Pink Floyd, et l’hommage fut

Six musiciens amateurs de l’Indre ont monté un « tribute » au groupe britannique

Par Nicolas Tavarès

Téléphone, U2, les Beatles, Abba, Queen, Goldman ont tous un point en commun : quelqu’un leur a consacré un Tribute. Traduit de la langue de Shakespeare, l’Hommage est en vogue, les «Tribute to» sont en haut de l’affiche dans les Zéniths de France et de Navarre. Mais il faut savoir trier le bon grain de l’ivraie. Un tribute, «ce n’est pas la fête à neuneu» et porter une perruque façon coupe Playmobil des Beatles en 1966 ne vous confèrera pas nécessairement la virtuosité d’un Paul McCartney. En matière de garde-robe, la bande qui nous intéresse s’est débarrassée de toutes contraintes. Son truc, c’est de coller au plus près d’un groupe mythique en envoyant du planant, du progressif, du flamboyant, bref en se glissant dans les pas de Pink Floyd. Leur nom : Floyd Alchemy.

Autrement dit six musiciens amateurs installés dans l’Indre, mais venus d’horizons différents et qui ont décidé de rendre les honneurs à David Gilmour et Roger Waters sans se soucier des égos des deux artistes qui ont conduit à la séparation du groupe phare des années 70. Une fois par semaine, Pierre-Marie, Jean-Luc, Franck, Stéphane, Guillaume et Nicolas se retrouvent donc dans une petite maison isolée aux portes de la Champagne berrichonne. Là, le combo hétéroclite en âge (de 44 à 68 ans) travaille d’arrache-pied, se ménageant une pause casse-croûte entre une reprise de « Wish you were here » et une version de « High Hopes » qu’ils commencent à bien maîtriser. Si les six ont la vanne facile, les visages se ferment dès lors que se font entendre les battements de coeur, le tic tac d’une horloge et le bruit reconnaissable entre mille de la caisse enregistreuse qui ouvrent « Speak to me » en intro de l’album référence « Dark Side of the Moon ».

Dans une maison isolée

Les six de Floyd Alchemy un soir de répétition.

«Monter un tribute de Floyd, c’est du travail, explique d’emblée Pierre-Marie, instigateur du projet. On se doit de reproduire au plus près la version originale. Alors on bosse avec assiduité et quand on se retrouve pour répéter, chacun arrive après avoir aussi travaillé les morceaux chez lui.» L’inspirant Australian Pink Floyd show, créé à Adélaïde en 1988, a porté l’hommage à un niveau inaccessible. Pour autant Pierre- Marie se veut ambitieux pour le Floyd Alchemy qu’il cogite depuis des années. Il lui fallait juste trouver les musiciens partageant la même philosophie et surtout qu’ils soient à portée de guitare. À l’automne 2022, il a rencontré Franck par le biais d’un site dédié aux musiciens.

«J’avais ce projet depuis longtemps en tête, mais j’avais commencé à le mettre en place avec des gens trop éloignés. Après Franck (guitare), il y a eu Jean-Luc (batterie). Nous avons commencé à répéter dans la maison de quartier de Vaugirard et là, Nicolas Guillot, l’animateur, a fait l’intermédiaire avec Stéphane (basse). La formation n’a été complète qu’en février 2024 !» La quête d’un clavier (Guillaume) et d’un saxophone (Nicolas, seul semi-pro du groupe) n’a pas été sans mal. Quelques-uns avant eux s’y étaient essayés sans que l’alchimie opère. C’est d’ailleurs au hasard d’un club affaires à Châteauroux que Guillaume s’est invité dans l’aventure. «Notre premier concert a eu lieu en avril, il a eu deux mois pour apprendre sept morceaux. C’est énorme !» Ça ne l’est pas moins pour tous les autres. Car au quotidien, le Floyd Alchemy c’est un serrurier, un entrepreneur, un commercial en comptabilité, un retraité des services de l’État, un cadre en ressources humaines et un électronicien…

Scène ouverte à Châtillon

Pierre-Marie Courtois, instigateur de Floyd Alchemy.

À raison de quatre heures de répétition chaque semaine, la troupe peaufine sa set list couvrant la période 1973-1994 du Floyd (à laquelle s’ajoutent des morceaux solos de Gilmour), et devrait être au point pour le 13 décembre prochain. Ce soir-là, à la MLC Belle-Isle, Floyd Alchemy laissera derrière lui ses premières sorties sur la scène ouverte de Châtillon ou à Beaulieu-les-Loches au profit d’un show léché. Les six compères accueilleront alors Marianne, amie de Pierre-Marie venue de Haute-Loire, seule entorse à la proximité voulue, et Cléa, jeune chanteuse castelroussine. Elles viendront poser leur voix sur certains morceaux tandis que Vince, ingénieur son et lumière jouera les magiciens pour donner de l’éclat au projet. «Pink Floyd, c’est la musique, mais c’est aussi un spectacle» dit Jean-Luc derrière sa batterie.

«On a haussé notre niveau, convient Pierre-Marie. On va avoir un show lumière « floydien » ! On veut vraiment avoir l’air sérieux. Le concert du 13 décembre, que nous avons co-financé, doit nous servir de tremplin pour sortir de l’Indre. L’objectif, c’est de jouer et de prendre un pied pas possible.» Les six de Floyd Alchemy ont d’ailleurs un rêve : «Trouver une commune qui organiserait son feu d’artifice du 14-juillet sur la musique du Floyd !» Guillaume, le clavier, ne va donc pas manquer de travail lui qui assure également la présence constante de Floyd Alchemy sur les réseaux sociaux. «Peut-être est-on trop ambitieux. Mais à l’exception d’un concert à Argentomagus en 2022 (organisé à l’été par l’association des spectacles de l’Aribout avec The Rolling Waves, ndlr), on se positionne sur une offre qui n’existe pas dans l’Indre ; il n’y a pas de tribute installé dans la région.» C’était avant que le Floyd trouve l’alchimie parfaite.

Floyd Alchemy
vendredi 13 décembre
à la MLC Belle-Isle
Billetterie sur www.floyd-alchemy.com
FB : Floyd Alchemy

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