnommait…la grande sauterelle. Depuis, des dizaines de people sont passées sous la bille de ses stylos. Par timidité, Raffa n’a jamais osé en approcher pour leur montrer son travail. Il confesse même buter parfois sur des modèles.
Ainsi Mathilde Seigner dont la transformation n’a pas encore trouvé grâce sous son coup de stylo : «Depuis deux ans, j’essaye désespérément. Ça va bien finir par sortir !» Dans quelques jours, Raffa va retrouver Papiers d’Actu, les échanges avec ses confrères dessinateurs et les caricatures à la chaîne aussi. Au bout du bout du salon, le Poinçonnois en aura réalisé pas loin de 70. Il ne hurle pourtant pas contre les cadences infernales, bien au contraire : «Un salon c’est fait pour s’amuser. C’est de la caricature, je ne vais pas non plus casser des cailloux pendant deux jours !» Visiteurs de « Papiers d’Actu », Raffa et ses stylos vous attendent à l’Asphodèle. Présentez-vous tel que vous êtes, de l’échange que vous aurez avec lui ou d’un trait du visage, il se chargera de vous tirer le portrait. Le dessinateur adore travailler sans filet !
Papiers d’Actu
les 18 et 19 novembre
à l’Asphodèle au Poinçonnet