Agir avec Cap & Handi

Charles Métais a créé l’association pour mettre les athlètes handisport dans la lumière

Charly Métais, président de Cap & Handi

Si l’altruisme avait un nom, on l’appellerait Charles Métais. Ou plutôt Charly puisque c’est ainsi qu’on le surnomme. C’est le genre de retraité qui ne débranche jamais. Ne lui demandez pas son âge, il vous dira que «l’âge, c’est dans la tête !» La sienne va très bien alors le reste suit et si Charly ne cherche pas à se mettre en avant, il ne peut éluder son long engagement dans le mouvement associatif. D’abord auprès de la communauté Emmaüs. Président de celle du Blanc dans les années 80 ; à l’initiative de la création du Domaine de la Tristerie où est installée la communauté de Châteauroux-Déols ; président d’Emmaüs Indre… C’est l’Abbé Pierre en personne qui vint lui remettre les insignes de l’ordre national du Mérite. Au Blanc, toujours, Charly Métais est vice-président et secrétaire de la compagnie circassienne Akoreacro, troupe qui tourne dans toute l’Europe.

Charly joue les chauffeurs

Le tireur blancois Jérôme Perrochon

Depuis quelques saisons, enfin, il accompagne sa fille Alice, para-athlète malvoyante, spécialiste du sprint. Elle est entraînée par Viviane Dorsile à Châteauroux, poursuit ses études à Tours et prépare les Jeux Paralympiques (Carré Barré – avril 2023 ici). Charly, lui, joue les chauffeurs de la demoiselle. Pour le sujet qui nous intéresse, Charly ne fera jamais état du parcours de sa fille. «Pour moi, Alice est adulte et est maintenant partie vivre sa vie. Ce qui comptait, c’est qu’elle devienne adulte comme ses frères et soeurs. Mais ce que j’ai vécu avec elle me sert de retour d’expérience car il y a bien d’autres athlètes en situation de handicap dans l’ombre à qui il faut faire comprendre qu’ils peuvent prendre leur indépendance grâce au sport.»

Voilà comment est né l’association Cap & Handi. Pendant longtemps, l’Indre a fait l’économie d’un comité départemental qui structurerait la pratique handisport. Il est finalement arrivé en 2022. Mais la perspective des Jeux de Paris 2024 avait poussé Charly à devancer l’appel en créant Cap & Handi dès 2020 : «L’association est composée de bénévoles souhaitant faciliter l’intégration des personnes en situation de handicap dans le monde du sport.» Selon le retraité blancois, Cap & Handi n’a pas vocation à se substituer au comité, «bien au contraire, nous sommes en tandem, clame-t-il. Le comité rassemble les clubs, l’association s’occupe des athlètes. Nos objectifs, c’est sensibiliser, aider, soutenir.»

Charly précise la philosophie de Cap & Handi : «Sensibiliser pour inciter l’athlète qui s’ignore à pratiquer. Aider, ce peut être financièrement ; donc l’association cherche des aides ou des subventions. Soutenir parce que nous intervenons comme si nous étions une équipe. Le plus important c’est de sortir les athlètes de l’anonymat. L’Abbé Pierre avait cette expression : « Si tu veux emmerder quelqu’un, rends-le célèbre ».» Alors Charly entend rendre « célèbre » un maximum de monde en mettant la lumière sur ceux qui n’ont pas l’habitude de l’attirer. Il cite ainsi en exemple Jérôme Perrochon (photo), para tireur blancois habitué des joutes internationales : «Personne ne l’a jamais vraiment pris en main alors qu’il est toujours en équipe de France. Mais il y en a d’autres, certains dans le besoin, pour qui le coût d’une licence peut déjà être un frein.»

Ninon Tailly suivie

Ninon Tailly lors d’une compétition en Bulgarie

Cap & Handi organise donc des lotos, des thés dansants, des conférences dont elle tire quelques ressources qui apportent de l’eau à son moulin. «Je n’ai aucune idée du nombre d’athlètes concernés dans le département, mais on a besoin d’encore plus de bénévoles. Il va y avoir les Jeux, c’est le moment de faire parler de nous parce que notre principale difficulté est là : se faire connaître du grand public.» Ça semble plutôt bien parti. À 18 ans, Ninon Tailly (photo), judoka inscrite sur les listes du haut niveau, formée par Yannick Aufray à l’AJ Châteauroux et constamment soutenue par le président Philippe Fendrikoff, est malentendante. Ce qui ne l’a jamais empêchée de tirer avec les valides.

En 2023, elle a été intégrée à l’équipe de France de para-judo et s’entraîne au pôle France d’Orléans. Le 27 mai prochain, elle sera l’une des porteuses de la flamme olympique dans l’Indre. Mis au fait de l’existence de Cap & Handi, Ninon et Franck, son père, ont récemment pris contact avec Charly. «Il m’a demandé ce dont elle avait besoin, mais Ninon n’a pas besoin d’énormément de choses, raconte le papa. Ses stages en équipe de France sont pris en charge, les frais de déplacement également. Avec ma femme, nous allons la voir sur ses compétitions, cela engage évidemment certains frais, mais c’est notre choix.»

En avril, Ninon Tailly devrait prendre la direction du Kazakhstan pour disputer les championnats du monde. Elle est également sur les tablettes pour participer aux Jeux Deaflympics 2025 (pour d’obscures raisons, les malentendants ne sont pas autorisés à participer aux Jeux Paralympiques, ndlr). «Nous adhérons totalement au discours de Cap & Handi, poursuit Franck Tailly. Ce n’est pas parce qu’on est en situation de handicap qu’on ne peut pas faire du sport.» Au terme d’un échange enrichissant, Franck Tailly a décidé de rejoindre l’association. Charly Métais a lui aussi été convaincu : «Nous allons accompagner Ninon !» Et de conclure : «Face au handicap, nous sommes handicapés, nous les valides. Mais avec Cap & Handi, on ne subit pas, on agit !»

Cap & Handi
25, rue Bordessoles au Blanc
capethandi@gmail.com

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