Le cœur sur le guidon

En selle avec Jean-Louis Lejot, l’organisateur du Motocœur 36

par Nicolas Tavarès

Les 13 et 14 août, le château d’Ars accueille la 22e édition du Motocœur 36. Le rendez-vous solidaire des bikers de l’Hexagone.

«Le bénévole, ce n’est pas l’argent qui le mène, ce sont les vibrations qu’il ressent !» Derrière ses airs de biker à qui on n’irait pas chercher querelle, Jean-Louis Lejot cache en vérité un cœur énorme qui bat pour les autres. Président du comité des fêtes de Lourouer-Saint-Laurent (de 1982 à 1999 puis depuis 2017), six ans à la tête de l’US La Châtre rugby (2005-2011) pour laquelle il assure désormais l’ambiance en qualité de speaker les jours de match, Jean-Louis est surtout l’homme d’une aventure : le Motocœur 36.

«En 1999, motard depuis peu, j’ai eu envie d’organiser une manifestation gratuite où l’on redonnerait aux autres le fruit de la vente de repas, de la buvette et de tee-shirts.» L’artisan avait la trame générale de son projet. Restait à en trouver les bénéficiaires. Le choix se porta rapidement vers les personnes en situation de handicap. «Tout au long de ma carrière de plombier-chauffagiste, j’ai toujours été touché en découvrant des gens confrontés aux problèmes de mobilité.»

Le premier Motocœur accueillera 83 motards dans les rues du village. Vingt-deux éditions plus tard, le rendez-vous solidaire fait résidence au château d’Ars, a porté son record de participation à 1871 machines (2018), a récolté en tout 169500€ de dons – «Ça ferait une belle maison dans le Berry !» – et accueille entre 4 et 5000 personnes qui viennent admirer les machines rutilantes, profiter des concerts blues-rock et s’attabler pour un repas convivial avec ambiance musical. Mieux, cette année, le Motocœur s’étalera sur deux journées !

L’idée a d’ailleurs été reprise avec le même nom en Eure-et-Loir ce qui suscite une légère grimace sur le visage de Jean-Louis qui n’a jamais jugé bon de déposer le nom de sa manifestation. «De toute façon, dans le monde de la moto, on nous connait.» Le Motocœur 36, toujours imité, jamais égalé. «Nous avons commencé la manifestation dans Lourouer avec le soutien du Bar de Charlotte, fermé depuis. En 2018, l’année du record de participation, ça devenait trop dangereux donc nous avons pris la direction du château d’Ars pour entrer dans une autre dimension. On rêvait tous que ça prenne de l’ampleur, mais à aucun moment je n’ai pensé qu’on aurait autant de motos.»

Sélection sur dossiers

C’était sans compter sur la solidarité des bikers qui se sont vite donné le mot pour participer à l’opération tandis que commerçants et artisans du coin adhéraient en masse au projet. Il faut dire que Jean-Louis Lejot et son équipe ont monté un projet sérieux. «Nous sommes très sollicités, mais nous restons très vigilants sur le choix de ceux que nous allons aider. La sélection finale se fait en juin, sur dossiers. Mais c’est toujours délicat de dire que l’on va aider une personne plutôt qu’une autre.» Les organisateurs savent heureusement y faire et Jean-Louis Lejot souligne «que la plupart des gens soutenus par le Motocœur viennent ensuite nous donner un coup de main dans l’organisation de la manifestation.»

Chamboulé par le COVID-19, le Motocœur 36 avait connu une édition en 2020, «une sorte de sursaut plutôt où la cagnotte (9500€) avait été remise aux aides à domicile, aux intermittents du spectacle et à Clara, qui souffre du syndrome d’Emmanuel.» L’édition des 13 et 14 août prochains retrouvera son fil conducteur habituel : des concerts en pagaille (voir agenda), des performances sportives et bien évidemment la parade des motards : «Soixante bornes dans l’Indre à 60/70km/h. On a des signaleurs à tous les carrefours. La balade est importante parce que nous allons à la rencontre des habitants qui nous attendent parfois sur le bord des routes en pique niquant. Ils font eux aussi des dons sans qu’on ne force personne.» C’est simplement le Motocœur 36 qui passe et s’impose comme l’un des événements majeurs de l’été dans l’Indre. Il est certes un peu bruyant, mais tendez l’oreille : derrière ces machines pétaradantes, on entend des coeurs qui battent. Fort. Très fort.

22e Motocœur 36
13 et 14 août
au Château d’Ars (prix libre)

L’école du bénévolat

La crise du bénévolat, certains la subissent, d’autres la contournent. Jean-Louis Lejot et ses amis du comité des fêtes de Lourouer-Saint-Laurent ont d’abord analysé la problématique puis ont jeté les bases de l’Académie des Apprentis Bénévoles du Boischaut (2A2B). «On sait que de manière générale, sur un groupe qui peut se tourner vers l’associatif, un tiers des personnes qui le composent va adhérer immédiatement, un deuxième va se mettre dans le moule petit à petit et un dernier tiers ne fera rien. Le jeu, c’est que le deuxième tiers se rapproche très rapidement du premier.» Un principe basique que le comité des fêtes a développé avec la 2A2B qui officie sur le Motocœur avec sa dizaine de jeunes du village âgés de 16 à 24 ans. «Ils sont intégrés au comité des fêtes. Nous leur apprenons à faire les démarches auprès des partenaires, à gérer les concerts.» Et c’est ainsi que le comité des fêtes renouvelle tranquillement ses forces vives.

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