Deluxe de fil en anguille

Deluxe était à Châteauroux dimanche 13 août. Le concert des Aixois restera comme l’un des gros temps forts de Darc 2017. Il fallait en profiter, dans quelques semaines, la parenthèse du Stache Tour se refermera. Carré Barré a rencontré la troupe en coulisses…

Lorsque tu te poses face aux membres du groupe de Deluxe, il y a plutôt intérêt à mettre le premier degré au fond de la poche et son amour propre par-dessus. La troupe flirte entre dérision et délire plutôt que de se livrer totalement. Peut-être parce que ce groupe de copains d’école, de collège et de lycée qui fête ses dix ans d’existence – Liliboy la chanteuse les a rejoint en 2010 – a fait ses gammes dans la rue et notamment sur le Cour Mirabeau à Aix-en-Provence. Leur devise pourrait être « Dans le spectacle de rue we trust ». Kaya le rappelle le plus sérieusement du monde : « Tout a commencé dans la rue, c’est là qu’on s’est forgé une histoire d’amitié. C’est là, aussi qu’une vraie relation est née avec le public. »

Mise en danger constante, mélange des influences musicales des uns et des autres – « A six, il y a forcément un paquet d’influences » insiste Pépé – jusqu’à la rencontre fortuite avec Lilyboy, « on ne cherchait pas forcément une voix. Elle est apparue par hasard » et voilà les Deluxe repérés par un label Marseillais (Chinese Man) qui les accompagnera sur le premier hit (Pony). Le début d’une sacrée aventure pour une troupe incapable de définir précisément son style. A moins que dans ce pot commun « néo-sysmique, une musique très indigo » dixit Lilyboy, Deluxe ne trouve le secret de sa réussite.

Pilosité exacerbée

Pépé du groupe Deluxe @Agence Combawa

La réussite justement, elle tient dans tous les autres ingrédients que les Aixois ont su mêler à leur projet. Musicalement c’est funky, pop, électro, hip-hop ou jazz. Visuellement, Deluxe l’emprunte à l’univers circassien. « On s’était toujours dit que si un jour on montait sur scène, ce serait en costume. » Et puis il y a ce détail capital : la moustache. Deluxe a la pilosité exacerbée. « Ce n’est pas un logo, c’est une ‘stache’, un ralliement pour le groupe, notre colle, notre ciment. » Le lien avec le public qui les suit depuis maintenant près de deux ans que dure le Stache Tour agrémenté de la sortie de leur deuxième album « Stachelight ». « Si ça t’as plu, reviens moustachu » conclue d’ailleurs chacun des concerts. A ce rythme, la France entière portera bientôt des bacchantes.

Sur scène, c’est en effet une débauche d’énergie. Une invitation au « lâchage » complet. Et ça marche. Les curieux pas encore convertis n’ont d’autres choix que de jumper à leur tour. Darc n’y a pas échappé (extrait @Christophe Arrouy). Quelques heures avant le set castelroussin, Lilyboy avait prévenu : « Ce soir, on fait que de l’impro. Que des morceaux inconnus. Repéter ? Pourquoi faire ». Autour d’elle, les garçons se tiennent les côtes. Parce que si Deluxe s’appuie sur les extravagances de leur voix, les envolées de Pépé ou Soubri, le show est parfaitement rôdé. Lorsqu’on leur demande d’où vient ce grain de folie qui semble les accompagner, ils se défaussent sur leur régisseur coupable de les avoir amenés sur des chemins délirants.

Un final au Dôme

Kaya du groupe Deluxe @Agence Combawa

Bien qu’il ne bénéficie pas d’un retentissement sur la bande FM, Deluxe a imposé son Stache Tour comme l’un des meilleurs en France, au Canada, en Hongrie et même plus loin. En studio, les Aixois ne laissent pas non plus de marbre. Matthieu Chedid (Baby that’s you), IAM (A l’heure où), Nneka (Bonhomme) ou le conservatoire d’Aix-en-Provence se sont invités sur « Stachelight ». Forcément, à l’heure de tirer un premier bilan de deux ans de tournée et plus de cent concerts, ça donne des idées pour la suite.

L’avenir immédiat c’est un show final le 18 novembre au Dôme de Marseille, quasiment à domicile. « On invite même tous les gens de Châteauroux ! Il y aura plein de surprises, tous ceux qui nous ont accompagnés depuis quelques temps. M ? IAM ? Faudra être là pour le savoir. Ensuite, on partira sur un nouveau projet qui nous tient à cœur depuis un moment. Reviendrons-nous un jour ? Mystère… »