L’Histoire à portée de mains

Visite dans les coulisses des Archives départementales de l’Indre

par Nicolas Tavarès

Les Archives départementales sont accessibles à tous. Il suffit d’en pousser les portes. Un pan de l’Histoire indrienne vous y attend.

Les Archives départementales ne sont pas nées de la dernière pluie. Leur acte de naissance remonte précisément à 1794, en pleine Révolution française. Anne Gérardot, conservatrice du Patrimoine et responsable des Archives départementales de l’Indre concède d’ailleurs qu’à l’époque, les « archivistes » ont eu la main sélective pour mettre à l’abri les premiers documents, «les titres de nobles qui avaient émigrés ou d’établissements religieux…»

Mais ensuite, c’est évidemment une somme incommensurable d’informations qui a été récoltée pour aboutir, de nos jours, à une numérisation tous azimuts. «La fonction première des Archives est juridique et permet, notamment, de prouver les droits du citoyen. Elles ont également une valeur historique. On vient aux Archives départementales chercher des sources pour faire l’Histoire» résume celle qui a pris ses fonctions de conservatrice en 2016.

Anne Gérardot nous sert de guide à travers le dédale de couloirs et d’escaliers de l’ancienne école normale de filles de Châteauroux où les Archives de l’Indre sont installées depuis 2003. Cela ne se sait pas forcément, mais le site est ouvert au grand public. «Soixante pour cent de nos visiteurs sont des généalogistes. Il y a également une partie d’historiens professionnels ou amateurs et des gens qui entreprennent des recherches administratives. C’est du reste de plus en plus souvent ce type de visiteurs que nous recevons.» Mais la plupart de ceux qui fréquentent les lieux et s’installent dans la salle de lecture n’ont pas conscience du rôle central des Archives départementales dans le paysage. «Nous résumons nos missions par ce que l’on appelle les 4C, détaille Anne Gérardot. Collecter, classer, conserver, communiquer.» La collecte s’opère au sein des administrations, des collectivités territoriales, des hôpitaux, des établissements publics qui vont fournir 90% des archives. Le reste est constitué de donations privées. Saviez-vous à ce propos que 90% des archives produites seront finalement éliminées dans le temps ? Une sélection s’opère en effet dans un cadre réglementaire législatif.

Contraintes de conservation

Anne Gérardot

Le classement, lui, est un travail d’ordonnancement avant consultation par le public qui reste tenu à l’écart, on s’en doute, des contraintes de conservation (le 3e C). «La problématique est de savoir comment garder tous ces documents dans le temps.» Parchemins, plans cadastraux napoléoniens ou registres de l’état civil peuvent ainsi être rangés dans le silence des rayonnages du magasin où la température oscille entre 18 et 21° avec 45 à 55 % d’humidité relative. «Trop sec, les parchemins courent le risque de se craqueler. Trop humide, on peut être confronté à la moisissure ou aux attaques d’insectes.» Rassurez-vous, la donation au chapitre Saint-Lorient de Vatan datée entre l’an 952 et 1012, l’archive la plus ancienne à Châteauroux, est en parfait état. D’autant que, pour tout document, les conditions de consultation sont strictes : pas de stylo bille, pas de photocopie et les sacs sont proscrits pour éviter les vols. La communication, enfin, demeure essentielle pour valoriser les fonds : «Nous numérisons beaucoup. 1,7 million de vues sont consultables sur notre site. À notre échelle (lire ci-dessous), cela ne représente que 400 mètres ! Et il y a des délais à respecter avant consultation. Pour la vie privée, c’est 50 ans. Les archives judiciaires ou les registres de naissance, 75 ans.» Voilà, les Archives départementales de l’Indre n’ont presque plus de secret pour vous.

Archives départementales de l’Indre
1, rue Jeanne-d’Arc à Châteauroux
www.archives36.fr

On parle en kilomètre

Au cœur des Archives départementales de l’Indre trônent 18 pièces qui ne sont pas accessibles au grand public. Elles constituent le magasin dans lequel sont stockés documents, plans ou registres en tout genre. L’ensemble est tellement vaste que l’unité de mesure privilégiée est le… kilomètre! «Ici, nous disposons de 19 km de rayonnage dont 17 sont actuellement occupés, dévoile Anne Gérardot. Chaque année, nous archivons 200 à 300 m de documents et l’équivalent d’un kilomètre est détruit. La moitié de ces 17 km est constituée d’archives des origines à 1940. L’autre moitié couvre 1940 à nos jours. C’est dire la masse de papier qui a été utilisée en seulement 70 ans!» Pour se faire une idée de l’importance des Archives de l’Indre, sachez que celle de la Creuse tiennent dans une douzaine de kilomètres. La Gironde, en revanche, c’est 45 km !

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