Une quinquagénaire pas rouillée

La brocante des Marins vit sa cinquantième saison. Monument…

par Nicolas Tavarès

Incontournable rendez-vous castelroussin, la brocante des Marins : 50 ans sous le harnais et un avenir que les bénévoles du comité des fêtes veulent encore écrire en lettres majuscules.

La cinquantième saison de la Brocante des Marins a débuté sous des auspices pluvieux. Le 7 octobre dernier, entre 6h et 7h, une averse est tombée sur l’artère castelroussine. «Et pour nous, de la pluie à cette heure, c’est la chose la plus mauvaise qui puisse se produire» souligne François Perrot, président du comité des fêtes des Marins. Alors forcément, cette première brocante de l’année, celle des festivités du 50e anniversaire, a subi le contre coup habituel des journées humides : «Une quarantaine d’emplacements sur la centaine prévue nous est restée sur les bras…»

François Perrot a donc traversé cette journée automnale finalement très agréable entre déception et ravissement : «Parce que l’esprit de la brocante est toujours là et que j’ai vu plus de monde que d’habitude avec des gens qui chinaient bien. Et achetaient.» Et comme un brocanteur qui vend, est un brocanteur qui revient… gageons qu’il en ira ainsi jusqu’au printemps prochain. D’ici là, l’avenue des Marins sera encore en mode brocante chaque premier dimanche du mois. « De 7h à 13h, c’est ça la vraie brocante ! Et si les moyens le permettent, nous organiserons d’autres petites animations parce que les 50 ans de la brocante, c’est le respect de la mémoire des anciens. » À commencer par le premier d’entre eux, André Vernet, qui l’organisa en octobre 1968. Il reste encore quelques contemporains, notamment Nicole Moreau, ancienne antiquaire, qui a longtemps chiné sur les Marins avant de rejoindre le comité des fêtes en 1982.

Jusqu’à 300 exposants

Comme le président Perrot, elle consigne tout sur des bristols et dans des cahiers. D’une écriture soignée s’égrène le nom de tous les présidents depuis M. Vernet, l’Amiral comme on le surnommait, qui a su changer son fusil d’épaule lorsque le corso fleuri des Marins s’est arrêté. «Pour la première édition, ils n’étaient pas nombreux, peut-être une dizaine de brocanteurs. Mais dans les années 70, c’est devenu une très grosse brocante…» se souvient Nicole. Comme quelques autres, elle reste la mémoire du comité des fêtes. Et regrette comme tout le monde que l’équipe se réduise peu à peu. «L’an prochain, nos deux membres les plus jeunes prendront leur retraite professionnelle !» Et le moins que l’on puisse dire, c’est que François Perrot tarde à voir venir la relève. La fameuse crise du bénévolat n’a pas épargné le comité des fêtes. Pas plus qu’internet d’ailleurs. François Perrot : «Internet, et le Bon Coin notamment… Mais je sais bien que c’est confortable d’acheter en ligne…»

Alors le président fait contre mauvaise fortune bon coeur, en sachant pertinemment qu’il aura du mal à revivre des éditions comme celles qui présentèrent jusqu’à 300 exposants. «On ne savait plus où les mettre. On repeignait les emplacements au fur et à mesure et, par les rues adjacentes, la brocante allait parfois jusqu’au parc Balsan…» Plan Vigipirate oblige, il sera difficile de retrouver pareil engouement. «Nous ne pouvons plus faire déballer les brocanteurs sur certaines rues. On se cantonne donc à l’avenue des Marins, mais quelque part, ça me va : les professionnels se retrouvent directement avec les amateurs.» Attention toutefois, la brocante des Marins ne se galvaude pas. «Tant que je serais président du comité des fêtes, cela ne deviendra pas un vide-greniers !» Parce que sur le pavé castelroussin, c’est la chine, la vraie que l’on défend. Et pour au moins les cinquante ans à venir !

Chacun cherche sa place

En cinquante années de brocante, les Marins en ont vécu des anecdotes. L’annulation de celle d’octobre 2016 en raison de l’état d’urgence en fait partie, même si François Perrot en conserve un souvenir cuisant. C’est souvent, du reste, dans la coulisse que se passent les faits les plus marquants, notamment au moment de la distribution des emplacements. Là, le comité des fêtes en voit des vertes et des pas mures. «Nous avons un noyau dur de brocanteurs qui ont leurs habitudes et leur place. À une époque, on a assisté à de belles empoignades parce qu’un brocanteur n’avait pas l’emplacement souhaité !» rigole le président. Au demeurant, le sel d’une édition réussie tient en peu de choses : «Quand on a un bon froid sec, que l’on se couvre, que l’on met une bonne paire de chaussures et qu’il n’y a plus qu’à arpenter l’avenue pour aller chiner. Ça, c’est une belle brocante…»

Rechercher
X