Le vélo va prendre ses aises

Châteauroux va aménager ses grands boulevards pour les deux roues

par Nicolas Tavarès

La circulation cyclable transitoire arrive sur les grands boulevards circulaires de Châteauroux. Une annonce qui a surpris le collectif Château’Roule.

Mobilité douce ; piste cyclable transitoire ; liaison cyclable circulaire pour trajets utilitaires… Au sujet du vélo, le vocabulaire s’enrichit, mais l’essentiel est ailleurs : quelle place est-on prêt à lui laisser dans la ville ? Le deux roues fut souvent au coeur des programmes de nombreux candidats aux élections municipales dans l’Hexagone. La crise du coronavirus n’a fait qu’accélérer le processus. Le plan « Coup de pouce vélo » (lire par ailleurs) a été lancé. Reste à trouver le projet qui saura ménager les uns (les cyclistes) sans empêcher les autres (les automobilistes).

Éric Domenge-Abeau, l’une des voix du collectif Château’Roule, créé en 2016, n’en fait pas secret, l’annonce, fin avril, de la mise en place d’un axe de circulation cycliste sécurisé sur les grands boulevards de Châteauroux a été «une véritable surprise. Depuis la création de l’association, nous réclamions, entre autres, que les grands boulevards et ce que nous appelons les « pénétrantes » (avenue des Marins, du Pont-Neuf, de La Châtre et Charles-de-Gaulle, ndlr) soient aménagés pour permettre d’aller des quartiers vers le centre. Pour que ceux qui ne voudraient pas prendre les transports en commun ne se ruent pas pour autant sur leur voiture. Nous avions envoyé un courrier en ce sens à Gil Avérous (le maire de Châteauroux). Il y a en partie répondu !»

«C’était déjà en réflexion depuis un moment, admet Roland Vrillon, adjoint délégué aux travaux, à la voirie, au cadre de vie et à la mobilité urbaine. La crise du Covid-19 a simplement fait accélérer le projet des grands boulevards.» Presque quatre kilomètres dans un sens et autant dans l’autre du site Balsanéo à la rue du 3e RAC : Gil Avérous a pris tout le monde de cours. «Mais il faut bien comprendre que c’est à l’essai, prévient Roland Vrillon. Nous allons réaliser les travaux à l’été pour que ce soit opérationnel à la rentrée de septembre.»

Du transitoire provisoire en quelque sorte pour voir si chacun trouve sa place, la voie vélo étant positionnée sur la droite des boulevards et partagée avec les taxis, les bus ou les ambulances. Au centre perdureront les places de stationnement. «Il faut donc reprendre les profils des boulevards, gérer les carrefours, les « tourne-à-gauche ». Ce n’est « que » de la peinture au sol, mais si on se loupe, ça représente des sommes importantes…»

Pas de zone 20 au programme

Au sein de Château’Roule, on sait qu’il faudra également beaucoup de pédagogie pour qu’automobilistes et cyclistes s’accordent dans cette période de test. Mais depuis 2016, le collectif, promoteur de la Vélorution qui attire près de 200 participants à chaque édition (celle de 2020 a évidemment été reportée) et qui a ouvert un atelier participatif rue des Belges, milite pour «que chacun se sente bien dans son mode de transport.» Éric Domenge- Abeau demeure perplexe sur certains points du « Coup de pouce vélo », notamment le chèque réparation – «Si c’est pour qu’un particulier ressorte un vélo du garage, le fasse réparer et le range aussitôt après…». Les membres de l’association militent plutôt pour «une véritable campagne de sensibilisation et de promotion du vélo. Que l’automobiliste comprenne qu’il n’est pas seul propriétaire de la route.»

Alors Château’Roule et sa centaine d’adhérents avancent quelques idées. La circulation en sens inverse vélo-voiture «avec une liste de cinq rues qui pourraient être testées». Le chapitre « Zone 20 » aussi où «il ne serait pas question de fermer le centre-ville, mais de faire disparaître la notion de rues. Carpentras et d’autres encore l’ont bien fait. Pourquoi pas Châteauroux !» ose Éric Domenge-Abeau. Roland Vrillon, tout en rappelant qu’il en va de la compétence de Châteauroux Métropole, écarte pour l’heure cette dernière proposition. Quant à la problématique du stationnement, des pistes se creusent : «Nous allons attendre la fin des travaux du quartier de la gare pour poser des supports vélo. Nous pensons également en poser près des écoles. Ça s’installe rapidement et ça peut être facilement bougé.» Pour que les choses bougent, c’est bien connu, il faut juste quelques bonnes volontés. Question vélo, il semble qu’il y en ait de plus en plus.

Château’Roule
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