La forteresse de Cluis prend la mer
Le Manteau d’Arlequin joue Moby Dick du 18 au 28 juillet
Par Nicolas Tavarès
Il y a deux ans, le spectacle Peer Gynt faisait forteresse comble, jouant sa dizaine de représentations devant 1670 spectateurs installés sur les gradins des ruines cluisiennes. La nouvelle création du Manteau d’Arlequin, Moby Dick (18 au 28 juillet), devrait rencontrer le même succès. Béatrice Barnes, la metteuse en scène, a en tout cas choisi d’adapter le roman d’Hermann Melville «parce qu’il me poursuivait depuis de nombreuses années. Il a fallu écrire son adaptation après avoir relu l’intégralité d’une oeuvre complexe qu’il fallait rendre accessible au grand public.»
Afin de coller au plus près du récit original, Béatrice Barnes n’a pas hésité à emprunter les pas de Melville qui s’était lui-même longuement documenté sur la chasse à la baleine, le fil rouge de Moby Dick. «J’ai beaucoup travaillé avec le musée de la baleine à New Bedford (Massachusetts) pour respecter le pan historique de cette oeuvre intemporelle dont l’histoire se situe au XIXe siècle mais qui résonne avec notre époque.» Béatrice Barnes en a fait une pièce de 2 heures dans laquelle elle est parvenue à intégrer femmes et enfants qui ne tenaient pas une place prépondérante dans la version originale de Melville.Autre défi : adapter une aventure maritime dans une forteresse moyenâgeuse en plein cœur du Berry «alors que nous travaillons sans effets spéciaux. Mais il fallait donner l’impression d’être en pleine mer sans y être.»
C’est là qu’intervient Baptiste, diplômé en techniques du spectacle, qui a basé son projet de fin d’études sur la conception des décors de Moby Dick. La mise en application a été confiée à des lycéens toulousains qui ont eu à plancher «sur des mécanismes complexes. Il fallait également que les décors puissent resservir pour d’autres pièces. Et surtout, dans la forteresse de Cluis, il est interdit de creuser, d’utiliser les remparts ou la maison du seigneur.» Dernier challenge à relever pour ce Moby Dick version berrichonne : reproduire les tempêtes qui émaillent le récit. «Comment ? C’est un secret de fabrique, sourit Baptiste. Ce sont les techniciens son et lumières qui vont s’occuper de ça. Mais la magie du hors champ fait parfois des choses exceptionnelles !»
Reproduire les tempêtes
Béatrice Barnes rebondit : «Il faut transporter le public et créer un univers qui l’emportera dans une autre époque tout en valorisant la forteresse.» La mise en scène passera aussi par l’apparition de musiciens venus mettre en valeur les chants marins. «Je tenais absolument à ce qu’ils soient repris par des femmes.» Sophie Mercier sera cette voix, Séverin Valière (lire le zoom) l’accompagnant avec deux artistes écossaises. Depuis plusieurs semaines, les comédiens répètent. Ils seront une quarantaine en scène tandis que les bénévoles du Manteau d’Arlequin œuvreront dans l’ombre. «C’est la même équipe qui était là pour Peer Gynt. Un poste de costumière a toutefois été créé pour ce spectacle puisque l’histoire se déroule au XIXe siècle et que cela représentait un travail immense.»
La metteuse en scène convient que la préparation du spectacle n’est pas forcément un long fleuve tranquille : «Travailler les scènes de groupe est toujours très difficile. Les gens travaillent ou sont à l’école, réunir tout le monde n’est pas simple.» Mais comme tous les deux ans, le Manteau d’Arlequin sera au rendez-vous. Onze représentations l’attendent. Ce n’est qu’après que Béatrice Barnes pensera à ressortir un ouvrage qu’elle pourra adapter dans la forteresse. «J’aime beaucoup Musset» se contentera-t-elle de dire.
Moby Dick dans la forteresse de Cluis
du 18 au 28 juillet à 22h
Renseignements, tél. : 07 85 29 64 52
Le Grand Baltradus dans la place
Du trad’ en terre gallo-romaine
L’association les Spectacles de l’Aribout n’est jamais autant à son aise que lorsque ses membres incitent au grand écart culturel. Ils ont été Ben Hur puis Ulysse, se sont essayé au western(vidéo) et ont convié les Pink Floyd (un tribute). Cet été, puisque c’est au tour de l’accueil d’artistes, ils inviteront à danser. Deux soirs durant (23 & 24 août), le Grand Baltradus va investir le théâtre Gallo-Romain de Saint-Marcel pour entraîner le public jusqu’au bout de la nuit «et en tout cas pour s’accaparer le parquet» espère Séverin Valière, l’un des promoteurs de l’événement.
«L’Aribout a fait le choix d’organiser un événement tous les ans dans le théâtre», poursuit celui qui a bouclé la programmation, assurera la coordination du Baltradus et jouera même avec son groupe Manquab’. «Depuis les années 70, les gens s’intéressent de plus en plus à la musique trad’. Et depuis quelque temps, les groupes introduisent différentes influences.» La tête d’affiche Super Parquet (photo) flirte ainsi largement avec l’électro ; Manquab’ saupoudre ses compositions de sonorités orientales ou sud américaines ; Chaï distille un trad tonique. Tout ce petit monde contribuera à la réussite du Grand Baltradus. L’Aribout joue sur du velours, chaque été les 300 places du théâtre Gallo-Romain affichent complet.
Les détails dans l’agenda.