La tournée des grands ducs

La Compagnie de la Vieille Prison joue « L’heure éblouissante » à travers la campagne

par Nicolas Tavarès


Il y a des troupes qui portent bien leur nom. La Compagnie de la Vieille Prison, par exemple. Elle tient le sien d’une rue de Châteauroux proche du siège de la FOL (Fédération des œuvres Laïques), quand cette dernière présidait aux destinées de la troupe amateur. C’était au siècle dernier et la compagnie castelroussine tire aujourd’hui la fierté d’être sans doute la plus ancienne des compagnies théâtrales de l’Indre. Un statut qui ne l’empêche pas de déborder d’énergie à l’image de son maître à penser, Guy Madrières. Professeur d’anglais à la retraite, ce Marcillacois d’origine n’a jamais perdu son accent aveyronnais bien qu’il soit devenu berrichon dans les années 70. La Cie de la Vieille Prison venait d’entrer en hibernation tandis qu’au collège de Déols, le club de théâtre s’activait notamment sous la houlette de Guy Madrières.

En 1979, au terme d’une rapide fusion-absorption, il s’embastillait. Il l’est aujourd’hui encore alors que la Vieille Prison est en pleine tournée de « L’heure éblouissante », adaptation de la pièce d’Anna Bonacci qui révéla en son temps une jeune comédienne du nom de Jeanne Moreau. La première de « L’heure éblouissante » s’est jouée le 30 janvier dernier au théâtre Maurice-Sand de La Châtre. Les 17, 18 et 19 avril prochains, Guy Madrières et ses amis boucleront une balade de onze dates à la MLC de Belle-Isle. La Compagnie de la Vieille Prison aura fini d’écumer les salles des fêtes et autres foyers ruraux de l’Indre, d’Indre-et-Loire ou de la Creuse. «On peut jouer dans n’importe quelle salle. On l’a même fait dans un gymnase» signale celui qui cumule les rôles d’adaptateur, de metteur en scène et de comédien. «J’avais trop à m’occuper pour être en plus président ; j’ai laissé ça à un copain (Hugues Fonty, ndlr), sourit Guy Madrières. C’est une activité extrêmement prenante. Au moment du COVID nous n’étions plus que cinq, six comédiens sont arrivés depuis. Des gens d’expérience qui connaissaient bien les contraintes. À onze, ça nous permet de varier le registre.»

Une application pour répéter son texte

Si la compagnie s’est déjà essayée au théâtre de boulevard, sa préférence va plutôt vers le divertissement pointu. Elle a proposé du Anouilh, du Goldoni… Depuis 1979, elle a ainsi joué près de 300 fois, présenté 44 pièces et visité 48 communes. Son fonctionnement est réglé comme du papier à musique. Au printemps, la Vieille Prison s’ébroue : «Nous choisissons la pièce puis je m’attaque à l’adaptation. « L’heure éblouissante » originale durait 3 heures. J’ai fait des coupes et là, on est à 2 heures de représentation. Les comédiens travaillent leur texte pendant les vacances d’été.» Une application sur les smartphones leur permet de répéter seuls en disposant de la réplique… En septembre, ils entrent tous dans le vif du sujet pour les répétitions. Les affiches sont fabriquées puis envoyées aux associations qui engagent la compagnie et à la fin de l’hiver, la troupe prend la route.

Les jours de représentation, un camion véhicule les décors. Guy Madrières : «Même si nous sommes amateurs, nous avons une certaine exigence. Le public paie sa place alors il faut être bons !» Souvent, la Compagnie refuse du monde. C’est notamment le cas pour les ultimes dates à Gaston-Couté où la troupe joue à domicile. «Nous gérons ces trois dernières dates avec nos bénévoles. C’est la seule source de revenus de l’association.» En mars, la tournée passera par l’Allier, l’Indre-et-Loire, Chabris ou Montierchaume. Avec toujours ce souci «de distraire le public…» Terminons sur un clin d’oeil à l’histoire de la télévision et de l’inoubliable « Au théâtre ce soir » : dans la Vieille Prison, les costumes sont de Mado Jélodin et les décors de Jacques Jélodin…
www.cie.vieille.prison.free.fr

Femmes artistes, femmes d’action


Quand le château d’Ars se met en scène(s). En 2019, s’appuyant sur la Journée internationale pour les droits des femmes, l’association Nohant Vie initiait « Femmes artistes, femmes d’action« , rendez-vous sous-titré « un week-end chez George Sand ». L’écueil de la pandémie franchi, la manifestation organisée par Jean-Paul Farges s’est depuis installée dans le paysage culturel grâce à une programmation de qualité et néanmoins éclectique dédiée à l’art au féminin. Avec le château d’Ars pour décor, le festival a trouvé son écrin et l’édition 2024 (8 au 10 mars) va une fois encore emmener le public vers des scènes aussi variées que l’opéra (« La voix de l’âme », hommage à Kathleen Ferrier), le théâtre (« Marie des poules, gouvernante chez George Sand » interprété par Béatrice Agenin, photo), l’art du mime (création par les compagnies Mangano-Massip et Les Éléphants roses), la musique de chambre (création d’un concert hommage avec Lucile Richardot, Anne de Fornel et Sarah Nemtanu), la photographie (« Femmes du monde » de Pascal Maître) et la littérature avec la présence d’Elizabeth Gouslan, Nancy Houston, Françoise Chandernagor, Emmanuelle Lambert ou Antoine Compagnon de l’Académie française.
www.femmesartistes.fr

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