Blayon la passion sans excès

Le pilote de l’Écurie Berrichonne sera au départ d’un rallye de l’Indre qu’il a tracé.

La réforme des retraites fait doucement rigoler Jean Blayon. Certes, dans le « civil », l’Ardentais au regard rieur, a laissé derrière lui sa carrière à la Mutualité de la Fonction Publique. Son temps libre, il le consacre au rallye auto. Mais sportivement parlant, justement, il n’a toujours pas prévu de raccrocher le volant. À 65 ans, Jean a toujours la flamme. «En sport automobile, on peut rouler longtemps. On perd juste un peu de vitesse avec l’âge.» Catherine Giraud, sa compagne et copilote depuis vingt ans, attendra encore un peu avant de poser définitivement casque et notes.

Jean se donne encore deux saisons : «Je pense effectivement que la fin sera en 2025 d’autant qu’un changement de réglementation concernant le casque se prépare. Ce serait encore deux fois 1000€ en plus des dépenses habituelles dans un budget serré. Je ne sais pas si je suis prêt à mettre ça. Et puis franchement, je ne suis pas sûr que les rallyes vont durer encore très longtemps. Ce n’est pas politiquement correct, même si c’est ridicule au niveau impact écologique, même par rapport à d’autres sports, mais c’est surtout une question d’image.»

30 finales de Coupe de France

Il n’a jamais prétendu devenir l’égal d’un Loëb ou d’un Ogier, «je n’étais pas spécialement doué. J’ai commencé le rallye à 27 ans, c’est tard 27 ans, et je n’ai jamais eu le budget pour avoir une très bonne voiture.» L’année prochaine, Jean, 65 ans, fêtera 40 ans de compétition, à se promener au gré des épreuves régionales où il fait le plus souvent ronronner le petit moteur d’une Peugeot 106 F212, «une voiture assez développée».

Pour les grandes occasions (comme le rallye Coeur de France fin septembre), il avale l’asphalte au volant d’une Citroën Saxo VTS N25. «Elle est proche de la série et elle n’est pas chère à l’entretien.» Jean Blayon porte un regard détaché sur son parcours de rallyman. Il n’a pas souvent gagné, mais détient pourtant un titre de gloire qui le rend célèbre chez les speakers de France et de Navarre : à Ambert, à la mi octobre, Blayon disputera sa 30e finale de Coupe de France. Un record, un vrai, qui lui a permis d’y signer ses faits d’armes : «Trois victoires de classe en A5 (groupe de 1 200 à 1 400cm3, ndlr). C’était à Mazamet (2002), Nantes (2006) et Châteauroux (2008). Gagner à domicile, c’était quelque chose.»

Un seul temps scratch en carrière

Une seule fois le pilote a pu revendiquer un temps scratch. C’était dans une spéciale du rallye régional de Saint-Sornin le Lac (5e au final), «mon plus beau souvenir. C’était mouillé, j’ai surpris tout le monde», et sans doute lui en premier lieu. Ses statistiques (ici) font également état d’une 2e place au scratch dans un rallye de l’Indre, «mais il y avait 24 partants et 12 arrivants» relativise-t-il. Le rallye de l’Indre, Jean et Catherine en prendront le départ le vendredi 3 novembre (lire ci-dessous) avec un avantage certain sur la concurrence : Jean en a tracé les spéciales avec Joël Guérin, le président de l’ASA du Berry.

«Ça nous a pris quatre mois. Jusqu’à la veille du départ, je suis à fond dans l’organisation. Ce ne sont d’ailleurs pas les meilleures conditions pour aborder la course. Le jour J, on laisse les clés du rallye aux officiels.»

Jean pourra alors lâcher les chevaux. «Je suis un pilote relativement fiable. J’ai disputé 550 rallyes pour seulement 10% d’abandon. Sans doute parce que je ne suis pas jusqu’au- boutiste» reconnait-il avec ce petit sourire qui ne le quitte jamais. Jean Blayon n’est donc pas un casse-cou. Il reste d’ailleurs marqué par cette sortie de route en 2018 à Châlons-en-Champagne d’où il sortit avec une côte fêlée : «Catherine avait été beaucoup plus secouée. Elle est remontée en selle, mais elle a hésité un moment avant de repartir.» C’est que madame n’est pas encore à la retraite, elle. Gérante de quatre centres de contrôle Autosécurité, le rallye n’est qu’un plaisir partagé avec Jean. Le 3 novembre, le couple et sa Peugeot 106 seront sous les ordres du chronométreur pour tenter de signer un bon temps. Ce genre de perf qui fait pétiller les regards malicieux.

Dans les traces de la finale


Nostalgie quand tu nous tiens. Le Rallye de l’Indre 2023 (3 & 4 novembre) aura des airs de finale de la Coupe de France 2021. «La première spéciale du samedi, de Pommiers à Cuzion, reprendra 80% de la spéciale de la finale, dévoile Jean Blayon. En fait, nous avons pris au mot les élus qui avaient dit « Revenez quand vous voulez » au moment de la finale.» De fait, le tracé du rallye indrien va en surprendre plus d’un, les pilotes habitués de l’épreuve berrichonne ferraillant sur des routes «typées Monte-Carlo» ose Jean Blayon, prenant en exemple la première spéciale du vendredi soir à Gargilesse. L’autre spéciale de nuit, toujours très prisée du public, reliera Ceaulmont à Celon (8,4km) avec un final sur l’ancienne A20. À ne pas manquer, non plus, la 2e spéciale du samedi (Éguzon-La Jarrige) où les voitures emprunteront le tracé de la course de côte bien connue…mais dans le sens de la descente !

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