Charles ou l’itinérance douce

Pour Charles Guilloteau la randonnée c’est plus fort que tout

par Nicolas Tavarès

Pendant toute sa carrière, Charles Guilloteau a participé à la création des circuits de randonnée du département de l’Indre. Jeune retraité, il ne veut pas s’arrêter en si bon chemin.

Bleu, jaune, vert. Cela n’éveille sans doute rien en vous. À l’évocation de ces trois couleurs, pourtant, un regard s’illumine : celui de Charles Guilloteau. Immanquablement, le Blancois récite : «Moins de 8 kilomètres, circuit bleu. De 8 à 16, circuit jaune. Plus de 16 kilomètres, balisage vert». Pour le désormais ex chargé de mission en aménagement axé sur les activités de pleine nature au sein de l’Agence de développement touristique de l’Indre (ADTI), ces histoires de balisage ont représenté tout un pan de sa vie professionnelle.

À l’heure de la retraite, Charles Guilloteau a d’ailleurs tellement couru les chemins de randonnée de l’Indre que son histoire avec l’itinérance douce va se poursuivre. À 64 ans, il est comme ça, Charles : le sac à dos et les chaussures de rando sont toujours prêts dans un coin. Et si vous le lancez sur le sujet, le Brennou deviendra intarissable. Il le sait et s’en amuse. La rando, c’est plus fort que lui. Ça ne date d’ailleurs pas d’hier. Au milieu des années 80, Charles Guilloteau a assisté à la naissance du Parc naturel régional de la Brenne (PNR) en qualité de technicien au Pays d’accueil de la Brenne.

En 1990, il rejoint le comité départemental du tourisme. À l’époque, son quotidien l’amène à conjuguer à tous les temps le PDIPR, le plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée. C’est là qu’il va devenir l’un des pionniers de la randonnée dans l’Indre, avec ce souci constant de «professionnaliser la filière et l’aménagement du territoire. J’allais voir les maires des communes pour réfléchir aux aménagements. On établissait un plan de randonnée dans une démarche de conservation des chemins ruraux, du patrimoine touristique. Mon premier job, c’était de répertorier les chemins qui avaient un intérêt.»

Une autre dimension

Au contact des fédérations de randonnée, Charles se lancera dans un maillage incessant, apportant ici un soutien technique, là du lien administratif. «J’ai toujours considéré mon activité comme un maillon du développement du territoire par la réfection du patrimoine local.» Selon ses propres mots, Charles Guilloteau s’est imposé comme un «facilitateur toujours à l’écoute des gens que j’avais face à moi parce que l’itinérance douce, ça n’est pas toujours bucolique.»

Le département de l’Indre compte 241 communes. 220 sont aujourd’hui concernées par un plan de randonnée. «À partir de 1995, nous avons créé un outil informatique pour la cartographie basé sur un système d’informations géographiques.» En découleront des plans de rando accessibles à pied, à cheval ou à vélo. Charles Guilloteau ne cache pas sa fierté d’avoir grandement contribué à l’établissement de tous ces chemins touristiques qui représentent la bagatelle de 8000km tissés sur tout le territoire. «C’est l’informatique qui m’a fait entrer dans une nouvelle dimension. Mais ça m’a quand même demandé trois ans pour maîtriser la chose.» C’était une gageure, tout s’est ensuite accéléré et des sentiers à thème ont commencé à fleurir un peu partout : «Le Benjamin-Rabier, les Maîtres Sonneurs, la Brenne… Le Val de Creuse a été un lourd travail de 5 ans. Ça aura été mon dernier gros dossier.»

Parmi ceux-ci, il y eut la refonte complète des itinéraires de randonnée sur le Parc naturel régional de la Brenne – «Je fais également les circuits de la Randonnée de la Brenne depuis 35 ans !» -, ou une contribution à la Route d’Artagnan. «Ça c’est un joli dossier. Nous partions sans données historiques. Il fallait trouver des endroits dans l’Indre où d’Artagnan aurait pu passer. Le maire de Palluau, Marc Rouffy, a découvert l’existence d’un décret de Louis XIV demandant aux mousquetaires d’aller voir M. de Frontenac dans son château de Palluau.» Et voilà comment l’Indre est officiellement devenu point d’intérêt sur le parcours équestre. Des anecdotes comme celle-ci, Charles Guilloteau en a plein son sac à dos.

Depuis l’an dernier, il est donc en retraite. Il l’occupe évidemment en randonnant. Mais à sa manière (lire par ailleurs). Le Blancois se laisse trois à cinq ans «avant de débrailler» comme il dit. Aux beaux jours, il sillonne la Brenne. L’hiver, pour changer, il entend partir à la découverte de la Via Sancti Martini : 2500km entre Tours et la Hongrie. On ne se refait pas.

Les Petites escapades en Brenne

«Destination Brenne (l’office de tourisme du PNR, ndlr) avait un manque dans le domaine. J’ai proposé un projet de balades découvertes qui s’appelle les Petites escapades de Charles. Je suis devenu guide» confie l’intéressé au moment de se lancer
dans cette nouvelle aventure. «Je veux mettre en valeur les différentes facettes de la Brenne. Il y a un côté contemplatif là-dedans. Il y aura un bout de gastronomie aussi. Dans les ravitos du midi ou du soir, je présenterai des produits du terroir. Cette année, c’est une sorte de test. J’ai aussi en tête de travailler sur des balades familiales en vélo électrique… » Les Petites escapades se font sur réservation parc-naturel-brenne.fr/destination-brenne

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