L’artiste sur un volcan

Émailleuse sur pierre de lave à Liniez, Pascale Paul navigue entre art et artisanat.

par Nicolas Tavarès

Dans une autre vie, Pascale Paul restaurait les vieilles pierres des châteaux et autres monuments historiques qui passaient sous ses taillants, massettes, ciseaux et autres gouges, indispensables outils du tailleur de pierre. Formée à La Châtre puis à l’école Saint-Lambert à Paris (15e), voilà bientôt quinze années que Pascale façonne les cailloux. Mais parce que les aléas de la vie l’ont obligée à se tourner vers une autre facette du métier, elle a laissé les monuments au profit de son propre atelier d’émailleuse sur pierre de lave qu’elle a ouvert en début d’année à Liniez. «Je voulais faire quelque chose qui allie dessin, peinture et pierre. La pierre a toujours été ma passion avec les monuments historiques. Internet m’a fait découvrir l’émail sur lave.»

Sept ans d’expérience plus tard, Pascale a enfin sauté le pas et s’est décidée à ouvrir son l’Atelier Paul. «Ce sont des amis qui m’ont poussée à me lancer. Ils disaient que je réalisai de belles choses.» La voilà désormais dans sa petite maison indrienne où la pierre de lave est partout présente. Empilées sur les étagères à l’intérieur ; en tas, rangées par tailles dans son jardin, sans craindre la pluie ni le froid. «C’est une très belle pierre qui a l’avantage de ne pas être gélive et qui est idéale à travailler puisqu’elle résiste à la cuisson.» Son stock, Pascale Paul le commande auprès de fournisseurs auvergnats qui lui assurent la taille aux dimensions souhaitées. Le reste appartient à son savoir-faire et à ses émaux venus de Limoges.

Une pierre idéale à travailler

Avec le recul, l’artiste reconnaît qu’elle s’épanouit encore bien plus en émailleuse sur pierre de lave qu’en tailleuse de pierre: «Avec les monuments historiques, il n’y avait aucune créativité possible, uniquement de la restauration à l’identique.» Alors que le travail de l’émail est tellement diversifié. Façonnage, surfaçage, lavage et brossage, engobage, cuisson…

Pascale Paul décrit les différentes étapes et insiste sur l’école de patience qu’est le métier. «Pour la réalisation d’une plaque, il faut compter de deux semaines à plus d’un mois suivant la complexité du travail. La cuisson, c’est 10h jusqu’à ce que le four atteigne 980°. Il y a également plusieurs techniques d’émaillage : le cloisonné, la couleur à peindre, la sérigraphie. Ça nécessite beaucoup de minutie et l’on est également amené à travailler avec des métaux précieux comme le platine ou l’or…»

L’artiste artisan – «Je me cherche entre les deux. Je me considère plus comme une artiste même si le fil est très fin entre les deux» – s’est même prise de passion pour la pierre de lave. Elle a choisi d’utiliser la trachyandésite, roche volcanique du puy de la Nugère près de Volvic. La pierre du Mont-Dore a aussi ses faveurs. «La pierre de lave, c’est la sève des volcans. Elle embellit les couleurs et les magnifie. C’est un matériau aussi noble que le bois.»

Platine et or

Elle envisage d’ailleurs de mêler les deux dans un proche avenir. En attendant, sa créativité s’exprime dans la calligraphie abstraite et dans la couleur à peindre. Mais aujourd’hui, Pascale Paul convient que l’urgent c’est de vivre de son métier. Son atelier est ainsi un nouveau cap dans sa carrière. Et parmi les objectifs qu’elle s’est fixés, Pascale Paul veut se faire connaître.

L’émailleuse répond à toutes les commandes dans des domaines aussi variés que l’art funéraire, l’art de la table, les crédences de cuisine ou de salle de bain, la signalétique. Le champ des possibles est vaste. «Faire de l’art de la table personnalisé est très attrayant. Et je peux évidemment me déplacer chez le client si nécessaire.» Vous pourrez découvrir une partie du travail de Pascale Paul lors du marché de Noël du Poinçonnet où elle exposera le 10 décembre. L’occasion d’en savoir plus sur l’art de l’émail sur pierre de lave.

Atelier Paul
Tél. : 07 77 68 85 70 / 09 70 96 60 52
FB & IG : atelierpaul.atp
atelier
paul.atp@gmail.com

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