La success story Paria

David et Alexandre Rousseau ont créé leur maison d’édition de jeux

par Nicolas Tavarès

David et Alexandre Rousseau sont les créateurs de Paria qui édite des jeux de société et leurs produits dérivés. Une réussite made in Châteauroux.

Si la vie était un jeu de rôle, David et Alexandre Rousseau jetteraient les dés ! Dans le réel, les deux frangins castelroussins ont pris leur destin en main pour créer leur petite entreprise qui ne connaît la crise que de loin. «Si notre courbe de développement reste comme elle est, nous aurons atteint nos objectifs dans deux ans.» C’est Alexandre, 28 ans, qui parle. Avec David, 30 ans, ils se sont parfaitement répartis les rôles : «L’univers et les romans, c’est David ; le jeu c’est moi !» En vrai, quelques nuances s’imposent : «David sort son histoire, j’arrive et je râle !» Les deux conviennent que leurs échanges parfois cashs leur font pourtant gagner un temps considérable.

Ça se passe comme ça chez Paria –le nom de leur société–, maison d’éditions de jeu de société et romans. Voilà pour la raison sociale. David et Alexandre y ont ajouté la création de produits dérivés et le design. La seule chose qui leur échappe, c’est la production industrielle, et encore. Dans leur studio du coeur de Déols, les écrans d’ordinateurs s’alignent à côté d’un espace dévolu à cinq imprimantes 3D et une table sur laquelle sont rangés les fameux produits dérivés : figurines, cartes, set de dés en acier ou inserts de rangement.

Voilà pour le décorum. Mais ce qui les distingue des gros éditeurs de jeu, c’est leur production maison : « L’ordre de Veiel », un jeu de rôle grand public ; « Divine Corruption : Renaissance », jeu de cartes semi coopératif ; « Divine Corruption : Déviance », le livre écrit à quatre mains dont l’univers fantasy sert de matrice aux jeux. Dit comme cela, certains imagineront la chose réservée à des passionnés du genre. Alexandre s’en défend : «Nous ne sommes pas sur du Monopoly, mais pas sur du jeu spécifique non plus. Les joueurs sont ouverts aux expériences et nos jeux s’adaptent à tous les âges. Nous avons fait un pont entre le jeu de rôle et le jeu de société. Statistiquement, un jeu est sorti trois fois du placard. Nous sommes bien au-delà parce que notre jeu est riche et rejouable. « L’ordre de Veiel », vous pouvez y jouer  avec la grand-mère aussi bien qu’avec un enfant de 8-9 ans entraîné. On a toutefois mis un avertissement -15 ans sur notre boîte parce que certains monstres peuvent surprendre les plus jeunes.»

Une entreprise familiale

Lorsqu’ils ont monté Paria en février 2019, Alexandre et David souhaitaient surtout avancer en indépendants. «Nous avons été approchés par un éditeur, mais nous avons refusé l’offre. Le but, pour nous, c’était de monter une entreprise familiale.» Comme les deux frères ont un caractère bien affirmé, l’éconduit n’a pas insisté. Tout au plus aurait-il pu observer la réussite avec laquelle ils ont franchi l’étape financement participatif pour lancer leur projet : «Pour le premier crowfunding, nous avions fixé 16000€, nous en avons levé 18000. Pour la suite, nous avions fixé 10000€, nous avons fini à 55000€, la barre des 10000 étant atteinte en un quart d’heure !» Il faut dire que le duo a bien pensé son affaire. « L’ordre de Veiel », vendu 60€, est addictif. De surcroît, Paria offre la possibilité de compléter l’univers avec des figurines. «Notre clientèle a tendance à dépenser un peu plus pour personnaliser son jeu et collectionner les pièces.» Lancé juste avant le premier confinement, « L’ordre de Veiel » s’est écoulé à plus de 1000 unités et 200 de plus sont en précommande. Pas vraiment une surprise pour les frangins qui s’étaient testés dans les salons spécialisés (lire par ailleurs).

La suite, David et Alexandre l’imaginent avec un «petit jeu de cartes, pour se changer les idées et élargir notre gamme. Nous avons aussi prévu trois chapitres à « l’ordre de Veiel ». Nous ne sommes pas riches, mais pour une entreprise qui partait de zéro sans rien, sans le moindre prêt, on s’en est plutôt bien sorti. Nous sommes arrivés dans un marché avec une approche rafraîchissante.» Rafraîchissante et hors des sentiers battus de l’édition. Le pari était osé, il a été relevé haut la main.

Paria édition
www.paria-edition.fr

En quête de salons…


Leur réussite, c’est dans les salons spécialisés, à Parthenay, Romorantin, Nantes, Orléans ou dans « Les 24h du jeu de Châteauroux » que les frères Rousseau l’ont cultivée. «Dans ces salons, il existe ce qu’on appelle une protozone dans laquelle le jeu est testé par les visiteurs. Lors de notre premier salon, nous étions inquiets.» Mais les doutes ont été rapidement levés grâce à l’adhésion des joueurs qui n’ont pas été effrayés par les…4kg de la boîte de « L’ordre de Veiel » ! Problème, avec la pandémie, tous les salons ont été annulés. «Il a fallu aller chercher les clients par des canaux différents.» Paria se développe donc via sa chaîne YouTube, Facebook et un site internet.

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