Femmes au sifflet, JO rêvés

Arbitres indriennes, elles veulent participer aux Jeux de Paris 2024

par Nicolas Tavarès

Camille Meunier, arbitre « protégée » par la Fédération française de cyclisme.

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ne motivent pas seulement les athlètes. Camille, Sandrine ou Anne, juges dans leurs disciplines respectives, rêvent d’officier sur les épreuves.

Dans l’Indre, les Jeux Olympiques de Paris 2024 seront affaire de femmes. La Castelroussine Manon Genest postule au podium paralympique du concours de saut en longueur. Victoire Piteau, la boxeuse saint-mauroise, voudrait axer ses objectifs autour de la sélection. Voilà pour les athlètes. Côté arbitrage, elles sont trois – quatre si l’on compte Lucie Di Lauro (encadré ci-desous) qui n’a pas encore le grade nécessaire – à prétendre à la grande fête dans deux ans : l’Issoldunoise Camille Meunier (AC Bas-Berry cyclisme), la Tourangelle Sandrine Crosnier (ASPTT Châteauroux Sports Nature triathlon) et la Castelroussine Anne Avignon (Club de tir de la Martinerie). À 23 ans, Camille Meunier, professeure des écoles à Bourges, est la plus jeune du lot. Quatrième et première femme à l’examen national élite piste en 2020 (elle passera le même examen, catégorie route, en 2024), elle fait partie d’une promotion protégée par la Fédération française de cyclisme justement dans l’optique des Jeux. Pour l’heure, elle semble lancée vers les Paralympiques (28 août au 8 septembre 2024), mais elle pourrait bien forcer les portes de la quinzaine de juillet tellement sa motivation est grande.

Rien ne la prédisposait à évoluer dans l’arbitrage cycliste. «Je n’ai jamais fait de vélo. Pour tout dire, on m’a forcé à aller sur les courses pour voir mon petit frère, coureur de l’AC Bas-Berry. Le déclic est venu quand Roger Hervouet, le président du club, m’a demandé de dépanner au pied levé lors d’un cyclo-cross d’école de cyclisme. Finalement ça m’a plu, j’avais 17 ans et dans la foulée j’ai commencé à suivre la formation de jeune arbitre.»

Sandrine Crosnier aux Jeux de Tokyo l’an dernier.

Présidente du jury lors des « France » de Paracyclisme à Bourges en février dernier, Camille sait «qu’être jeune et femme joue pour moi.» Elle continue d’apprendre le « métier » passant d’un poste officiel à l’autre : starter, juge à l’arrivée ou « titulaire ». «À l’international, c’est l’UCI qui prend la main et là, on peut être adjoint», poste tenu dans les championnats du monde sur piste en octobre à Roubaix et qu’elle occupera encore à l’automne à Saint-Quentin-en-Yvelines. 

Participer aux Jeux, Sandrine Crosnier a déjà connu cet honneur. C’était l’été dernier à Tokyo. Officielle niveau 2 de la Fédération française de triathlon, elle est régulièrement désignée par World Triathlon pour arbitrer à l’international. Depuis cette année, elle est licenciée à l’ASPTT Châteauroux Sports Nature où elle a retrouvé Gérald Fortuit qu’elle côtoyait déjà en qualité d’élue fédérale, vice-présidente de la commission nationale d’arbitrage.

Officielle aux Jeux de Tokyo

Anne Avignon, arbitre de tir.

Arbitrer les épreuves de triathlon est devenu un sacerdoce pour cette mère de 4 enfants, expert-comptable au quotidien : «J’ai commencé à officier sur une compétition internationale lors de la première Coupe d’Europe à Châteauroux en 2015. Ils avaient demandé des arbitres régionaux.» Sandrine a ensuite gravi les échelons, cochant rapidement toutes les cases imposées par World Triathlon. À Tokyo, elle était en charge de la vérification des vélos des athlètes et supervisait le poste de transition du relais mixte. Membre de « Mission Paris 2024 », elle avoue «n’avoir jamais pensé aller aux Jeux de Tokyo.» Aujourd’hui, à 43 ans, elle envisage logiquement de doubler la mise à Paris. Le système des quotas féminins parlent en sa faveur : «Nous sommes neuf pour dix places ! Ça devrait le faire.»

Mais les places sont toujours chères. Au tir comme ailleurs. Paris, Anne Avignon en rêve pourtant. «C’est le Saint Graal des sportifs !» En janvier, la rumeur a couru que les épreuves olympiques pourraient se dérouler au Centre National de Tir Sportif (CNTS) de Déols. La présidente du club de tir de la Martinerie apprécierait. Responsable commerciale de secteur du groupe HPVA Hôtels, elle voit en tout cas la route se dégager depuis qu’elle est devenue arbitre nationale en octobre dernier. Dans une discipline où les épreuves se disputent dans une ambiance relativement feutrée, le rôle de l’arbitre est avant tout basé sur la pédagogie.

Un point fort chez Anne qui a deux saisons pour multiplier les sorties internationales et s’imposer. Venue à l’arbitrage il y a une dizaines d’années, la vice-présidente de la Ligue du Centre-Val de Loire officiera lors de la Coupe du monde de Paratir au CNTS en juin. Une marche à franchir. «À moi de me donner toutes les chances pour être appelée. Il va falloir libérer du temps à l’international, mais s’il y a une opportunité pour les Jeux, je la saisirai.»

Dans un peu plus de deux ans, la cérémonie d’ouverture battra son plein sur la Seine. Deux ans. Pour Camille, Sandrine et Anne, c’est déjà demain.

Et Lucie Di Lauro…

Membre du Triathlon Club Châteauroux Métropole (TCCM36), Lucie Di Lauro pourrait également apparaître sur les Jeux de Paris. Mais à la différence de Sandrine Crosnier, la jeune femme doit encore monter en grade et accéder au niveau 2 ouvrant à l’international. Cela passe par l’arbitrage sur un certain nombre d’épreuves européennes et mondiales tout en continuant à officier dans l’Hexagone. Le timing est serré, mais la Castelroussine d’adoption est toujours dans les temps.

Rechercher
X