Happy birthday l’ASPTT

À 80 ans, le club omnisports castelroussin est toujours aussi alerte

L’ASPTT Châteauroux se porte bien. Elle a même prévu d’envahir la ville pour souffler ses 80 bougies. Patrick Oblique, mémoire vivante du club, revient sur une histoire du sport local.

À 80 ans, l’âge de l’ASPTT Châteauroux, on est possessif. Un jour peut-être, l’octogénaire consentira à rendre son époux à Babeth Oblique. Ne lui dites pas trop fort, elle n’y croira pas. C’est que l’engagement de Patrick dans le club omnisports ne l’a pas toujours fait sourire tant celui-ci est imprégné de l’esprit maison. «Je suis en retraite depuis sept ans et il ne se passe quasiment pas un jour sans que je vienne au siège. Je n’arrive pas à lâcher, c’est inscrit dans mes gênes.» Il ne croit pas si bien dire le président d’honneur du club.

Né à Casablanca dans un Maroc alors sous Protectorat Franco-espagnol, Patrick Oblique est petit-fils de postier, ça ne s’invente pas, «et mon père était licencié à la section natation de l’ASPTT Casa. Dans les sections football et boxe, il y avait un certain Marcel Cerdan…» Revenu en métropole en 1960, il ne faudra pas longtemps à Patrick pour retrouver une ASPTT, castelroussine celle-là. D’abord « simple » basketteur (1964), il fut ensuite le permanent du club (1973 à 2014), succédant au poste de secrétaire général à Alain Pascaud, lui-même ayant pris la suite de Valère Fourneau, l’un des membres fondateurs du club en mars 1941 et surtout son mentor : «Je ne l’aurais pas rencontré, je n’aurais pas eu cette belle vie.» Cinquante-sept ans de licence, ça vous forge un homme et confère un statut de vénérable vers lequel tout le monde se tourne dans les bons et les mauvais moments.

En cette année de 80e anniversaire du club castelroussin, les questions tournent en boucle sur les souvenirs qu’il conserve de cette vie en rouge et noir, les couleurs de l’ASPTT : «Au chapitre des bons moments, désolé, mais je vais citer ceux qui m’ont directement concerné comme cette sélection en tant que meneur de la sélection nationale des ASPTT basket pour une tournée au Maroc en 1977. Et puis il y a cette fierté d’avoir été membre de l’équipe de Châteauroux aux Jeux sans Frontières en 1980. C’était à Portoroz dans l’ex Yougoslavie, on avait terminé 2e. Ça peut faire sourire, mais à l’époque, les Jeux sans Frontières, c’était diffusé en Eurovision !»

Le grand désengagement

L’histoire du club a évidemment été jalonnée de revers de la médaille. «Je crois que ce qui m’a le plus marqué, c’est le désengagement de France Telecom au  début des années 2000 (historiquement l’ASPTT était en fait le club sportif des personnels des Postes Télégraphes et Téléphones devenus La Poste et France Télécom, ndlr). À ce moment-là, toutes les ASPTT de France ont dû céder leur patrimoine. Ça a provoqué la cession de nos locaux à la ville pour 1€ symbolique. Ça m’a fait mal parce que c’était ma maison. Nous avons quand même eu la chance que la ville de Châteauroux accepte que l’on ait le droit d’usage. Aujourd’hui, l’ASPTT a trouvé une vraie légitimité. Et nos rapports sont excellents avec la mairie de Châteauroux ou avec Département de l’Indre.»

Au gré des années, l’ASPTT Châteauroux a perdu des licenciés ; en a gagné aussi. «Dans les années 80 nous avons été jusqu’à 1 300. Les fusions des clubs de natation ou du basket nous ont fait perdre pas loin de 500 licenciés. Heureusement, à la fin des années 2000, l’arrivée du handball puis de la gymnastique et enfin des sports nature ont ramené du monde.» Patrick Oblique pointe alors le beau travail de plusieurs présidents de l’omnisports, ses contemporains Michel Valeur, Alain Pascaud puis Damien Noël, «le premier président non issu des rangs de La Poste. Dans les anciens statuts, seuls 30 % de personnes extérieures étaient tolérées. Mais c’était vrai pour les grandes villes qui avaient un centre de tri postal. À Châteauroux, c’était plutôt 80 % de licenciés qui venaient de l’extérieur (rire). On s’arrangeait…»

Depuis novembre 2019, c’est Bertrand Perrin qui est aux affaires : «J’ai conscience du travail des anciens. Il faut respecter tout ce qui a été fait durant ces années. Et ce serait évidemment très différent si Patrick n’était pas encore là avec nous.» Patrick Oblique l’interrompt : «Mais il faut changer d’époque. Un nouveau projet sportif a vu le jour auquel je n’ai pas participé, mais il me convient bien et j’espère que l’ASPTT continuera à former les jeunes.» La jeunesse, il y pense lorsqu’il regarde Ludovic Roux (photo ci-dessus, à gauche aux côtés de Bertrand Perrin et Patrick Oblique), le salarié de la section handball. «Il me rappelle moi quand j’avais son âge. Il fait partie de la nouvelle dynamique de l’ASPTT et pas seulement de la section handball.» Passage de témoin. C’est promis, aux beaux jours, Patrick va filer sur la côte atlantique profiter de sa retraite avec Babeth. Mais ce sera après le 3 juillet parce qu’il y a des bougies sur le gâteau et Patrick Oblique a encore du souffle.

Perrin mène la danse

Élu président de l’ASPTT en novembre 2019, Bertrand Perrin est surnommé « Président COVID » par certains membres du club. Il en sourit. Le 3 juillet, il va mener toute sa troupe dans Châteauroux pour démontrer que l’ASPTT vit bien. «Pendant la crise, on ne s’est jamais arrêtés. Nous voulons montrer au grand public que nous sommes bien là.» Sur la place de la République, démonstrations, tournois, présentations des équipes, de la relève qui pousse dans les écoles de sport et trail urbain vont dynamiser la cité à grands renforts de jeux de lumière, de décibels et de bonne humeur. «Ce rendez-vous était prévu pour 2022, mais il a fallu partir sur de nouveaux projets, explique le président. À la base, on avait appelé ce projet « L’ASPTT envahit la ville ». Nous devions installer une section sur chaque place de Châteauroux. Au final ce sera « Les 80 ans de l’ASPTT« . Nous attendons du monde et surtout que tout ce monde reprenne le sport !»

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