Un commerce, deux ambiances

Focus sur Delphine Noyet et Gaëlle Renaudat, épicières au Blanc et à Chabris

par Nicolas Tavarès

À vol d’oiseau, 80 kilomètres séparent la Blancoise Delphine Noyet de la Chabriotte Gaëlle Renaudat. Elles ne se connaissent pas mais partagent quelques points en commun à commencer par la présidence de l’association des commerçants de leur commune respective. Leur parcours professionnel les a également vu évoluer un long moment dans le prêt-à-porter. Gaëlle en boutique, Delphine en tant que directrice réseau Grand Ouest pour une marque haut de gamme.

Mais à un an d’écart, elles ont surtout pris le même virage qui les a conduit à ouvrir leur épicerie fine, un terme que Delphine (photo ci-dessus) trouve trop réducteur : «C’est pour cette raison que j’ai appelé ma boutique L’Épicerie Le Blanc. Chez moi, on peut trouver une confiture à 3,95€ aussi bien que du caviar ; alors pour moi, épicerie fine, ça ne veut rien dire.» Gaëlle, de son côté, a opté pour Le Comptoir des Saveurs. À l’intérieur de leurs boutiques bien des similitudes : cave, rayon épicerie, fromagerie agrémentés de spécificités locales : un salon de thé et une terrasse au Blanc ; un patio à Chabris.

Un commerce de proximité

Lorsqu’elle a ouvert L’Épicerie dans le centre du Blanc le 1er juillet 2020, Delphine Noyet sortait d’une vague de licenciements dans le groupe qui l’employait. Originaire de Laval (Mayenne) où elle a toujours compté des membres de sa famille dans les métiers de bouche, elle ne s’est «pas longtemps posé la question ; mon projet d’épicerie était facile à monter et j’avais un carnet d’adresses qui m’a permis d’avoir des marques moteurs.» Arrivée en pleine période de COVID, L’Épicerie Le Blanc trouvera très vite sa clientèle, le commerce de proximité retrouvant son lustre d’antan.

«L’idée d’une épicerie au Blanc était judicieuse ; en ville ou dans un village, il est possible de très bien travailler. J’apporte un vrai conseil à ma clientèle. J’ai également acheté une licence IV, je fais du frais en traiteur, j’ai un espace thé en vrac de qualité», détaille Delphine. Sauf que la commerçante a commencé à déchanter quand la pandémie a été rangée au rayon des mauvais souvenirs. «Les gens sont repartis vers la grande distribution et les achats sur le net. J’avais envisagé de faire de la vente click & collect sur Internet moi aussi, mais c’était trop lourd à gérer. Je ne suis pas du genre à me laisser gagner par le négatif, mais le commerce de proximité en centre-ville, c’est devenu difficile que l’on soit au Blanc ou ailleurs. Dans l’Indre, nous sommes nombreux à souffrir.»

À l’en croire, l’été ne fut pas clément en raison du mauvais temps et du peu de touristes en Brenne. «Les gens ne sont plus prêts à faire le pas vers le commerce de proximité. Ils perdent la valeur des bonnes choses. Au quotidien j’essaie de trouver des solutions pour faire vivre l’épicerie avec des soirées apéro les jeudis soir d’été, des propositions de plateaux festifs à emporter, des pâtisseries maison…» Au coeur de Chabris, si Gaëlle Renaudat admet que «le stress du chef d’entreprise est toujours là», c’est pour de toutes autres raisons que ses nuits sont parfois troublées. Le Comptoir des Saveurs est sur le haut de la vague : «Sans doute des clients hésitent-ils encore à pousser la porte parce que nous avons l’image d’une épicerie chic!»

Des cousins associés

Le Comptoir des Saveurs, c’est en fait une histoire de famille, «une aventure un peu folle née lors d’un repas entre cousins. L’idée c’était d’ouvrir une épicerie fine avec des produits du terroir. À l’aube de mes 40 ans, j’avais envie d’un nouveau challenge. Nous sommes quatre associés avec mon mari et ses cousins. On s’est décidé à Noël 2020. Nous avons ouvert le 20 août 2021. C’est le magasin dans lequel j’aurais voulu aller et je travaille avec de petits producteurs pour lesquels j’ai un coup de coeur.» Le démarrage est allé au-delà des espérances de Gaëlle au point d’embaucher du personnel au bout de trois mois seulement. Les associés, eux, se sont demandés ce qu’ils pourraient amener en plus pour développer l’affaire.

L’événementiel a apporté la réponse: «À l’ouverture, nous avions prévu une pompe à bière en location, aujourd’hui nous en avons 20. Nous avons également mis en place le bar à huîtres de novembre à février, dans notre patio. Cet été nous avons lancé le bar à copains sur le même principe pour un moment de partage.» À Chabris, Gaëlle Renaudat (photo ci-dessus) mène son projet comme elle le rêvait, donnant même au Comptoir des Saveurs un rôle social pas forcément imaginé au départ. Son objectif ? «Je veux que le client se sente ici comme chez lui.»La suite?: «Tenir!» clame l’épicière.

Retour au Blanc où, au détour de la conversation, Delphine Noyet avoue que sa boutique est en vente depuis un an sur le site de la CCI de l’Indre : «Je tire toujours des leçons de mes expériences» convient-elle en précisant ne surtout rien regretter de l’aventure blancoise. Quatre-vingts kilomètres séparent Gaëlle et Delphine. Les vol d’oiseaux ne traversent pas forcément des cieux cléments.

Le Comptoir des Saveurs à Chabris
Tél. : 02 54 40 87 46
FB : Le Comptoir des saveurs
L’Épicerie Le Blanc
Tél. : 02 54 37 62 99
FB : L’épicerie Le Blanc

Rechercher
X