Anaëlle change de registre

La Veuilloise veut bousculer son quotidien de chanteuse de variété

par Nicolas Tavarès

Anaëlle Desbrais a longtemps chanté dans les maisons de retraite ou les foires. Elle aspire à sortir de cette condition.

Les chanteurs de variété sont-ils voués à briller dans les radio-crochet télévisés, les maisons de retraite ou les soirées karaoké? Anaëlle Desbrais les court depuis longtemps et d’un ton assuré elle répète à l’envi «que l’on chante aussi dans les foires à la saucisse !» Pari avait été pris avec la Veuilloise de ne pas évoquer ces scènes pas toujours glorieuses. Pari perdu. Mais elle en parle si souvent que l’on devine un message subliminal de sa part, elle qui est également enseignante à plein temps dans un lycée de Vierzon et aspire à autre chose. «À une époque, j’avais besoin de ces dates pour vivre…» admet-elle.

Le 29 avril dernier, elle chantait à l’Asphodèle en première partie de Pascal Danel, l’interprète des « Neiges du Kilimandjaro » et de « La plage aux romantiques ». Pour Anaëlle cela voulait dire qu’elle touchait ce vers quoi elle tend depuis un moment : une salle, un pianiste (Alain Davignon), des éclairages intimistes. Bref du beau, du pro. Cette soirée partagée avec le vieux chanteur restera d’ailleurs gravée car en découlera son huitième album sans doute tiré à 300 exemplaires pour le moment et complété d’un DVD. «Aujourd’hui, j’ai envie de qualité. Je veux faire de la salle et avoir des musiciens derrière moi» répète-t-elle sans jamais renier son parcours de chanteuse de variétés.

D’abord les repas de famille

Tout commence il y a 18 ans. Anaëlle emballe d’abord les repas de famille avec sa voix qui ne laisse pas insensible. Plus tard, on l’invite à chanter a capella lors d’une fête de la musique qui lui vaut une photo dans le journal local. «Dans la foulée, un orchestre m’a appelé. Ça a bien marché entre nous, j’ai pris goût à ça.» La suite, ce sera un autre orchestre. Puis les concours. Dans l’un d’entre eux, elle gagne le droit d’enregistrer un single avec RCA Production qui lui propose par la suite de lui enregistrer son premier album à Strasbourg. Anaëlle Desbrais tentera aussi les sélections de la Star Academy où elle «termine dans les 400 sur 25 000 candidats.»

Le vrai déclic intervient toutefois avec « N’oubliez pas les paroles ». «J’ai gagné 5 000 €. Après, ça a été le jour et la nuit. Grâce à l’émission de Nagui, je suis passée d’une vingtaine de dates à plus de 80 par an. Je ne veux plus faire de concours, mais je tenterai ma chance à The Voice parce que ça peut me permettre d’avoir de belles salles.» À l’Asphodèle, les reprises d’Anaëlle ont fait mouche : «Pour le moment, je ne ferai pas un album sans reprises car les gens se raccrochent à ce qu’ils connaissent. Mais je vais chercher des auteurs pour renforcer mon tour de chant et avoir des choses personnelles à partager avec le public.»

Depuis le début de l’année, celle qui est aussi décoratrice en céramique, s’est déjà produite une cinquantaine de fois. «Je n’ai plus besoin de chercher des dates, on m’appelle. Mais le projet que j’attendais depuis deux ou trois ans est là.» Pas question de le laisser filer. Un dicton berrichon dit de manière plus imagée que l’heure des comptes arrive toujours à la fin de la foire…

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