Il a fait chanter 10 000 écoliers

Denis Reignoux est musicien intervenant à Châteauroux

par Nicolas Tavarès

Depuis 25 ans, Denis Reignoux promène sa grande silhouette dans les écoles de l’agglomération castelroussine. Le musicien a transmis sa passion à des milliers d’élèves en même temps qu’il revisitait la comédie musicale.

Quand tu mesures 1,92m, il est difficile de passer inaperçu, même au dernier rang de la photo. Denis Reignoux, lui, a résolu le problème : il a pris l’habitude de se mettre au premier rang. Mais en tournant le dos au public. Denis est à la baguette et voilà 25 ans que cela dure pour celui qui occupe un poste d’assistant territorial de catégorie 1 à la ville de Châteauroux. En termes moins administratifs, Denis Reignoux est intervenant musical, rôle qu’il partage avec Manu Pentecouteau. Leur « public » : les élèves des écoles primaires de la préfecture. Pas un seul qui ne garde pas un bon souvenir de sa fête de fin d’année où Denis est toujours prompt à faire reprendre du Brassens, du Higelin ou du Téléphone.

Mais parlez musique avec des artistes locaux beaucoup plus âgés et, immanquablement, le nom de Denis Reignoux ressurgira au détour de la conversation. C’est ainsi, Denis est de tous les bons coups : Bill Banquise (lire par ailleurs), la chanson à texte dans l’ombre d’Eric Laurent – «la grande aventure à l’opposée de Bill Banquise. On va bientôt enregistrer un live avec des chansons pas connues, de chanteurs inconnus !» -, un disque avec Marie Coutant, du reggae avec Big and the Free. L’homme est éclectique et a beaucoup à raconter. Toujours avec le sourire.

Pianiste de formation, il se met au tuba «juste pour l’armée, passée dans la musique à l’Esmat. Le matin à 6h30 je faisais le lever de couleurs. À 8h30, j’étais dans les écoles.» Là, pas de piano mais du chant au rythme échevelé de six écoles et quelque 400 élèves face à lui à chaque année scolaire. Le compte est bon, Denis a dirigé la bagatelle de 10 000 scolaires depuis son entrée dans la carrière. Il n’en a jamais laissé à la traîne. «Certains sont devenus musiciens professionnels, quelques-uns sont même des collègues. On a participé à leur donner le goût de la musique. Ma fierté est là.» Denis s’amuse d’ailleurs de ce souvenir quand des ados croisés dans la ZUP de Saint-Jean «se sont plantés devant moi et se sont mis à chanter l’escargot !» Les connaisseurs apprécieront.

Emilie Jolie et Pinocchio

Mais c’est également à très grande échelle que le talent de Denis apparait. Cette année, nous fêtions les 20 ans de son « Émilie Jolie », comédie musicale validée par son créateur, Philippe Chatel. «En 1997, j’avais déjà proposé « Dr Jekyll et Mr Haydn », une farce avec les écoles. En 2003, il y a eu « Les enfants du nouveau millénaire », une création…» Et l’an dernier, surtout, il a mené la relecture du « Pinocchio » de Goldoni posé sur une partition de Romain Didier : «Ce projet a concerné 1 500 personnes ! Le lycée des Charmilles, le conservatoire, la classe théâtre, la danse, dix écoles sur 14 dans la ville… On a joué quatre représentations sur la scène d’Équinoxe. Ça a été une dépense d’énergie énorme pour les beaux yeux de la princesse. Nous étions tellement nombreux sur le projet. Nous avons travaillé avec Romain Didier comme nous l’avions fait avec Philippe Chatel.»

Dans le département, on en parle encore. Bien évidemment, ça provoque des envies de nouveaux projets. L’attente est insupportable pour tous ceux qui veulent l’accompagner dans une nouvelle aventure. «J’ai un projet dans la tête, mais il faut la gnaque pour le mener.» Il y a 25 ans qu’elle est là cette gnaque. Ce ne sera donc qu’une histoire de patience.

Bill Banquise va se reproduire !

Les années lycée mènent parfois à l’improbable. Pour Denis Reignoux, cela a pris l’apparence d’une bande de joyeux drilles branchés jazz rock qui n’avaient rien trouvé de mieux à faire que de monter sur scène, déguisés, et se produire sous le nom de Bill Banquise et ses Icebergs. 1987, Denis, Étienne Payan et Jean-Christophe Alibert, dignes apôtres du groupe Odeurs et de Raoul Petite, s’entourent de musiciens du cru venus du classique ou de la variété. «Les gens croyaient que nous étions bons. Nous avions surtout moins de pudeur qu’aujourd’hui et on pouvait faire les cons sans qu’on nous reconnaisse.» Le collectif verra passer des dizaines de membres dans ses rangs. C’était déjanté au possible mais suffisamment sérieux pour passer au Printemps de Bourges ou à Darc. Assez solide, aussi, pour tourner en Pologne et assurer les premières parties de Émile et Image ou Rachel des Bois et même laisser deux CD à la postérité. Sans le Covid-19, le groupe aurait dû remonter sur scène en août dernier. Ce n’est que partie remise : «Nous avons prévu trois jours de concerts avec des copains belges, notamment Ben Mansion aussi connu sous le nom de Léopold Nord et Vous (auteur du célèbre « C’est l’amour » dans les années 80, ndlr).» Carré Barré vous tiendra informé. Prévoyez juste la tenue de soirée originale !

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