Antennes ouvertes à la musique

France Bleu Berry et BIP TV sont au relais des artistes locaux

par Nicolas Tavarès

En mal de concerts, les artistes trouvent un soutien inespéré dans les focus que leur consacrent l’antenne locale du réseau France Bleu et la chaîne hertzienne issoldunoise.

D’abord, remettre l’église au milieu du village et le sujet dans son contexte : Bip TV et France Bleu Berry n’ont pas attendu l’arrivée du Covid-19 pour consacrer une large plage de leurs programmes à la promotion des artistes locaux, des musiciens en particulier. Comme d’autres, en revanche, la radio et la chaîne de télévision se sont adaptées à la situation pour leur offrir un medium maintenant le lien avec le public quand les concerts sont rayés de la carte.

«Nous avions l’habitude, jusqu’à l’arrivée de la crise sanitaire, d’accueillir les artistes en enregistrement live en semaine», rappelle Manu Bonnefond (photo), animateur et véritable Monsieur Musique de la maison bleue indrienne. Il est aux manettes, notamment, de la déclinaison locale de La Nouvelle Scène qui a succédé à Berry Musique. «La Nouvelle Scène, c’est un rendez-vous national sur France Bleu, mais toutes les antennes locales ne relaient pas la chose de la même manière.» Sur France Bleu Berry, on a pris le parti de «donner la parole aux artistes. Notre exposition à l’antenne et sur nos réseaux sociaux ont donné un nouvel élan. S’associer ainsi à la musique, c’était aussi renforcer notre présence au Printemps de Bourges ou au festival Darc.» Ce jour-là, dans les studios, Mathieu Vallet (lire par ailleurs) vient présenter The Black Tomate. Le guitariste est seul et c’est bien là le grand regret de Manu Bonnefond : «Moi, ça me manque cette possibilité de recevoir les artistes en live. Pour des raisons évidentes, nous ne pouvons plus accueillir un groupe. On pourrait faire une guitare, une voix, mais on a choisi de ne pas griller toutes les cartouches.»

Une interview sur la semaine

Alors le leader des Black Tomate est là, au micro, et il a amené une clé USB sur laquelle sont enregistrés les morceaux qui enjoliveront le focus de France Bleu. Manu Bonnefond : «Nous présentons les artistes au travers de séquences interviews de 5 minutes du lundi au vendredi.» En veille constante, Manu Bonnefond utilise son réseau pour découvrir ceux qu’il invitera au micro. «Nos auditeurs ont pu découvrir Berryce ou Divan de Psy, un groupe de Bourges. On ne cherche pas à tout prix à être la base d’une révélation, mais si nous pouvions sortir un artiste en le faisant remonter à Paris et lui offrir une rotation nationale, ce serait chouette.» Et de citer Léonie, groupe nantais repéré propulsé par France Bleu Loire Océan.

Quittons Châteauroux pour prendre la direction d’Issoudun où Bip TV s’est imposé comme caisse de résonance hertzienne. En 2017, pour les 20 ans de la Boîte à Musique (BAM), la chaîne avait lancé la captation des concerts « JeuDisBam ». Une cinquantaine d’artistes en ont profité, certains en direct. Mais l’arrivée du coronavirus a rebattu les cartes.

Soutien issoldunois aux artistes

Néanmoins, Hervé Pépion, directeur de l’Établissement public de coopération culturelle d’Issoudun (EPCCI), a initié un soutien sans faille aux artistes, renforçant le lien déjà solide avec Bip TV. Jusqu’en janvier dernier, la plupart des artistes programmés à la BAM ont ainsi été conviés à maintenir leur date à Issoudun. Le concert enregistré trouve alors un fort écho dans la grille des programmes. «La plus grosse difficulté pour nous a été de conserver l’ambiance concert, explique Martin Perrin, directeur des programmes de la chaîne (à droite sur la photo au côté de Laurent Mabed). Nous ne sommes pas dans la configuration d’un enregistrement studio, il y a besoin d’une interaction. Bip TV a permis une dématérialisation en rendant le concert visible par voie hertzienne, sur les Box (Orange, Bouygues) et en streaming sur notre site.»

C’est Laurent Mabed, réalisateur, qui s’est attelé à la tâche en investissant la BAM dans un nouveau contexte : «Techniquement, pour moi, le fait qu’il n’y ait pas de public est beaucoup plus confortable, mais évidemment on préfère avoir des spectateurs. Les musiciens doivent jouer comme s’il y avait un public…» À ce petit jeu, les Tourangeaux de Lehmanns Brothers ont mis le feu. Greg Jolivet, lui, a pu mettre en lumière son « Osmose ». Mais les captations de Bip TV ont également renforcé l’interaction entre les différents acteurs du pôle culturel issoldunois. L’absence de spectateurs a permis l’installation de caméras supplémentaires que gèrent les étudiants cadreurs de l’Afpa Issoudun. Les étudiants monteurs, eux, devraient également entrer dans la boucle lors des prochaines captations. Ce que Martin Perrin traduit par «un partage des compétences que nous aimerions renforcer.»

Et dans un contexte si particulier, ce sont les artistes qui pourront en tirer les marrons du feu. Jusqu’au retour du public dans les salles.