A fond les caisses

Le 24 mars, le GP de Châteauroux sera de retour au calendrier des courses

par Nicolas Tavarès


Ne vous posez plus la question : les caisses à savon, c’est bien du sport ! D’ailleurs, la chaîne L’Équipe diffuse depuis longtemps les Grands Prix Red Bull, un must du genre. Le Grand Prix de Châteauroux, lui, n’en est qu’à ses balbutiements et n’a pas encore été adoubé par la boisson énergisante. Initié par les étudiants en Techniques de commercialisation de l’IUT de Montluçon (photo ci-dessous) l’an dernier, il va vivre sa deuxième édition le dimanche 24 mars prochain et pour le coup, il n’aura fallu que deux jours pour que les tickets d’engagement s’arrachent. Ils seront donc 35 équipages à partir à l’assaut des 240 m de la descente des Cordeliers et plus, beaucoup plus, à se masser le long des barrières de protection.

Surpris par le succès public rencontré l’an dernier, les étudiants montluçonnais, Zélie Martin leur cheffe de projet en tête, veulent donc faire mieux en 2024. «Nous avons appris de nos erreurs, commente-t-elle. Nous nous sommes aidés des études de satisfaction qui disaient que le parcours manquait de tremplin.» Les casse-cous seront ravis, la course des Cordeliers va se durcir, la garantie d’une foule encore plus grande. Zélie, toujours : «En 2023, nous attendions un millier de personnes. Ils étaient le double selon la police. Comme pour les concurrents, c’est le bouche-à-oreille qui a fonctionné à plein.»

Complets en 2 jours

Venus organiser leur Grand Prix à Châteauroux parce que l’un d’entre eux en est originaire et qu’il leur a vanté les mérites des Cordeliers, les étudiants auvergnats consacrent à leur projet d’étude une journée chaque semaine. Pour démarcher les partenaires locaux, ils regroupent les rendez-vous et font le tour des popotes là encore sur une journée. Fin janvier, le budget était quasiment bouclé. Les concurrents, eux, n’avaient pas attendu pour se lancer dans la préparation des bolides. À l’image de Muriel et Philippe alias Muchette et la Douille que le grand public a découvert l’an dernier avec leur Mystery Machine.

Déguisés en Sammy et Scoubidou, célèbres personnages de dessin animé des années 70, Philippe et Muriel et leur équipe composée d’Eva et des pousseurs Dominique, Philippe et Stéphane figuraient parmi les plus fringants équipages : «Nous avions réalisé le 4e meilleur temps de la course, se souvient le pilote. Et pourtant, notre caisse, c’est un bus (photo ci-dessous). Mais nous avions surtout passé une super journée. Une journée de partage et de « rigolage » comme dit Dominique.» C’est en fait allé bien plus loin qu’un simple amusement entre potes puisque « The Douille & The Muchette » a ensuite promené ses roues du côté d’Orsennes et de sa Savonnett’Run du 15 août, l’une des courses les plus relevées dans l’Indre avec sa descente longue de 780 m. La team y avait décroché le prix du plus bel équipage, cette fois dans le thème Mad Max.

De Scoubidou à Mad Max

L’Indre est ainsi devenu une terre de caisses à savon : Villegouin, Orsennes, Prissac, Chaillac ou Châteauroux… Le calendrier est dense et certains se prennent à rêver d’un véritable championnat. Manque de chance pour Philippe et Muriel, tout à la préparation de leur engin, ils ont loupé le coche pour les inscriptions. Et pas de passe-droit pour l’un des équipages les plus festifs du Grand Prix de l’an dernier.

Les voilà donc sur liste d’attente pour le 24 mars*. Ça embête un peu Philippe qui s’est fixé un gros objectif cette année : emmener sa bande à Toulouse le 2 juin prochain. C’est en effet dans la ville rose que le Red Bull tour fera étape. L’épreuve castelroussine devait servir aux ultimes réglages et en la matière, la Scuderia Ferrari ou l’écurie Red Bull de Verstappen peuvent aller se rhabiller.

La caisse à savon de Muriel et Philippe, c’est un bijou de précision. Lui explique, un grand sourire barrant son visage : «Il nous a fallu trois mois pour préparer l’engin. C’est juste quatre boulons à dévisser et en dix minutes, on change le thème de la caisse. Pour gagner de la vitesse, il faut qu’elle soit la plus légère possible et que les roues soient très fines, ce que nous n’avions pas l’an dernier. On a changé quelques trucs, on a gonflé nos pneus à 7kg et posé une poignée de Caddy pour une meilleure poussée.» On ne plaisante pas avec les caisses à savon.

Mais Philippe remet dans le contexte : «Il y a un côté compétition, mais il passe très vite au second plan. Les gens viennent voir la plus belle gamelle. À Orsennes, il y a un prix pour ça et une soixantaine d’équipes au départ.» Et la garantie d’une journée festive pour un budget minimaliste. «Notre caisse, c’est des sièges baquets déclassés, la carrosserie est en carton et le châssis vient d’une petite voiture des années 70. Si tu plies le tout au premier obstacle, c’est rien, ça fait partie du jeu.» Muriel tempère toutefois le propos de son pilote : «Il a beau être concentré sur la trajectoire, l’an dernier, ça m’a coûté un futal !»

Châteauroux va retrouver ses bolides sur un spot des Cordeliers moins accueillant pour les machines du fait du nouveau tremplin. La Douille et Muchette, eux, aimeraient dévaler un jour l’avenue Marcel-Lemoine qu’ils voient comme le circuit idéal pour le Grand-Prix. 2025, c’est déjà demain.

* L’inscription de l’équipage castelroussin a finalement été validé par l’organisation le 16 mars. Philippe, Muriel et leurs amis participeront donc au Grand Prix dans une version Mad Max revisitée.
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