Aufray-AJC même combat

Yannick Aufray enseigne le judo à Châteauroux depuis 30 ans

par Nicolas Tavarès

Si toutes les planètes s’alignent, le 14 mai, l’Association Judo Châteauroux retrouvera son tournoi par équipes. Et à l’ombre du Parc Hidien, Yannick Aufray mènera ses élèves dans l’épreuve.

Yannick Aufray est un pragmatique. Depuis deux ans, comme beaucoup, il a appris à ne plus tracer de plan sur la comète. Le 33e Tournoi de l’AJC, prévu le 14 mai, il n’y croira vraiment que lorsque le premier combat aura débuté sur le tatami du Parc Hidien à Châteauroux. D’ici-là, l’enseignant, membre du club très fermé des ceintures noires 5e dan, fera ce qu’il sait faire le mieux depuis 1992 : accompagner ses élèves pour les porter au plus près de l’excellence. Le judo et Yannick Aufray, 52 ans, c’est une longue histoire : «Il m’a souvent sorti de situations compliquées. Mais je n’en fais pas une religion, pas plus que le sport d’ailleurs. Dans le judo, c’est d’abord l’aventure humaine qui m’intéresse. Et bien faire mon travail aussi.»

En la matière, la réputation du prof n’est plus à faire. Dans l’Indre, sa compétence est reconnue. «Les valeurs que m’ont inculquées mes parents ne sont peut-être pas étrangères à ça» consent-il d’abord. Avant de changer de sujet. Car Yannick Aufray, 30 ans de professorat cette année, n’aime pas parler de lui. Il faut donc se tourner vers son président à l’AJC, Philippe Fendrikoff, pour que les traits du portrait se précisent : «On a tous des défauts, mais je n’en vois pas chez Yannick. Je l’ai connu gamin en 1982, je l’avais coaché chez les minimes. À l’époque, je ne voyais pas forcément en lui le profil d’un futur prof, mais au niveau technique, on sentait qu’il y avait quelque chose. Son seul but, c’est d’amener ses élèves en compétition ou vers le passage de grades. Et il ne laissera jamais un gamin seul. Il est toujours proche de ses judokas. L’AJC sans lui, je n’ai jamais envisagé ça !»

« Je suis casanier »

Il faut croire que c’est la même chose pour l’intéressé. Compétiteur (60 puis 66kg), il aurait pu tâter du haut niveau : «J’ai eu l’opportunité d’aller en sport-études à Orléans. Mais j’étais bien dans mon club. Casanier ? Oui il y a un peu de ça. Est-ce que j’aurais aimé m’entraîner tous les jours ? Pas certain.» Yannick a préféré tracer sa voie autrement ; appliquant les préceptes des anciens, ceux, notamment, de Michel Alaguide qui l’a formé avant de lui passer le flambeau : «On m’a toujours dit que le judo commençait véritablement à la ceinture noire. Ce qui me motive, ou me remotive, ce sont mes élèves.»Ce qui lui fait mettre son propre parcours entre parenthèses : «Je suis 5e dan depuis que j’ai 34 ans. Je n’ai pas l’ambition de passer le 6e parce que c’est du temps qu’il faut se donner à soi. Il faut également investir un ou deux partenaires dans l’histoire. Je n’ai pas la motivation pour ça.»

Mai est maintenant arrivé. Les compétitions officielles s’achèvent. Ses élèves ont connu des fortunes diverses. L’heure est maintenant au Tournoi de l’AJC. «Le faire, pour un judoka du club, ce n’est ni un honneur, ni une récompense. Mais ça représente quelque chose et je me dois de présenter une équipe qui se tienne.» Jusqu’à la victoire ? Même pas. En 33 éditions, l’AJC ne s’y est imposée qu’à une seule reprise. C’était en 2001. Avant le COVID, Polonais ou Parisiens squattaient le podium. Dans le monde d’après, pas sûr que ça change. Sauf peut-être cette année. Mais ça, c’est une autre histoire.

Un tournoi de l’AJC sans accent

Philippe Fendrikoff, le président de l’Association Judo Châteauroux, ne va pas faire la fine bouche. Que la 33e édition du tournoi ait lieu le samedi 14 mai suffit déjà à son bonheur. Il sait que son épreuve va perdre son label international, l’équipe d’Olsztyn (Pologne), constituée de policiers, est sur le pont du fait de l’accueil de nombreux réfugiés ukrainiens. Les clubs du continent africain passeront également leur tour cette année. «L’objectif, c’est d’avoir au moins 10 équipes engagées. Nous n’avions jamais eu à annuler d’édition, il a fallu le COVID. Mais puisque toutes les compétitions fédérales sont reparties, il n’y a pas de raison. On va laisser le bouche à oreille faire son office entre les clubs et nous allons rester simples !» Dans ses grandes heures, le Tournoi de l’AJC s’achevait toujours sur un banquet. «On va d’abord penser au sportif. Le convivial, cette année, ce sera un petit barbecue à la bonne franquette.»

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