Un été à la Haute-Touche

La réserve zoologique, havre de paix pour animaux et grand public

par Nicolas Tavarès

Répertoriée parmi les trois seuls parcs zoologiques d’État, la réserve de la Haute-Touche recèle de surprises qui en font une destination de choix pour les vacances.

Un matin de juin à quelques encablures d’Azay-le-Ferron. Le soleil baigne la campagne indrienne et le thermomètre est déjà haut. Il n’est pas 10 heures, mais à l’entrée de la réserve zoologique de la Haute-Touche, un bouchon se forme en attendant l’ouverture des portes. La chose ne surprend absolument pas Roland Simon, directeur du parc. «Les retours du premier mois d’ouverture après le confinement nous placent en position haute en termes de fréquentation ; plus haut que 2019… Est-ce qu’il s’agit d’une session de rattrapage de la part des visiteurs ? Je dirais plutôt que le cadre de la Haute-Touche se prête à la balade loin de la grande foule. On vient sans réservation. L’intérêt, le privilège de la visite, c’est que nous sommes dans un site naturel où le terme de réserve zoologique n’est pas galvaudé.»

La Haute-Touche est l’un des trois parcs animaliers d’État avec la Ménagerie du Jardin des Plantes et le Zoo de Paris (ex Vincennes). À ce titre, le logo-blason du Muséum national d’histoire naturelle dont dépendent les parcs est partout présent sur la signalétique. Mais Patrick Roux (à g. sur la photo en compagnie de Roland Simon), gestionnaire de collection et responsable pédagogique de la réserve, l’accorde : «Le visiteur commun n’y prête pas attention.» C’est pourtant un gage de qualité pour la Haute-Touche. C’est ainsi, le grand public préfèrera admirer les quelque 1 500 pensionnaires de la réserve plutôt que de s’intéresser «aux grandes missions du Muséum qui s’exercent dans le parc. Et la recherche est un point important» dixit Roland Simon.

Va donc pour le dépaysement dans ce qui demeure le plus vaste parc animalier de France avec son domaine de 400 hectares encore trop méconnu au goût de son directeur : «La Haute-Touche ne l’est pas assez dans l’Indre et même au-delà, mais nous progressons malgré tout en fréquentation.» Sans doute parce que le site avance de solides arguments.

La Haute-Touche, c’est d’abord une expérience à vivre : «On ne vient pas dans la réserve pour une heure et demie. Il faut y rester une journée complète. Tout est prévu pour cela, insiste Roland Simon. Nous proposons 150 hectares de balade où les contraintes par rapport au COVID-19 sont minimes.» Un préalable qui n’empêche absolument pas de profiter des 120 espèces qui vivent ici. Parmi elles, quelques « têtes d’affiche » : les pandas roux – «On les appelle par erreur pandas roux du fait de leur nom anglais, red panda, mais ce sont bien nos petits pandas qui sont là depuis maintenant six ans» – ou trois spécimens de cerf d’Eld du Siam, «le trésor de la Haute-Touche.» La réserve a aussi une botte secrète: son offre pédagogique.

Des visites privilégiées

C’est Patrick Roux qui l’incarne : «Il est éthologue, mais avant tout pédagogue et ça a clairement un impact sur le public» insiste Roland Simon. Patrick Roux conçoit la proposition pédagogique grand public et les animations scolaires le reste de l’année. De la maternelle aux étudiants en masters, il séduit son auditoire à grands renforts d’anecdotes. En période de vacances, les animations se multiplient, jusqu’à cinq rendez-vous par jour «sur des thématiques par espèces. Il y a le repas des coatis, le goûter des lémuriens, les pandas roux, le repas des oiseaux… C’est très demandé par le grand public.»

S’adaptant à la pandémie, la Haute-Touche propose également les visites privilégiées: «Des visites familiales, pour 5 personnes maximum afin d’éviter le brassage, explique Patrick Roux. Elles ont lieu avant l’ouverture du parc. On amène les groupes dans les coulisses de la réserve.» «Nous avons une vocation pédagogique, abonde Roland Simon. Ces visites privilèges sont une immersion dans les métiers du parc zoologique.» Au vu des nombreuses réservations, l’offre est déjà un succès. Avec l’arrivée prochaine des potamochères, celle d’une quinzaine de babouins à l’horizon 2022, la rénovation de l’enclos des tigres et, en ce début juillet, l’annonce de naissances multiples au coeur du parc, les perspectives d’évolution sont nombreuses. «Elles permettent d’ancrer la Haute-Touche dans l’institution qu’est le Muséum d’histoire naturelleLa réserve zoologique, une pépite indrienne à ne surtout pas manquer.

Réserve zoologique de la Haute-Touche
www.zoodelahautetouche.fr

Un CERFS loin du brame


La réserve zoologique abrite un laboratoire de recherche appliquée à la conservation dirigé par Yann Locatelli (vidéo), enseignant-chercheur. Au cœur du CERFS (Centre d’élevage et de recherche pour la faune sauvage), il est notamment question de procréation médicale assistée chez les ongulés sauvages. «Nous collectons les semences, procédons à la congélation et allons également prélever à l’étranger. Pendant l’été, période hors activité sexuelle, nous procédons au suivi des protocoles expérimentaux.» C’est le cas avec le markhor, un bouquetin afghan. Le CERFS réalise également une conservation patrimoniale. Dans deux bouteilles d’azote sont ainsi congelées les semences de 400 individus représentants 50 espèces différentes. Une arche de Noé des temps modernes pour l’avenir. Si Yann Locatelli ne va pas au contact du public, il présente néanmoins ses travaux en assurant leur vulgarisation dans la presse spécialisée : «Une des missions confiées par le Muséum d’Histoire Naturelle.» 

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